La tempête Harvey suscitera-t-elle un effet « Pearl Harbor » ?

jeudi 31 août 2017

« Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve », disait le poète. La population de Houston en fait aujourd’hui l’expérience, avec l’élan de solidarité qui se manifeste à son égard depuis les quatre coins des États-Unis et du monde. Toutefois, sans un prolongement de cet élan afin d’agir sur les causes humaines qui sous-tendent la catastrophe, la chose se répétera à l’avenir. Car cet événement devrait nous rappeler que, contrairement aux chimères des écologistes fondamentalistes et des libéraux qui le réduisent à un animal s’adaptant à son environnement, l’être humain n’est pas impuissant face à la nature.

Le système de régulation des eaux du Texas a été complètement dépassé par Harvey. Mardi, les deux réservoirs du comté de Houston ont débordé, ainsi que la rivière Brazos, inondant les zones résidentielles. Les systèmes de drainage de Houston n’avaient pas été pensés pour faire face à ce type de phénomène, alors que la ville se situe quasiment au niveau de la mer. La ville de Tokyo, par exemple, a construit entre 1992 et 2006 cinq gigantesques réservoirs d’eau souterrains, qui constituent le plus grand système de détournement des eaux dans le monde, et permettent à la ville de faire face aux tempêtes et aux déluges.

Les deux barrages Berker et Addicks, leurs réservoirs, les canaux de drainage et autres structures, datent des années 1940. Suite à cette construction initiale, aucune modification fondamentale n’a été faite, et les deux barrages ont aujourd’hui dépassé de vingt ans leur durée de vie. L’organisme public du contrôle des eaux du comté d’Harris a vu son budget se réduire au cours des dernières années, si bien que début août, son directeur des opérations Matt Zeve mettait en garde contre un arriéré de 100 millions de dollars sur la maintenance, dans les colonnes du journal le Houston Chronicle.

La Maison-Blanche a tenu hier une réunion d’urgence, réunissant les dirigeants politiques du Texas et les ministres du Transport et du Budget, afin d’évoquer la reconstruction de Houston et de la région dans le cadre du plan d’investissement dans les infrastructures envisagé par l’administration. Mais le président Trump, qui avait promis pendant sa campagne de lancer un vaste programme pour rebâtir des infrastructures devenues obsolètes, n’a pas engagé la bataille pour libérer l’économie américaine des banques-casinos de Wall Street, malgré son engagement de rétablir le Glass-Steagall Act séparant les banques de dépôt et les banques d’affaires. De sa promesse d’un plan d’investissement à hauteur de 1000Md$ – insuffisant – il ne reste plus qu’un maigre plan de « partenariat public-privé » de 200Md$ sur 10 ans. Avant l’ouragan Harley, ce plan d’investissement n’incluait même pas les moyens nécessaires pour rénover les systèmes d’aménagement des eaux de Houston et du Comté d’Harris !

En réalité, on estime qu’il faudrait au minimum 8000Md$ pour remettre sur pieds les infrastructures américaines. Le mouvement de LaRouche est pleinement mobilisé pour qu’un déclic se produise dans la population, afin de pousser l’administration Trump à prendre la décision de rompre une bonne fois pour toutes avec Wall Street et de doter à nouveau les États-Unis des instruments du crédit public nécessaires pour développer l’économie physique, modelés sur la Reconstruction Finance Corporation de Franklin Roosevelt (qui lui a permis de financer le New Deal dans les années 1930) et sur la banque nationale d’Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des États-Unis.

En France, Jacques Cheminade et S&P se battent pour lancer un plan d’investissement de 100 milliards d’euros par an dans les infrastructures publiques, afin non seulement de rénover les infrastructures existantes comme les ports, les routes départementales, les voix ferrées, les ponts et les barrages, qui se dégradent sous l’effet de la politique d’austérité budgétaire, et surtout d’en construire de nouvelles, notamment au Havre.

De même que l’attaque des Japonais sur Pearl Harbor en 1941 avait provoqué dans la population américaine l’électrochoc nécessaire pour engager les États-Unis dans la guerre contre l’empire nazi, la catastrophe qui vient de toucher le Texas doit être l’occasion de déclarer la guerre contre l’empire financier de Wall Street et de la City de Londres, dont la logique de court terme et de pillage financier est la principale cause de la vulnérabilité de l’homme face aux éléments de la nature.