OTAN, UE, Euro : pour l’indépendance de la Grèce et des autres nations

mercredi 28 mars 2018, par Karel Vereycken

Le 4 février, à Athènes, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur la place Syntagma et les rues avoisinantes. 140 000 selon la police, 1,5 million selon les organisateurs. C’était la plus grande manifestation depuis plusieurs années.

Tous réclament la propriété du terme « Macédoine », du nom d’une région grecque du nord du pays. Ils refusent qu’il soit utilisé pour le nouveau nom de l’ancienne République yougoslave de Macédoine, une question actuellement négociée entre les deux gouvernements.

Et bien que le principe d’un nom de la Macédoine composé ait été accepté par différents gouvernements en Grèce depuis 2007, beaucoup de gens considèrent ce changement à travers le prisme de la crise et le voient comme la concession de trop.

Si le sujet enflamme aujourd’hui le pays, c’est par ce qu’il s’agit d’un point sur laquelle se cristallise toute la colère du peuple contre les mesures de rigueur suivies par le premier ministre de gauche Alexis Tsipras, en dépit de ses promesses de mettre fin à l’austérité.

A Paris, c’est ce dimanche 25 mars 2018, jour anniversaire de l’indépendance de la Grèce sur l’Empire Ottoman, que plusieurs organisations ont voulu célébrer l’évènement et exprimer leur solidarité avec la Grèce.

L’occasion également pour appeler tous les autres Etats-nations à renouveler leur combat contre tous les Empires qui sont, hélas, de retour.

Au-delà du constat de ce qui ne va pas, et pour éviter de sombrer dans un nationalisme étriqué, il s’agit maintenant de redonner goût aux nouvelles coopérations que nous offre le nouveau paradigme qui est en train de naître. Il s’agit de la politique des BRICS et en particulier celui d’une coopération gagnant-gagnant proposé par la Chine avec son initiative de la Nouvelle Route de la soie.

A Paris, c’est place de la Nation qu’a eu lieu un rassemblement symbolique à l’appel de trois organisations :

  • Le Comité de libération nationale (CNL) ;
  • Le Comité pour une nouvelle Résistance (CNR) et
  • Le Rassemblement du peuple souverain pour une France indépendante et une République sociale (RPS Fiers).

Parmi ceux qui ont pris la parole, signalons :

  • Christina Komi, enseignante chercheur franco-grecque (voir son discours ci-dessous) ;
  • Leonidas Krysantopoulos, ancien ambassadeur de Grèce ;
  • Giorgia Bitakou, avocate et journaliste grècque ;
  • Pascal Chauvet, président du RPS Fiers ;
  • Danielle Goussot, CNR ;
  • Lucien Pons, CNR ;
  • Karel Vereycken, vice-président de S&P;
  • Etc.

La Grèce devant la menace imminente
d’une amputation territoriale

Intervention de Christina Komi

De gauche à droite : Christina Komi et Giorgia Bitakou

Chers amis, chers camarades français,

Nous nous sommes rassemblés ici aujourd’hui pour fêter les 197 ans de la libération de la Nation hellénique de l’Empire ottoman.

C’est le 25 mars 1821 qu’a commencé la révolution qui aboutirait quelques années plus tard à la formation du petit Etat de la Grèce moderne, sur les mêmes territoires où, pendant de nombreux siècles, étaient et sont encore aujourd’hui enracinées la langue et la conscience collective d’une civilisation, d’une éducation et d’une pratique politique qui s’appelle « la démocratie ».

Les 450 ans d’esclavage ottoman n’ont pas effacé le riche héritage de l’Antiquité, de Byzance, du christianisme, qui s’est consolidé dans l’Etat-nation Grèce.

Situé au carrefour de l’Orient et de l’Occident, depuis sa libération, cet Etat a vécu de façon intense tous les conflits qui ont tourmenté le continent européen. Le petit Etat grec naît et commence ses premiers jours de vie déjà endetté envers les Britanniques. A peine quelques années plus tard (1833), et après l’assassinat du très compétent chef d’Etat Ioannis Capodistria, à la tête de la Grèce règne un roi allemand (bavarois).

Première Guerre mondiale, Guerres balkaniques, catastrophe de l’Asie mineure, la Grèce acquiert progressivement sa taille territoriale actuelle et est amenée à entasser tout l’hellénisme déraciné de l’Orient et des zones du Caucase, dans ses confins actuels. Traité de Lausanne (1923) : traité par lequel la Turquie perdait son allure d’empire mais pas ses manières d’empire. Elle sera à l’origine de plusieurs massacres et génocides (dont arméniens, grecs, kurdes).

Je continue.

La résistance grecque pendant la Deuxième Guerre mondiale, fut très grande et très dure pour un peuple si peu nombreux qui s’est battu par tous les moyens contre le fascisme et le nazisme. Pourtant le pays ne connaîtra ni la paix ni la prospérité à la fin de cette guerre. Car il sera encore entraîné dans une autre guerre, civile cette fois, orchestrée par les Britanniques qui réarment les mains d’ex-collabos des nazis, soit-disant contre la « menace communiste ».

Sur les cendres de ce drame, l’OTAN viendra poser ses bases en Grèce dans les années 1950.

La classe politique locale, servile depuis longtemps vis-à-vis du capital étranger, perpétuera la dépendance politique et économique du pays et le conduira, au début des années 1980, à entrer dans la Communauté économique européenne avec de lourdes contreparties, qui mèneront quelques années plus tard à la désindustrialisation, à la destruction de l’agriculture, au rétrécissement des services publics (que vous connaissez si bien...).

Au moment de la réunification des deux Allemagnes, la Grèce est un grand marché pour l’industrie allemande, et la classe politique grecque un très bon client pour la corruption propagée par les boîtes allemandes, telle SIEMENS.

Et le lendemain de son entrée dans l’euro, la dette externe grecque doublera comme par magie (141 milliards de dollars de 1821 à 2001 ; 300 milliards de dollars de 2002 à 2009) : la mondialisation est là et elle perce aussi les murs du bloc de l’Est.

Dans son voisinage immédiat, la Grèce a vu de près l’éclatement de l’ex-Yougoslavie, la transformation de ce pays, jadis prospère, en un terrain vague, en un campement de l’OTAN, en premier terrain d’action des terroristes islamistes sur le territoire du continent européen ; et la terrible fin : la transformation de l’ex-Yougoslavie en un amas de petits protectorats, principalement de l’Allemagne et des USA, imprégnés par l’influence de spéculateurs « philanthropes », tels George Soros, qui savent moduler le sort des peuples à leur propre convenance.

Entre 1989 et aujourd’hui, l’un après l’autre, tous les pays de l’ex-Pacte de Varsovie ont rejoint l’OTAN, contrairement aux promesses faites à Gorbachev lors de la réunification de l’Allemagne. Pays Baltes, Ukraine, Bulgarie, Roumanie, Albanie, Kosovo… La Russie en est entourée et se trouvera privée d’accès à la Méditerranée.

Les principaux médias internationaux et une partie des publications universitaires (généreusement
financées par des organismes comme l’Open Society de George Soros) en font l’apologie : on parle de « la menace russe » ; on parle aussi des « minorités opprimées » dont l’Allemagne se porte aujourd’hui garante !

Le Centre européen pour les minorités (ECMI) fondé en Allemagne en 1996 (pendant l’éclatement de l’ex-Yougoslavie) a repéré l’existence de 282 ethnies différentes dans notre continent européen. Et les chercheurs de ce Centre prônent, contre tout principe du droit international et de l’ONU, le séparatisme, même par la force, de tout groupe ethnique qui considère ne pas avoir assez de concessions de la part de l’Etat souverain dont il fait partie.

Chers amis, dans cette liste du ECMI se trouvent aussi les Bourguignons, les Occitans, les Catalans… et le critère de définition de ces minorités destinées à casser l’unité des Etats souverains n’est autre que celui qui a rempli l’Europe de camps de concentration : l’ADN.

Mais revenons à la Grèce, qui est aujourd’hui à l’ultime étape de son anéantissement, à la veille d’une amputation territoriale. Alors que les dernières recherches de ses fonds sous-marins démontrent d’énormes réserves de gaz et de pétrole (ce qui est vrai aussi pour Chypre). Huit ans de mémorandum en application de traités d’endettement illégaux, abusifs, anticonstitutionnels, ont amené le peuple grec à une paupérisation, à un taux de mortalité, de chômage et de dépossession jamais connus dans son histoire moderne. Cet affaiblissement est, comme vous le comprenez, très favorable pour les intérêts de la mondialisation heureuse…

Sur une pancarte de protestation, on peut lire : « Nos aéroports sont entre des mains allemandes ; nos ports entre des mains chinoises ; nos trains entre des mains italiennes ; notre eau entre des mains françaises ; et tout le reste entre les mains de spéculateurs locaux ». Pourtant, ce peuple humilié et bafoué dans sa fierté et sa civilisation a encore aujourd’hui le courage de sortir dans les rues pour défendre un MOT : pour crier que le terme « Macédoine » appartient à la Grèce car, après lui avoir volé ses droits, son travail, sa production, ses retraites, ses maisons, après avoir poussé ses jeunes diplômés à l’émigration massive, on demande au peuple grec aujourd’hui de signer sa dépossession culturelle et historique en cédant le mot « Macédoine » à l’Etat de Skopje, ce fragment de l’ex-Yougoslavie qui s’étend au nord de la frontière grecque et qui, de surcroît, est limitrophe à la région grecque du même nom.

Et là, j’ai une question à vous poser, camarades français, qu’auriez-vous dit ou fait si demain, de l’autre côté de la frontière franco-allemande, juste à côté de votre Alsace, apparaissait un nouvel Etat, soit-disant indépendant, qui cherchait sa reconnaissance, de la part de la France et de la communauté internationale, sous le nom d’Alsace – ou d’un dérivé, Alsace de l’ouest, Nouvelle Alsace, etc. Quelle aurait été la réponse du peuple français ?

Je tiens à rappeler qu’en juillet 2018 aura lieu la prochaine réunion de l’OTAN et que dans ce cadre, il y a de la hâte à y intégrer ce fragment de l’ex-Yougoslavie, une fois résolue la question du nom. Je signale aussi que la Turquie, qui revit ses rêves de grandeur, développe aujourd’hui une agressivité non seulement vis-à-vis de la Syrie, en violant le Traité de Lausanne pour ses frontières sud en massacrant les Kurdes, mais elle soutient aussi toute sorte d’irrédentisme dans les Balkans, se portant garante de l’Albanie ou de Skopje pour toutes sortes de revendications vis-à-vis de la Grèce. La Turquie, cherchant à rétablir son empire dans la région, procède par ailleurs à des violations et des provocations directes dans la mer Egée et en Thrace. La prise en otage de deux soldats grecs à la frontière nord-est de la Grèce, leur détention illégale et le plan de les juger pour espionnage devant les tribunaux turcs, sont scandaleux, comme l’est aussi le silence de la part du régime d’Athènes. Tous ces actes constituent des incidents belliqueux brûlants, qui peuvent dégénérer en affrontement armé ou en amputation territoriale sans guerre, au détriment de la Grèce.

Je finis cette intervention en disant que le morcellement territorial des pays souverains, encouragé aujourd’hui par le moteur de l’UE (l’Allemagne) ne vise qu’à servir les intérêts d’une petite oligarchie au détriment des peuples.

J’envoie aujourd’hui, depuis cette place de la Nation, un message au peuple français et au peuple grec pour l’union, pour la défense de nos pays souverains et indépendants, qui est le seul et unique moyen de nous défendre contre le nivellement généralisé que nos dirigeants nous réservent.