La tragédie de Noailles, notre « pont de Gênes » ?

samedi 10 novembre 2018

L’effondrement des trois immeubles à Marseille est venu rappeler cruellement à notre pays que la négligence se paie, in fine, par des vies humaines. Il faut être clair, d’une part, sur la responsabilité de la mairie, qui, malgré plusieurs avertissements, n’est pas intervenue, et d’autre part, sur celle de l’Etat.

La loi contraint en effet dans certains cas la municipalité à soutenir, y compris financièrement, les copropriétaires modestes quand le logement doit être réhabilité. Quand il s’agit de marchands de sommeil, elle peut intervenir de manière coercitive pour qu’ils lancent les travaux, et peut aller jusqu’à se substituer à eux. La Mairie avait donc le pouvoir de mettre fin à cette situation inacceptable, elle ne l’a pas fait.

Le 63 rue d’Aubagne était une propriété publique. Depuis plus de vingt ans, les habitants du quartier de Noailles appelaient l’attention de autorités sur l’état de dégradation de leur logement. Le rapport Nicol de 2015 décrit la faillite de la puissance publique et souligne que des signalements ont été faits aux services d’hygiène et de sécurité de Marseille, sans être suivis d’effet. Les autorités n’ont donc aucune excuse à faire valoir.

Quand il se trouve que le comportement d’élus locaux corrompus met en péril la sécurité et les droits de leurs administrés, c’est bien la responsabilité de l’Etat qui entre en jeu. Si les préfectures, bien souvent, ne se privent pas pour aller à l’encontre du maire de « petites » communes, quand il s’agit d’une ville telle que Marseille, l’Etat ne veut visiblement pas faire de vagues... Or voilà les dirigeants face à un tsunami de colère, une colère saine. A nous de la transformer en colère fertile, pour redonner enfin à notre pays la capacité de se créer un avenir. Et de mobiliser l’Etat pour enfin aider Marseille.