Brèves

Résumé du webcast du 12 décembre avec Lyndon LaRouche

jeudi 21 décembre 2000

Le 12 décembre, Lyndon LaRouche a prononcé un discours retransmis en direct par Internet aux participants d’un séminaire à Washington, dans lequel il a analysé les données fondamentales de la crise politique, économique et financière aux Etats-Unis et proposé un programme politique pour s’en sortir.

LaRouche a sévèrement critiqué le juge de la Cour suprême, Antonin Scalia, pour avoir « transformé ce qui n’était qu’une crise électorale en crise constitutionnelle ». Scalia avait en effet déclaré, le 9 décembre, que permettre le recompte des voix en Floride risquait d’infliger à Bush un « tort irréparable, en jetant le trouble sur ce qu’il estime être la légitimité de son élection ». Autrement dit, la Cour suprême devait assurer la victoire de Bush, et c’est bien ce qu’elle a fait. Pour LaRouche, cette déclaration est typique de l’état d’esprit de Scalia, qui rejette la notion de loi naturelle et le principe du « bien-être général » sur lesquels se fondent la Constitution et la Déclaration d’indépendance américaines. La philosophie de Scalia est comparable à celle du juriste allemand Carl Schmitt, dont la théorie juridique justifiait le totalitarisme nazi comme étant nécessaire à la « défense de l’Etat ».

LaRouche recommandait au contraire de suivre la procédure constitutionnelle, à savoir le vote du Collège électoral, suivi de la réunion du Congrès fédéral, début janvier. L’élection en Floride ayant abouti à une impasse et étant entachée de fraudes- tout comme l’ensemble de l’élection au niveau national, d’ailleurs - la seule démarche juste consistait à laisser le Collège électoral, puis le Congrès, remplir leurs mandats constitutionnels de sélection du candidat le mieux qualifié pour défendre le principe d’intérêt général inscrit dans la Constitution américaine. Il est prévu qu’au cours de ce processus de délibérations, les grands électeurs décident selon leur conscience et non pas en suivant aveuglément le suffrage universel, et qu’ils prennent donc en compte toutes les circonstances de l’élection pour parvenir à une décision raisonnable. Mais il est clair que de telles délibérations ne pouvaient déboucher sur l’élection de Gore ou de Bush.

LaRouche commença ainsi son discours : « Pour de nombreux cercles dans le monde aujourd’hui, la question n’est plus de savoir « qui sera le prochain président des Etats-Unis ? », mais « que deviendra le prochain président, quel qu’il soit ? ».

« Le problème, c’est que la plus grande crise de l’histoire moderne, au moins de ces deux derniers siècles, frappe déjà les Etats-Unis et le monde. Cette crise se tient sur les marches de la Maison Blanche, tel un monstre horrible, attendant d’accueillir le prochain Président quand il se présentera devant cette porte. Et la classe politique des Etats-Unis est incapable de faire face à cette réalité. »

Tout au long de la campagne, aucun des deux candidats principaux n’a abordé les problèmes réels que pose la crise financière mondiale. A aucun moment, ils n’ont parlé des 80 % de la population qui sont les laissés-pour-compte de la « nouvelle économie ». « Et maintenant, ils se retrouvent tout à coup dans un environnement politique où personne ne sait quoi faire -pire, personne ne veut le savoir parce que cela dérangerait leur plan préétabli. (...) Aujourd’hui, la seule question que les hommes politiques se posent, c’est « comment les marchés vont-ils réagir ? » Ils ne pensent plus. Ils se disent que « si demain les marchés montent, cela veut dire que l’on a fait du bon travail. Il ne faut rien faire pour les contrarier ». »

Il y a, bien entendu, des personnes intelligentes au Congrès, mais il reste à savoir, selon LaRouche, si elles auront la possibilité de faire adopter les lois nécessaires ou si, le cas échéant, le Président pourra faire passer des projets de lois raisonnables face à un Congrès hostile ou indécis. « Dans ce cas, on aura tendance à employer des méthodes dictatoriales, parfois dénommées par euphémisme gestion de crise, a poursuivi LaRouche. Une superpuissance présumée, l’Ozymandias de notre époque, une Amérique qui pense pouvoir gouverner le monde alors qu’elle ne peut même pas se gouverner elle-même - c’est une perspective qui a de quoi effrayer le monde entier. »

« La crise qui s’abat sur nous est la plus grave de l’histoire. » Pour l’économie américaine, « il n’y aura pas d’atterrissage en douceur. A moins qu’Alan Greenspan ne tombe la tête la première d’un gratte-ciel. Sinon, l’atterrissage sera dur. Il nous faut donc un président qui reprenne le legs de Franklin Roosevelt. »

« Franklin Roosevelt avait hérité d’une dépression résultant des politiques de certains de ses prédécesseurs : Teddy Roosevelt, Woodrow Wilson, Calvin Coolidge, avec le concours également d’Andrew Mellon. (...) A son arrivée au pouvoir, Roosevelt s’est appuyé sur le principe du bien-être général, sur la connaissance de l’histoire des Etats-Unis. Il n’a peut-être pas été parfait. On peut le critiquer sur de nombreux points, mais il savait ce qu’il faisait. Il est arrivé au pouvoir en même temps qu’Hitler en Allemagne et il a sauvé les Etats-Unis d’un sort semblable au nazisme. Il a sorti l’Amérique de la dépression économique. Il nous guidé pendant la Deuxième Guerre mondiale, posant les bases d’une reprise de l’économie européenne et américaine pour la période de l’après-guerre. Bien sûr, il a commis des erreurs, mais tout compte fait, les Américains et les Européens ont vu leurs conditions de vie s’améliorer. Le monde avait de meilleures chances. »

LaRouche estime que, depuis trente-cinq ans, l’Amérique a pris une autre orientation. « Notre politique depuis 1965 n’a pas marché. Nous nous trouvons dans la pire situation financière et économique des temps modernes. D’où la nécessité de retourner à Franklin Roosevelt, non comme un modèle parfait de ce que nous devrions faire, mais comme une leçon objective de l’histoire, de ce que l’Amérique peut faire avec sa Constitution, avec sa tradition, afin de remettre la nation debout, d’apporter de nouveau la justice à des peuples auxquels on la refuse, et d’engager, avec le reste du monde, des formes de coopération qui soient à l’avantage mutuel de la plupart des nations et de la nôtre. »

Pour conclure, LaRouche lança un appel pressant aux Américains : « Tous ceux qui répondent de l’Amérique, que ce soit au gouvernement ou dans des positions d’influence à l’extérieur du gouvernement, doivent dire : « Il nous faut un Président qui remplisse cette tâche en temps de crise, qui nous unisse et remette la nation sur pied dans ce but. » Car si nous ne le faisons pas, nous sommes tous condamnés ! (...) Le monde entier veut que les Etats-Unis aient un Président de cette sorte. »