Des élus américains exigent des comptes au procureur spécial Mueller

mardi 17 octobre 2017

Dans deux semaines, le Président Trump s’envolera vers l’Asie, où il participera au sommet de l’ASEAN (Organisation des pays de l’Asie du Sud-Est), et se rendra dans plusieurs pays de la région comme les Philippines, le Vietnam, le Japon, et la Chine, où sa rencontre avec Xi Jinping et d’autres chefs d’État est très attendue. L’enjeu est de taille : est-ce que les États-Unis vont enfin rallier les Nouvelles Routes de la soie ?

La campagne médiatique anti-Trump n’a d’autre but que de saboter cette possibilité, car certains milieux à Washington et à Londres sont enragés à l’idée que la politique étrangère américaine leur échappe, sorte du carcan de la géopolitique impérialiste et renoue avec la politique de Franklin Roosevelt ou de JFK. Si nous publions ici des analyses sur la situation politique aux États-Unis, c’est pour deux raisons : d’une part parce que les médias français (et européens) se contentent de répéter comme des perroquets la ligne du Washington Post ou du New York Times, sans rien dire sur la bataille se jouant au sein des institutions. D’autre part, parce que l’issue de cette bataille aura bien entendu des répercussions fondamentales pour la France, l’Europe et le monde.

Faire feu de tout bois

Ces derniers jours, les grands médias américains ont lancé une nouvelle salve d’attaques invoquant le 25e Amendement de la Constitution prétextant du fait que Donald Trump serait dans l’incapacité mentale de remplir ses fonctions de président. Alors qu’ils n’avaient pipé mot contre Obama lorsque ce dernier avouait sa passion pour les assassinats ciblés par drône, Vanity Fair, le Los Angeles Times, Newsweek, etc, ont ainsi repris à leur compte l’argument brandi par l’ancien directeur du Renseignement national James Clapper, citant des « sources à la Maison-Blanche » (anonymes bien entendu) qui rapporteraient que Trump a des « humeurs noires », qu’il veut multiplier par dix le stock d’armes nucléaires, qu’il déteste tous les employés de la Maison-Blanche et qu’il est sur le point de virer le secrétaire d’État Rex Tillerson et son directeur de cabinet John Kelly.

La campagne contre Rex Tillerson bat également son plein depuis quelques temps, comme nous l’avons rapporté la semaine dernière (voir la chronique du 12 octobre), les médias affirmant à longueur de journée que tout va mal entre lui et le président, et que ses jours sont comptés au Département d’État. Lors d’un entretien sur CNN, alors que le présentateur Jake Tapper lui demandait, en insistant lourdement, son avis sur le fait que le sénateur Robert Corker a dit que Trump l’avait « castré », Tillerson a souri et répondu : « J’ai vérifié, et je suis intact ».

Robert Mueller sous les feux des projecteurs ?

Nos amis du Comité d’action politique de l’homme politique américain Lyndon LaRouche (LPAC) ont distribué la semaine dernière le dossier exposant les « trois crimes » de Robert Mueller (voir notre chronique du 29 septembre), qui dirige l’enquête spéciale sur le « Russiagate », et pratiquement tous les membres du Congrès l’ont en main. Presque immédiatement des rumeurs ont commencé à bruisser dans les couloirs sur le fait que certains élus comptaient s’attaquer directement à Mueller.

C’est ainsi que vendredi dernier un groupe de dix-neuf députés a envoyé une lettre ouverte aux présidents des comités judiciaires de la Chambre et du Sénat, pointant du doigt les possibles conflits d’intérêts entourant le procureur spécial Robert Mueller et son équipe. « Cette équipe a des pouvoirs étendus et une mission sans limites. Ils sont pourtant autorisés à opérer dans le secret », écrivent-ils, « sélectionnés par et n’ayant de compte à rendre qu’à une seule personne : M. Mueller lui-même. Compte tenu des nombreux rapports sur les possibles conflits d’intérêts et sur les allégations de préjugés politiques, il serait dans l’intérêt du public ainsi que de l’équipe du procureur spécial de parler à la population américaine à travers ses représentants au Congrès. »

Et de conclure : « Nous demandons donc respectueusement que l’un des comités judiciaires, ou les deux, organise une audition publique ouverte ou une série d’auditions afin de sortir de l’ombre M. Mueller et son équipe ».

Comme nous l’avons rapporté la semaine dernière, la colère monte parmi les élus du Congrès depuis que CNN a révélé le 5 octobre que Robert Mueller avait pu obtenir un entretien avec Christopher Steele, l’auteur du « dossier Steele », alors que ce dernier refuse de venir témoigner devant les différents comités à Washington. De plus, le FBI et le Département de la Justice refusent également de répondre aux requêtes formulées par le Comité du Renseignement de la Chambre concernant le dossier Steele. Fox News a publié le 11 octobre une enquête menée par la journaliste Catherine Herridge, montrant que huit demandes, dont des assignations, ont ainsi été ignorées depuis le mois de mars. Bien que le FBI et le Département de la Justice soient dirigés par des personnes nommées par Donald Trump (Christopher Wray et Jeff Sessions), « des sources proches du dossier affirment que le dirigeant du bureau des Affaires du Congrès au FBI Gregory Brower, un ancien procureur américain, joue le rôle de chien de garde empêchant l’accès à ces informations. Brower est connu pour être proche de l’ancien directeur du FBI James Comey, qui l’a nommé en mars, deux mois avant que Comey soit viré ».

De même, le Comité du Renseignement du Sénat a été refoulé. Son président Richard Burr explique que « en ce concerne le dossier Steele, le Comité s’est malheureusement confronté à un mur. (…) Le Comité ne peut pas réellement se prononcer sur la crédibilité de ce dossier sans avoir des éléments sur les sources et sur les commanditaires financiers ».

Sous couvert du sceau de la justice et d’une réputation surfaite d’ « hommes d’honneur » (Mueller passe aux États-Unis pour un modèle d’honnêteté et de courage), ces milieux ont mené une véritable opération d’obstruction à la Justice et de fabrication d’un des plus gros mensonges de l’histoire moderne : le « Russiagate ». Mais la révolte est en marche et le mensonge pourrait très vite voler en éclats, comme nous venons de le voir avec l’affaire Weinstein.

Pour sa part, Jacques Cheminade a écrit hier dans un tweet « Harvey Weinstein : criminel protégé par la mafia d’Hollywood tout comme le procureur Mueller sert l’oligarchie anglo-américaine ».