L’exploration spatiale et la Route de la soie, moteurs du développement de l’Afrique

mercredi 4 avril 2018

Pendant la campagne présidentielle, Jacques Cheminade avait défini trois vecteurs fondamentaux pour l’économie : l’exploration spatiale, l’économie bleue (la mer) et le développement de l’Afrique. Cela impliquait de penser l’économie humaine comme un tout intégré, et non pas comme un agrégat d’actions individuelles soumis à la loi du gain à court terme des marchés – un tout intégré dans lequel la France devrait avoir un rôle à jouer.

Aujourd’hui, tandis que les pays occidentaux s’entêtent dans cette économie sans futur et sans vision, le reste du monde entre progressivement dans le nouveau paradigme évoqué par Jacques Cheminade, avec désormais près de 140 pays participant à la construction des Nouvelles Routes de la soie lancées par la Chine en 2013.

Cette dynamique de coopération et de développement – que les médias occidentaux ignorent – est de plus en plus spectaculaire, notamment en Afrique, où un nouvel esprit d’indépendance et de Renaissance souffle à travers le continent.

Trois récents développements le reflètent :

  • l’adoption du projet panafricain Transaqua de revitalisation du lac Tchad par les pays de la région, lors de la conférence internationale d’Abuja, au Nigéria (du 26 au 28 février), contre les intérêts de la Françafrique et autres prédateurs financiers ;
  • l’attribution le 22 mars de la construction de la ligne ferroviaire Cotonou-Niamey (portion du projet de boucle ferroviaire « Africa Rail ») à la China Railway Construction Corporation par le président béninois Patrice Talon, en lieu et place de Bolloré Africa logistics et de la société Petrolin ;
  • et enfin, l’annonce le 2 avril de l’ouverture d’une enquête par le gouvernement nigérian contre le Strategic Communication Laboratories (SCL), lié à Cambridge Analytica en Grande-Bretagne, pour soupçons de manipulations des élections de 2007 et de 2015.

Les Nouvelles Routes de la soie, une grande chance pour l’Afrique

Suite à la signature d’un accord visant à établir une zone de libre-échange continentale (ZLEC), lors du sommet de l’Union africaine qui vient de se tenir à Kigali, au Rwanda, le président kenyan Uhuru Kenyatta a déclaré que la combinaison de cet accord avec la volonté de la Chine d’étendre la Nouvelle Route de la soie au continent africain représente une immense opportunité pour accélérer le développement du continent.

La Chine est actuellement le premier partenaire commercial de l’Afrique. L’Union africaine considère l’accord de ZLEC comme essentiel pour le développement de l’Afrique, l’établissement d’un marché uni permettant de soutenir l’industrialisation, le développement des infrastructures, la diversification économique et le commerce à travers le continent. Une dizaine de pays africains, comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, n’ont pas encore signé l’accord, pour des raisons domestiques, ou par crainte d’une baisse des prix de certaines denrées importées, comme le riz, qui ruinerait la production locale.

La combinaison de cette ZLEC avec la Nouvelle Route de la soie est la clé, car sans l’apport des infrastructures de base, le développement industriel est impossible ; et, en l’absence d’industrie moderne, les biens manufacturés chinois et indiens déferleraient sur le continent africain, poussant à la faillite les producteurs locaux. L’industrie ne représente actuellement que 10 % du PIB global de l’Afrique, ce qui est très inférieur par rapport aux autres pays en développement. Le principal obstacle au développement d’une industrie moderne est le manque d’énergie. La Chine est activement engagée pour y remédier, en construisant des centrales à gaz, de charbon et hydro-électriques, au Ghana, au Nigéria, en Mozambique, au Kenya, en Égypte et en Ouganda.

Le progrès passe par l’exploration spatiale

Dans ce contexte, la recherche dans les applications et les services des sciences spatiales sera fondamentale pour soutenir le développement socio-économique des pays africains. C’est ce qu’ont souligné plusieurs experts lors du Forum spatial international, qui s’est tenu au Kenya le 13 février. L’événement, organisé par le ministère kényan de la Défense en partenariat avec la Fédération aéronautique internationale et l’Agence spatiale italienne, a réuni des experts des gouvernements, des universités et des instituts de recherche.

Selon Raychelle Omamo, ministre kényane de la Défense, les applications et les services spatiaux devraient être utilisés pour assurer la paix et la sécurité du continent, gérer les ressources naturelles et créer des richesses, et permettre ainsi une transformation socio-économique harmonieuse. « Grâce à la technologie spatiale, les agriculteurs africains seront en mesure de connaître l’état de leurs sols et même de savoir ce qu’il faut faire pour obtenir de meilleurs rendements », a-t-elle déclaré, en expliquant que les agriculteurs pourront ainsi identifier les menaces imminentes pour leurs cultures. Mme Omamo a également affirmé que le Kenya mettra cette année l’agriculture au centre de ses recherches et travaux dans le secteur spatial.

Les satellites de télécommunications pourront également aider les services météorologiques à recueillir des informations permettant de prédire avec précision les tendances météorologiques, ce qui aidera les gouvernements africains à élaborer des plans adaptés. John Kelemu, directeur des services techniques au Centre régional de cartographie des ressources pour le développement du Kenya, a déclaré que les systèmes et les applications des sciences spatiales, comme l’observation de la Terre, permettront d’améliorer les moyens d’existence des populations, et qu’il est donc vital que l’ensemble du continent investisse dans les technologies spatiales.