Campagnes anti-Trump : l’arroseur arrosé

vendredi 22 septembre 2017

C’est un nouveau coup dur pour la cabale anti-Trump. Alors que le mythe du piratage informatique russe dans l’élection américaine de 2016 a du plomb dans l’aile, depuis que des vétérans du renseignement américain (VIPS) ont prouvé cet été que les courriels du parti démocrate n’avaient pas été « hackés » mais fuités de l’intérieur, de nouvelles révélations mettent à mal les projets de destitution du président par ce véritable État dans l’État.

CNN a révélé mardi que Paul Manafort, l’ancien directeur de campagne de Trump, avait été mis sous écoute par le FBI dès 2014, et que la FISA (Cour de surveillance du renseignement étranger des États-Unis) avait délivré en 2016 un second mandat de mise sous écoute au directeur du FBI James Comey jusqu’au début de l’année 2017. Manafort, bien que n’étant plus directeur de campagne dans cette période, était en contact régulier avec Trump et avait même ses appartements dans la Trump Tower depuis 2006.

L’éditorial de Wall Street Journal du 19 septembre remarque qu’ « il y a de grandes chances que le FBI ait entendu les conversations politiques liées aux élections de l’un des principaux prétendants à la Maison-Blanche. C’est extraordinaire – et très inquiétant. » Bien entendu, tout le monde a en tête les messages twittés en mars dernier par le président Trump accusant l’administration Obama de l’avoir mis sous écoute, ce à quoi les personnes concernées avaient opposé un démenti catégorique. Le Wall Street Journal rappelle que « M. Comey avait assuré au Congrès en mars ’n’avoir aucune information permettant de confirmer ces tweets.’ L’ancien directeur du Renseignement national James Clapper a même été encore plus spécifique en affirmant ’qu’aucune opération de mise sous écoute n’a été montée contre le président élu, ou le candidat, ou contre des membres de son staff de campagne.’ Il a nié l’existence d’un mandat de la FISA. Mentaient-ils ? »

De son côté, le New York Times a apporté de nouveaux éléments sur les méthodes d’enquêtes du procureur spécial Robert Mueller – chargé de l’enquête sur les soupçons de collusion avec la Russie – et en particulier sur le raid du FBI au domicile de Paul Manafort à la fin du mois de juillet dernier : « Paul J. Manafort était dans son lit en ce matin de juillet quand des agents fédéraux munis d’un mandat ont forcé sa porte d’entrée et pénétré son domicile en Virginie. Ils ont saisi des classeurs remplis de documents et copié les fichiers de son ordinateur, à la recherche d’éléments prouvant que M. Manafort, ancien directeur de campagne de Trump, détenait des comptes bancaires secret dans des paradis fiscaux. Ils ont même photographié son costume coûteux se trouvant dans le placard. Le procureur spécial, Robert S. Mueller III, a ensuite fait passer un message à Manafort, lui disant qu’il avait l’intention de l’inculper (…). »

Jimmy Gurulé, professeur de droit à l’Université de Notre-Dame-du-Lac et ancien juge fédéral, a dit au New York Times que « cela ressemble davantage aux méthodes habituellement utilisées lors de poursuites contre un syndicat du crime organisé ».

Comey, Mueller et le « dossier Steele »

Le Wall Street Journal note par ailleurs que la délivrance du second mandat d’écoute par la FISA correspond au timing de la fabrication du fameux dossier de l’ « ancien » agent du MI6 (services secrets britanniques) Christopher Steele, qui a largement servi de base dans toute l’accusation contre Trump et la Russie. On sait aujourd’hui que Steele entretenait des rapports étroits avec le FBI, et qu’il a même proposé en 2016 de se faire payer pour continuer ses recherches. « La FISA met la barre très haut aux conditions autorisant la délivrance d’un mandat de mise sous écoute de citoyens américains, » note le journal, « et d’autant plus haut pour une campagne présidentielle. Est-ce que Comey a arrangé lui-même le dossier Steele afin de convaincre la cour ? »

L’accusation est très grave, puisqu’il s’agit d’une entrave à la justice par un directeur du FBI... « Tout cela donne autant de raisons pour les enquêteurs de la Chambre et du Sénat pour faire la lumière sur les conditions dans lesquelles le FBI de M. Comey a mené l’enquête sur la campagne présidentielle, » continue le Wall Street Journal. « L’intrusion russe représente une menace à la démocratie, mais le fait que le FBI s’appuie sur de fausses informations sur la Russie pour justifier l’espionnage d’une campagne présidentielle en représente une aussi. Le Département de la Justice et le FBI ont rejeté les demandes de documents et d’entrevues faites par le Congrès, invoquant l’intégrité de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller ».

Le conflit d’intérêt entre le procureur spécial et l’ancien directeur du FBI est également pointé du doigt, puisque Robert Mueller a lui-même dirigé le FBI entre 2001 et 2008, et qu’il est proche de James Comey. Rappelons également que Mueller a récemment été mis en cause pour avoir fait obstruction à l’enquête de la Commission spéciale du Congrès sur le 11 septembre 2001, alors qu’il était directeur du FBI.

Révolte au sein du Wall Street Journal ?

Gerard Baker, Le rédacteur en chef du journal new-yorkais, mène depuis le début de l’année une bataille auprès de sa propre rédaction pour convaincre les journalistes de tout simplement faire leur métier, plutôt que de passer leur temps à salir le président Trump. Le New-York Times – qui n’a quant à lui aucun remord à agir de la sorte – a rapporté dans son édition du 23 août dernier que Baker a envoyé en pleine nuit une série de courriels à sa rédaction, pour protester contre les invectives anti-Trump devant paraître dans l’édition du lendemain matin, sur le discours de Trump à Phoenix : « Désolé, » écrit-il, « mais il s’agit de commentaires travestis en informations... Ne pourrions-nous pas nous contenter de rapporter ce qu’il a dit, plutôt que d’en faire une exégèse et une critique sélective ? »

A noter, le fait que certains journalistes reprochent à Baker la tribune qu’il avait écrite dans le London Spectator le 19 novembre 2016, où il tournait en ridicule la consternation des élites américaines face à l’élection de Trump et des élites britanniques face au Brexit, en comparant cette situation avec la victoire des Américains contre l’empire britannique lors de la Guerre d’indépendance : « Au moment où les troupes britanniques ont rendu les armes au général George Washington à Yorktown, ils ont chanté une interprétation lugubre d’une vieille chanson à boire qui saisissait de façon improbable l’énormité de ce qui venait d’arriver – le plus puissant empire du monde mis à terre par une foule bigarrée de gueux : ’Le monde complètement chamboulé’. »

AGENDA :

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Les 22, 23 et 24 septembre : Journées de formation et de mobilisation de S&P

AG2017 : RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS :
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