Du Russiagate au « Spygate » : tous les chemins mènent à Londres

vendredi 25 mai 2018

Nous vivons décidément une époque de bouleversements, qui ne sont pour l’instant qu’en gestation, en potentiel, mais dont les turbulences sont déjà titanesques. En Europe, les développements politiques en Italie laissent présager d’une crise pouvant achever définitivement cette fausse Europe qu’on a nommé l’Union Européenne et son euro, libérant enfin la place pour une Europe des patries et des peuples au service du progrès économique et de la justice sociale. De l’Asie vers l’Afrique, le vent des Nouvelles Routes de la soie, avec ses projets d’infrastructures de transports, d’eau et d’énergie, insuffle une nouvelle foi en l’avenir parmi les peuples et leurs dirigeants.

Aux États-Unis, la situation intérieure est en proie à des contractions dont l’ampleur annonce un accouchement imminent, bien qu’on ne puisse dire pour l’instant si le nouveau-né sera une Amérique libérée de ses démons ou un rejeton du complexe militaro-financier de Wall Street et de la City de Londres.

Qui sème le vent récolte la tempête

On pourrait se croire en plein film d’espionnage. Chaque jour ou presque apporte son lot de nouvelles révélations, exposant toujours plus le « cabinet noir » à l’oeuvre derrière le « Russiagate », c’est-à-dire cette tentative de putsch contre la présidence Trump menée à travers l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, et qui se retourne désormais contre ses auteurs (lire notre chronique du 29 sept 2017 les trois crimes du procureur très spécial Robert Mueller).

Vendredi 18 mai, le Washington Post et le New York Times ont révélé l’identité d’une source du FBI ayant infiltré l’équipe de campagne de Donald Trump. Il s’agit de Stefan Halper, un anglo-américain de 74 ans lié depuis longtemps à la famille Bush et aux réseaux ultra-corrompus de la CIA et du FBI ; on sait notamment qu’il avait joué un rôle similaire lors des élections présidentielles de 1980, espionnant l’équipe de campagne de Carter pour le compte de l’équipe Reagan-Bush.

Jolie cadeau aux étudiants ! Halper enseigne actuellement à l’Université de Cambridge, où il entretient des liens étroits avec Sir Richard Dearlove, l’ancien chef du MI6 (services secrets britanniques). Entre 2012 et 2018, le gouvernement américain lui a versé plus d’un million de dollars, dont 400 000 en 2016.

En 2016, Stefan Halper a cherché à entrer en contact avec des responsables subalternes de la campagne de Trump, comme Carter Page et George Papadopoulos, dans le but de récolter ou de créer des éléments dont le FBI pourrait ensuite se servir afin d’identifier des « traces » permettant de monter un dossier accusant l’équipe de Trump de collusion avec la Russie ; l’objectif étant d’empêcher son élection, puis de saboter sa présidence.

Cette révélation est dévastatrice pour les anciens patrons du renseignement américain de l’administration Obama, comme John Brennan (CIA) et James Comey (FBI), qui sont de plus en plus mis en cause ces derniers mois dans le montage du Russiagate, notamment pour avoir trompé la cour FISA délivrant les mandats pour la mise sous écoute de Trump. En effet, l’entrée en jeu de Halper remonte au moins à la mi- juillet 2016, moment où il a rencontré Carter Page pour la première fois lors d’un symposium à Cambridge (et où son ami Richard Dearlove était l’un des orateurs), ce qui contredit tout le narratif de Brennan, Comey et cie, prétendant que l’enquête du FBI n’a commencé qu’à la fin juillet.

Dimanche, Trump a annoncé son intention de demander au Département de la Justice (DOJ) d’ouvrir une enquête pour savoir « si oui ou non le FBI/DOJ a infiltré ou surveillé la campagne de Trump à des fins politiques », et si oui ou non l’administration Obama était dans le coup. Quelques heures plus tard, le procureur général adjoint Rod Rosenstein a chargé l’inspecteur général du DOJ d’ouvrir cette enquête, affirmant que si cela s’avérait vrai, ils prendraient « les dispositions nécessaires ».

Cela signifie que les personnes à haut niveau au sein des institutions américaines qui ont déployé Stefan Halper pourraient bientôt faire face à des poursuites pénales. Mercredi, Trump a tweeté : « Voyez comment les choses se retournent contre le Deep state criminel. Ils tentent de monter une fausse collusion avec la Russie (…), et finissent par se faire attraper dans un énorme scandale d’espionnage tel que notre pays n’en a peut-être jamais connu ».

Les commanditaires britanniques en ligne de mire

Une question brûle toutes les lèvres : « Qui a demandé à M. Halper de garder l’oeil sur des responsables de la campagne de Trump, et quand et pourquoi ? » comme le demande le Wall Street Journal du 22 mai. Le journaliste George Neumayr écrit dans The Spectator : « Il reste de nombreuses questions sans réponses sur le déploiement de Halper, sur ce qui l’a amené à être impliqué, l’étendue des informations fournies, et si son interaction en juillet 2016 a été commanditée par le FBI ou par une autre agence de renseignement ».

Stefan Halper, précisons-le, a fait savoir qu’il redoutait une présidence Trump car « cela pourrait porter préjudice à la relation spéciale entre les États-Unis et la Grande-Bretagne ». L’implication de ce personnage évoluant dans des milieux très proches des services secrets britanniques ne peut que renforcer le soupçon de l’ingérence britannique, déjà fortement suggéré par l’implication de l’ancien agent du MI6 Christopher Steele, l’homme qui a monté le « dossier Steele » contre Trump et les Russes pour le compte du clan Obama-Clinton, du FBI et du DOJ.

Le sénateur républicain Rand Paul a de son côté publiquement mis en cause la nouvelle directrice de la CIA, Gina Haspel, qui a nié que la CIA ait travaillé avec les renseignements britanniques : « Gina Haspel dément catégoriquement le fait que la CIA ait obtenu des informations de la part des services britanniques », a-t-il écrit sur son compte twitter le 20 mai, ajoutant : « Je ne suis pas sûr d’y croire ». Paul dit s’attendre à ce que pour défendre son prédécesseur John Brennan et les autres personnalités impliquées, Gina Haspel ne finisse par admettre que des informations ont bien été communiquées par les services britanniques mais que cela est arrivé « par accident ».

« Gina Haspel est une acolyte de John Brennan », a déclaré Doug Stafford, le conseiller stratégique de Rand Paul au média Gateway Pundit. « Brennan est un opposant déclaré du président Trump. Il fait partie du Deep State qui s’oppose au président et œuvre contre lui. Elle ne devrait pas être en charge de la CIA ». Ajoutons que Haspel était justement à la tête de la section de la CIA à Londres en 2016, c’est-à-dire à l’époque où cette opération d’espionnage a été lancée.

Dans une tribune publiée sur le site antiwar.com, Justin Raimondo écrit : « la tromperie du Russiagate compte de nombreux acteurs, jouant des rôles de provocateurs et d’informateurs, mais il s’agit à l’origine d’une production britannique, Halper et Steele se trouvant au centre de cela. Les fidèles d’Obama au sein du FBI, du Département de la Justice et de la CIA, ont été de connivence avec les Britanniques afin de faire passer le nouveau président pour un agent russe ».

« Les Britanniques, en particulier, n’ont jamais hésité à interférer dans notre politique intérieure dès qu’ils estimaient que cela pouvait servir leurs intérêts », conclu Raimondo. « C’est ce qui s’est passé lors des deux guerres mondiales, et c’est ce qui se passe aujourd’hui. Si nous remontons la piste de la fraude du Russiagate et de la campagne visant à détrôner Donald J. Trump, tous les chemins mènent à Londres ».

L’affaire est à suivre. Il est certain que de nouvelles révélations vont apparaître très vite à la lumière. Michael Caputo, l’un des anciens dirigeants de la campagne de Trump, a affirmé dans The American Thinker : « [Stefan Halper] n’est pas la seule personne qui s’est immiscée dans la campagne. Je le sais car ils sont venus vers moi, et je suis en train de voir avec mon avocat pour révéler cela au public. Ce n’est que le début ».