Yémen : cessons de fermer les yeux sur les 500 000 cas de choléra !

jeudi 24 août 2017, par Véronique Charuel

Le Yémen est aujourd’hui le théâtre de la pire crise humanitaire au monde. Depuis deux ans, le pays est ravagé par la guerre, et depuis quatre mois une épidémie de choléra s’est propagée dans tout le pays décimant une population déjà fragilisée.

La guerre que l’on vous cache

Pour mieux comprendre, revenons sur l’origine et la nature de la guerre particulièrement meurtrière et dévastatrice qui frappe encore aujourd’hui le Yémen, et dont on parle pas ou très peu.

Lancée en mars 2015 par une coalition de dix États, la guerre contre le Yémen est d’une telle brutalité qu’elle a fait une dizaine de milliers de morts et plus de 2 millions de déplacés. C’est une guerre illégale, qui n’a pas l’approbation de l’ONU et qui ne respecte aucun des principes du droit de la guerre (les bombardements ciblent les hôpitaux, les écoles, etc. les enfants en sont les premières victimes). Cette guerre menée par la coalition saoudienne est une attaque contre l’ethnie et le groupe religieux implanté au Yémen depuis le VIIIe siècle, les Zaydites, mais également contre l’héritage millénaire du Yémen. Ne se contentant pas du massacre d’êtres humains, les Saoudiens s’en prennent à la mémoire de ce peuple, détruisant délibérément son patrimoine culturel et historique particulièrement.

Des actes de guerre avec l’intention de détruire, dans sa totalité ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.

...c’est la définition que donnent les Nations unies au mot « génocide ».

Mais la brutalité des Saoudiens n’est pas une surprise, ce qui choque davantage, c’est le soutien éhonté apporté par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France à l’Arabie saoudite, avec la complicité des principaux médias qui ne rapportent pas les faits. Au-delà du déshonneur que ce soutien porte aux populations de ces pays, il constitue un crime de guerre, un crime contre l’humanité.

Avec le désastre de la guerre, vient celui de la famine qui concerne à ce jour près de 19 millions de personnes, soit les deux tiers de la population yéménite. Plus de sept millions d’enfants et d’adultes sont déjà victimes de sous-alimentation.

Un demi-million de cas de choléra

Une situation catastrophique qui ne fait qu’empirer depuis la rapide propagation du choléra dans tout le pays avec une population déjà très fragilisée.

Alors qu’au mois de juin l’OMS parlait de 100 000 cas suspectés de choléra, voilà que deux mois plus tard, l’organisation déplore que « le nombre total de cas présumés de choléra a franchi le cap des 500 000 » et « 5000 personnes [sont] infectées chaque jour dans tout le pays. »

Oui, vous avez bien lu : « un demi-million » de yéménites sont touchés par le choléra...

Selon l’OMS, si rien n’est fait maintenant pour arrêter « la détérioration des conditions d’hygiène et d’assainissement et des perturbations que subit l’approvisionnement en eau dans le pays, des millions de Yéménites sont menacés de mort. »

Alors que le taux de survie au choléra est de plus de 99% pour les personnes qui ont accès aux services sanitaires, aujourd’hui c’est près de 15 millions de personnes n’ont pas accès aux services de santé les plus rudimentaires :

Le système de santé est en train de s’effondrer et ne parvient pas à répondre aux besoins : plus de la moitié de l’ensemble des établissements de santé ont dû fermer car ils ont été endommagés ou détruits ou parce qu’ils manquent de fonds. Les pénuries de médicaments et de fournitures demeurent un problème courant et 30 000 agents de santé essentiels n’ont pas reçu leur salaire depuis presque un an.

Mettre fin à la guerre géopolitique, changer de paradigme

Le laisser-faire complice de l’occident n’a que trop duré... D’abord, il faut arrêter la guerre. L’OMS, elle-même exhorte les différentes autorités nationales, régionales, et mondiales à « trouver une solution politique à ce conflit ».

La solution à la guerre se trouve dans le changement de paradigme lancé par la Chine et les BRICS et auquel participe aujourd’hui un nombre croissant de pays. Il s’agit de la Nouvelle Route de la soie inspirée de la stratégie politique, plusieurs fois millénaire, de la civilisation chinoise et d’autres civilisations. La sagesse de cette politique consiste à garantir la paix des nations par une politique économique de co-développement entre nations.

Le Yémen, sur le champ bataille et sous les frappes des bombardements, a déjà courageusement préparer avec les BRICS la reprise en main et la reconstruction du pays de l’après guerre. Dans la vidéo ci-après, Fouad Al-Ghaffari, le président de l’Office consultatif pour la coordination avec les BRICS au Yémen, rapporte, dans une conférence en 2016, les efforts et les réalisations accomplis pour l’intégration du Yémen dans la dynamique globale de la Nouvelle Route de la soie chinoise et des BRICS.