Manifestation du 20 novembre

Pourquoi S&P soutient les infirmières et infirmiers

lundi 19 novembre 2018, par Agnès Farkas

S&P soutient celles et ceux qui manifesteront mardi 20 novembre devant les préfectures, et devant le ministère de la Santé et des Affaires sociales à Paris.

Notre système de santé publique subit aujourd’hui une privatisation rampante qui menace son existence. Une logique comptable étrangle l’hôpital public, alors que les mutuelles et les assureurs privés gèrent la moitié des dépenses en médecine de ville.

Le déremboursement public se poursuit depuis quarante ans, avec la complicité active ou passive de nos gouvernements successifs. C’est pourquoi il faut revenir à un vrai système public de droit à la santé et aux soins pour tous.

Dans ce contexte, le gouvernement doit reconnaître la qualification des 660 000 infirmier(e)s dont les compétences sont largement sous-exploitées. De plus, la création de 4 000 « assistants médicaux pouvant assurer des actes médicaux simples », selon Emmanuel Macron, est un camouflet pour la profession hospitalière qui manque cruellement de postes dans divers secteurs ambulatoires et hospitaliers. On ne remplace pas une ambulance par un pédalo : il est urgent de redonner toute sa place à cette profession qualifiée.

C’est possible, si l’on décide de mettre de l’ordre dans nos finances. Hormis les taxes et l’emprunt bancaire, l’Etat doit de nouveau pouvoir s’autofinancer avec la planche à billets, c’est à dire avec ce « crédit productif public » dont Jacques Cheminade était le seul à parler pendant les présidentielles.

Les raisons de la colère

Face aux grands défis du vieillissement de la population et de l’explosion des maladies chroniques auxquels est confronté notre système de santé, les infirmiers, toutes modalités d’exercice confondues, attendaient de la stratégie de transformation du système de santé des mesures structurelles susceptibles d’y répondre. La présentation du Plan Santé 2022 par le Président de la république, le 18 septembre dernier, a balayé tous leurs espoirs.

En effet, la vision médico-centrée de ce plan ne donne aucun moyen aux infirmiers pourtant en première ligne pour relever ces défis. L’évolution pour notre gouvernement semble se résumer à « faites plus avec moins et si vous n’y arrivez pas c’est que vous ne savez pas vous organiser ». Alors que les professionnels de santé réclament désespérément de pouvoir retrouver un sens à leur travail, on leur répond « réorganisation », mot magique qui selon nos tutelles serait la solution à la majorité des problématiques rencontrées. Mais dans les établissements, à force de revoir les organisations de travail pour pallier aux absences, aux postes vacants, la corde est prête à rompre ...

Extrait du communiqué de presse des représentants syndicaux et associatifs

Pour redonner sa dignité à la profession d’infirmier(e)

Extraits du programme présenté par Jacques Cheminade à la présidentielle de 2017

  • ACCROÎTRE LES SALAIRES
    Le niveau actuel, dans ce type de travail stressant par sa nature même et parce qu’on impose aux infirmiers de faire constamment des économies de matériel, est tout à fait insuffisant. Une hausse progressive de 20 % est indispensable à court terme.
  • REVALORISER LES DIPLÔMES
    Accorder aux étudiants, d’une part la possibilité de décrocher une licence en fin de cursus, d’autre part leur rattachement au ministère de l’Education nationale, outre celui de la Santé publique, ce qui leur permettra de bénéficier des mêmes droits que les autres universitaires.
  • OFFRIR DES FACILITÉS DE LOGEMENT ET RÉMUNÉRER LES ÉTUDES
    en échange d’un engagement de dix ans dans la fonction publique, pour attirer davantage d’étudiants et d’un meilleur niveau.
  • ASSURER UN SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE DIGNE DE CE NOM
    dans chaque structure hospitalière, en coordination avec le corps médical.

Il faut ainsi mettre fin à une situation où, trop souvent, les infirmier(e)s assurent des tâches de médecin et les aides-soignants celles d’infirmier(e). Bien entendu, ce retour à une juste répartition des compétences s’inscrit dans mes propositions pour redonner sa fonction légitime à l’hôpital public. Le personnel soignant des hôpitaux doit être formé de manière réellement permanente, obligatoire et gratuite. Ce qui suppose un pôle de personnels de remplacement, intégré dans les activités de l’hôpital. Il est inadmissible qu’aujourd’hui la direction des hôpitaux soit obligée de faire appel quasi quotidiennement à des intérimaires.

Il faudra, dans le contexte que je définis, une hausse des rémunérations et une fixation des effectifs en fonction des besoins de santé, et non d’une gestion étroitement comptable. Ma politique de santé publique est déterminée par la présence d’un personnel en nombre suffisant, ce qui assurera une rapide diminution des demandes de congé pour stress ou burn-out.

Voir l’ensemble du programme pour la Santé : le droit aux soins pour tous est un principe garanti par notre Constitution