Les analyses de Jacques Cheminade

Le système du ministre Amer et du président Chichi

mardi 22 octobre 2002, par Jacques Cheminade

Scène de palais entrevue dans une boule de verroterie

L’Amer : L’heure de la rigueur a sonné. La croissance n’est pas au rendez-vous, la dette est trop lourde et les dépenses publiques excessives. On n’a plus de quoi investir ! C’est l’Europe qui le dit, je peux bien gagner une petite année mais la rigueur est nécessaire : après 2003, tous à l’étroit ! Il ne s’agit bien entendu pas de serrer la vis, mais de geler les flux et d’annuler les crédits. Il ne s’agit pas d’austérité, mais de dépenser moins.

Choeur élyséen : Non, non, non, pas comme en 95 !

Un Elyséen : Non, non, pas comme en 89 !

Un autre Elyséen : Non, non, pas comme en 29 !

Le porte-parole :La rigueur, je suis autorisé à vous le dire, nous ne la pratiquerons pas au sens politique du terme. Cependant, notre gestion sera tout à fait rigoureuse.

Poitevin Premier : Quand la rigueur aura passé, on trouvera que c’est encore mieux puisqu’on en sortira. La descente va être dure, mais sans elle, il ne pourrait y avoir de remontée.

Jack Chichi : Assez de tout ça. Je vous balance mon veto. Ne dites jamais rigueur, surtout quand vous pratiquez l’austérité.

L’Amer : Une fois de plus, c’est moi qui ait raison. La rigueur est un mode de vie, pas besoin d’en parler puisqu’on la fait.

Poitevin Premier : Ne pas en parler et le faire. C’est mieux que ne pas le faire et en parler.

Jupette&snbp; : Un ex-ami politique m’a madeliné un oeil au beurre noir, vous n’aurez donc plus le beurre ni l’argent du beurre.

Choeur élyséen : Le vote beur ! Le vote beur !

Un Elyséen : Combien ça coûte ?

Un autre Elyséen : Rien du tout... que des promesses.

L’Amer : les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, c’est dépense zéro. Bravo, bravo ! Il restera donc de l’argent pour les riches.

Jack Chichi : Surtout pas d’argent, l’Amer ! Ne parle pas d’argent, mais d’une baisse d’impôts qui stimulera la consommation et l’investissement des riches, ce qui, de toute évidence, aidera les pauvres. Les riches font le bonheur des pauvres, c’est ça la République !

L’Amer : C’est une pensée si rigoureuse que je l’approuve totalement.

Poitevin Premier : Personne ne doit parler après Jack, c’est la règle du je.

Tous : Amène, amène, amène les voix
Sans dépenser quoi que ce soit !
Jack, Jack, t’es notre Roi
On est tous là grâce à toi.

Un Elyséen : Il serait peut-être temps de tourner sa veste - pardon, de pratiquer la rigueur ailleurs. Ca sent un peu trop le roussin.

Un autre Elyséen : Mais où ça ? Aux USA ! C’est là qu’est la société-mère.

L’Amer : Veto partout, sauf à l’ONU !

Jack Chichi : Revoyons nos copies. Inspections, mais sans frappes. Europe, mais sans projets. Stabilité, mais sans pacte.

Choeur élyséen : On a tout compris !
Pas vu, pas pris
Taxe, service et compromis compris.

Un Elyséen corrézien : A la saint Chichi, les voix sont pleines.

Tous : Vidons, vidons les bas de laine.

L’Amer : J’aurai le dernier mot. Quand on serre la ceinture des autres, les bourses respirent mieux.

On entend un immense bruit d’avalanche. Les objets tombent, le plancher s’ouvre, tous s’abîment dans le trou.

Un Elyséen : Au secours, on est en décembre !

Un autre Elyséen : C’est la guerre ou c’est le krach ?

Le porte-parole : C’est un événement vulgaire et subalterne, puisqu’il vient de l’extérieur. Seul l’intérieur compte, car nous le tenons bien. Notre vocabulaire est approprié.

Jack Chichi : Mes amis, il faut voir le bon côté des choses : tous les dossiers contre nous vont être détruits.

Dame Bernadette : Je vous l’avais bien dit. Le Pen au second tour, la Maison Usher au troisième.

Un Elyséen : Trop tard pour filer à l’anglaise.

Un autre, en tombant : Ah ! mon bureau, mon bureau, mon bureau ...