Le G20, une occasion de renouer le dialogue sur la scène internationale

vendredi 7 juin 2019

Chronique stratégique du 7 juin 2019 (pour s’abonner c’est PAR ICI)

Le sommet du G20 qui se déroulera à Osaka du 26 au 28 juin, et où devraient se rencontrer en tête-à-tête Xi Jinping, Trump, Poutine et Modi, sera l’occasion d’enrayer la dynamique d’affrontement entretenue par le complexe militaro-financier anglo-américain. Car, comme nous le défendons ici, seul un front ample de nations souveraines permettra de court-circuiter les réseaux de pouvoir de l’oligarchie financière. Le président russe et le président chinois en ont montré un bel exemple, lors du Forum économique de Saint Pétersbourg, en affichant des relations à un plus haut niveau historique entre leurs deux pays, douchant au passage les espoirs des néoconservateurs de les voir se diviser.

Du Russiagate au Britishgate

Certes, à Londres, Donald Trump n’a pas demandé des comptes au gouvernement britannique pour son ingérence avérée dans les élections présidentielles américaines de 2016. Mais le sujet est plus brûlant que jamais, comme le montre un article paru mardi dans le Times de Londres, qui évoque les négociations acharnées que mène Christopher Steele – l’auteur du fameux dossier salace contre Trump et la Russie – auprès de la Justice américaine, pour sauver sa tête. Le quotidien londonien fait d’ailleurs remarquer que le gouvernement de Sa Majesté s’apprête à le faire sauter comme fusible. D’après le journaliste du New York Times Matthew Rosenberg, interviewé sur CNN, Christopher Steele serait « extrêmement inquiet, voire obsédé, par cette enquête », et il craindrait qu’on « le jette sous un bus » (Lire notre chronique du 28 mai : Le boomerang du Russiagate finit à Londres).

Pendant ce temps, l’ancien directeur technique de la NSA William Binney suscite un intérêt croissant dans les médias américains. Le site internet Gateway Pundit a publié le 4 juin un article expliquant que « le très respecté lanceur d’alerte de la NSA Bill Binney affirme détenir la preuve que les ordinateurs du DNC [Comité national du parti démocrate] n’ont pas été hackés, et que par conséquent le rapport Mueller et les inculpations de Rosenstein sont entièrement basés sur des mensonges ! ». La chaîne télévisée One American News (OAN) a ensuite diffusé un bandeau d’information disant : « Un ancien analyste de la NSA : le DNC n’a été hacké ni par les Russes ni par personne ». À noter également que Binney a été interviewé le 31 mai sur Status Coup, une chaîne YouTube progressiste pro-Bernie Sanders.

La brèche italienne

De notre côté de l’Atlantique, le bras de fer entre l’Italie et l’Union européenne est de nouveau engagé suite aux élections du 26 mai, qui ont renforcé la Ligue de Matteo Salvini. La Commission de Bruxelles, sous l’impulsion de Valdis Dombrovski et Pierre Moscovici, demande la mise en œuvre d’une procédure de « déficit excessif » contre l’Italie, afin de la punir pour sa dette croissante (et non pas pour son déficit public, qui reste en-deçà des sacro-saints 3 % du PIB, contrairement à la France, qui reste pourtant épargnée). La procédure doit être validée par le Comité économique et financier où siègent les 28 ministres des Finances de l’UE. Cette mesure est purement théorique, puisqu’il s’agit d’un long processus pouvant prendre jusqu’à trois ans.

Bruxelles et les marchés financiers sont sans doute très inquiets de voir émerger en Italie un débat autour de la création d’une monnaie parallèle. Bien que le ministre des Finances italien Giovanni Tria ait déclaré que gouvernement ne l’envisageait pas, la Chambre des députés a voté le 28 mai une résolution appelant à tester la faisabilité de ces « mini-bots » (pour mini-bonds du Trésor, ou « Buono Ordinario del Tesoro »). « La monnaie parallèle italienne est ce qui fera exploser l’Eurozone », écrit le quotidien allemand Die Welt, qui décrit cette initiative comme le premier pas vers l’ « Italexit ».

Il ne s’agirait pas strictement d’une monnaie, puisqu’elle ne serait pas mise en circulation. Elle serait utilisée par le gouvernement central, sous forme de bonds du Trésor de faible valeur (entre 5 et 100 euros), pour payer les arriérés de la dette aux fournisseurs sans augmenter la dette publique, pour un total de 70 milliards d’euros.

L’adhésion en avril dernier de l’Italie à l’Initiative de la Ceinture et la Route (ICR) a déjà ouvert une brèche béante dans le bocal de désinformation et de propagande anti-chinois. Dans un entretien avec EIR (Executive Intelligence Review, le magazine du mouvement de Lyndon LaRouche aux États-Unis), le Dr Michele de Gasperis, qui dirige l’Institut italien de recherche sur la Ceinture et la Route, estime que l’ICR constitue un facteur de stabilisation stratégique, loin des allégations sur la « diplomatie chinoise de la dette ». « Selon moi, plus qu’un système de coopération économique, l’ICR est un système de paix et de coopération culturelle entre les peuples », a expliqué de Gasperis à l’EIR.

En réalité, contrairement à ce que pense la plupart des citoyens ici en Occident, où l’on voit le monde par le petit bout de la lorgnette, la possibilité de créer un nouveau paradigme « de détente, d’entente et de coopération » est plus grande que jamais. Le sommet du G20 sera sans doute décisif ; nous devons tout faire pour cela, en nous battant pour déblayer le terrain de tout ce qui, dans les consciences, dénigre le droit de chaque être humain au plein développement : l’orthodoxie budgétaire, le néolibéralisme financier et l’écologie malthusienne.

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