Le monde au bord d’une nouvelle crise des missiles de Cuba

mercredi 26 juin 2019

Chronique stratégique du 26 juin 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Nous avons sans doute évité une escalade vers une troisième guerre mondiale la semaine dernière, lorsque le président Trump a finalement rejeté le plan de frappes contre l’Iran. Toutefois, la menace est loin d’être écartée, car les faucons de l’administration américaine sont toujours à leurs postes ; et surtout, la crise financière – mère des tensions stratégiques internationales – reste tapie derrière le rideau.

Les tweets que le président américain a publiés mardi, dans un langage fait pour plaire à John Bolton, en sont la démonstration éclatante :

La déclaration particulièrement insultante de Téhéran [qui] témoigne de son ignorance, publiée aujourd’hui, démontre simplement qu’ils ne comprennent pas quelle est la réalité, a-t-il affirmé. Toute action de l’Iran visant n’importe quel [intérêt] américain déclenchera une réponse d’une force puissante et écrasante. Dans certains cas, écrasante signifiera annihilation .

Le G20, qui débutera vendredi à Osaka, au Japon, pourrait être l’occasion pour amorcer une détente, si les rencontres en tête-à-tête, en marge du sommet, entre Trump et plusieurs dirigeants – dont Xi Jinping et Vladimir Poutine – ont bien lieu sans l’entremise de ses conseillers de malheur comme Bolton.

Les inquiétudes de la Chine et la Russie

Le Global Times, journal proche du pouvoir chinois, souligne que malgré l’annulation des frappes contre l’Iran, les nouvelles sanctions mises en œuvre lundi indiquent que le danger d’attaque militaire est toujours là. L’article cite notamment le Premier ministre malaisien Mahathir, pour qui l’attitude des États-Unis envers la République islamique crée les conditions où une simple erreur de calcul ou de jugement pourrait rapidement conduire à une « guerre mondiale ».

En Chine, beaucoup s’inquiètent de voir les frontières de la guerre devenir de plus en plus poreuses ; comme le montre la récente attaque cybernétique menée par le Cyber Command américain contre certains systèmes informatiques iraniens, ou encore les récentes révélations du New York Times sur le programme de cyberguerre du Pentagone contre les réseaux électriques russes, ce type de guerre pourrait très bien être lancée contre la Chine, créant une zone grise extrêmement dangereuse.

Les Russes, de leur côté, ne sont pas moins alarmistes. Suite aux déclarations du président Poutine à propos du danger de guerre nucléaire, lors du Forum de Saint-Pétersbourg, le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergeï Ryabkov, a prévenu lundi que l’escalade entre les États-Unis et la Russie est à la limite d’une nouvelle crise des missiles de Cuba, en référence à la crise d’octobre 1962, où les deux pays avaient poussé le monde, durant dix jours, au bord d’un holocauste nucléaire, évité de peu grâce aux efforts diplomatiques de Kennedy et Khrouchtchev.

Pointant du doigt les déploiements de missiles américains en Europe de l’Est, aux frontières de la Russie, Ryabkov a déclaré :

Si on en arrive au déploiement au sol de tels systèmes, cela ne fera que compliquer la situation et entraîner une escalade qui ne doit pas dépasser certaines limites. Nous pourrions nous retrouver dans une situation de crise, pas seulement comparable à celle des années 1980 mais proche de celle des Caraïbes.

Rappelons que les États-Unis sont sortis de deux des trois traités limitant et régulant les armes nucléaires (ABM en 2002 et INF en 2018), et que le dernier (START) arrivera à expiration en 2021. D’ici deux ans, il n’y aura donc plus aucun frein à une course aux armements (lire notre chronique du 14 juin : Poutine sur le danger de guerre nucléaire : « êtes-vous aveugles ? »).

La réhabilitation de LaRouche, une clé pour la paix

Face à cette situation, d’autant plus dans un contexte de pré-krach financier, il est plus urgent que jamais d’appuyer la campagne internationale visant à obtenir du président Trump la réhabilitation de l’économiste et homme politique américain Lyndon LaRouche.

Des militants de S&P mobilisés contre la guerre en Iran, le 25 juin dans les rues de Paris.

Sans cela, les États-Unis ont très peu de chance d’apparaître crédibles aux yeux du monde. En effet, quelle crédibilité le président américain peut-il avoir lorsqu’il se dit prêt à renouer le dialogue avec les dirigeants iraniens, alors que son gendre Jared Kushner propose au même moment un soi-disant « Plan Marshall » pour le Proche et Moyen-Orient, qui non seulement ne mentionne nulle part l’État palestinien (pas même l’autorité palestinienne), et qui compte sur la générosité du capital privé de Wall Street pour financer des projets d’infrastructures vieux des accords d’Oslo de 1993 ?

Redonner aux États-Unis une crédibilité perdue au fur et à mesure des cinquante dernières années, à force des coup d’État, des guerres et de pillage économique, ne sera certes pas une mince affaire. Mais ce n’est rien moins que l’avenir de l’humanité qui en dépend.

La réhabilitation de LaRouche enverrait au monde, et avant tout à la Russie et la Chine (où LaRouche est considéré comme l’un des pères des Nouvelles Routes de la soie), un signal clair sur la volonté des États-Unis de se libérer des griffes du complexe militaro-financier, et de revenir à l’héritage de la vraie Amérique – celle d’Alexander Hamilton, Abraham Lincoln, Franklin D. Roosevelt et John F. Kennedy.

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