Sigmar Gabriel appelle à une « nouvelle politique de détente » envers la Russie

mercredi 2 août 2017

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel et le Président russe Vladimir Poutine, se sont rencontrés plusieurs fois depuis le début de l’année.
kremlin.ru

La volonté de rétablir des relations constructives avec la Russie, initiée par Donald Trump en dépit d’une opposition quasi-unanime de la part des élites américaines, fait apparemment école. C’est ainsi que le ministre des Affaires étrangères allemand Sigmar Gabriel avait déclaré, à la veille du sommet du G20 de Hambourg, que l’Allemagne avait tout à gagner d’une réunion entre les présidents Trump et Poutine si elle permettait de réduire les tensions Est-Ouest. Dans un entretien accordé au magazine Focus, du 16 juillet, il a été encore plus explicite.

Sigmar Gabriel, qui jusqu’en janvier dernier était président du SPD, a appelé « tout le monde » à tenter de comprendre la position de Moscou sur diverses problématiques internationales :

Poutine est déçu par l’Occident. L’UE a organisé des entretiens sur l’association avec l’Ukraine sans discuter de la question avec la Russie.

Or l’établissement de relations moins tendues entre la Russie et l’Allemagne passent d’abord, pour lui, par la résolution de la crise ukrainienne (lire dans l’encadré, ci-après, l’avis de Mme Helga Zepp-LaRouche).

Il prône aussi la modification de la politique de sanctions :

Suivant la décision de l’UE, les accords de Minsk doivent être appliqués à 100% avant que les sanctions soient levées à 100 %. Je crois que ce n’est pas réaliste. Il aurait été plus judicieux de lever progressivement les sanctions afin de montrer tout l’intérêt de franchir des étapes vers la paix.

Malgré tous les arguments contre, a-t-il ajouté :

Je recommande une nouvelle politique envers l’Est et une politique visant à résoudre les tensions.

Pour le chef de la diplomatie allemande, la Russie a été un partenaire fiable et raisonnable, en particulier pour ce qui concerne les livraisons de gaz dont l’Europe a profité. Dans ce contexte, il a de nouveau dénoncé la dernière initiative du Sénat américain, qui entend punir les sociétés européennes impliquées dans des accords sur le gaz avec la Russie. Il est « absolument inacceptable », a-t-il déclaré, que les Etats-Unis poussent davantage la Russie dans ses retranchements, en lui fermant les marchés de gaz en Europe et en obligeant les Européens à acheter du gaz américain. Or, les Européens savent que la Russie « est un transporteur de gaz fiable », qui offre des prix raisonnables.

Gabriel estime qu’il est possible de discuter de manière claire et sans équivoque de sujets politiques sensibles avec Poutine.

Il défend les intérêts russes et il a son propre point de vue du conflit [ukrainien]. (…) C’est pourquoi j’apprécie les entretiens que j’ai avec lui.

Pour engager un dialogue constructif, il est important, selon lui, de comprendre le point de vue russe.

Si pendant les huit prochaines semaines nous séparant des législatives de septembre, le SPD décidait de faire campagne sur ces questions, il s’en tirerait bien mieux dans les urnes face à la CDU d’Angela Merkel, mais jusqu’à présent rien n’indique qu’il le fera.

Helga Zepp-LaRouche : il faut dire la vérité sur la crise ukrainienne

La présidente de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche a pris note de la volonté de Sigmar Gabriel d’améliorer les relations avec la Russie et de lever progressivement les sanctions, mais elle rappelle que la prémisse même de ces sanctions est totalement biaisée. Dans des propos le 23 juillet, elle a souligné que c’est tout le « narratif » sur les causes de la crise ukrainienne qu’il faudrait réfuter publiquement.

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Cette crise n’a pas été provoquée par la prétendue « annexion » de la Crimée par la Russie, mais plutôt à la suite d’une longue opération de « changement de régime » au moyen d’une révolution de couleur à Kiev. Avant février 2014, le département d’Etat américain à lui seul avait déboursé plus de cinq milliards de dollars (!) pour la « promotion de la démocratie » en Ukraine, comme l’a déclaré ouvertement à l’époque l’ancienne secrétaire d’Etat adjointe Victoria Nuland. La crise s’est aggravée, note Helga Zepp-LaRouche, lorsque l’UE a tenté de faire passer à la va-vite l’Accord d’association avec l’Ukraine, accord qui aurait inondé la Russie de produits européens en raison des accords douaniers entre la Russie et l’Ukraine, et aurait donné par ricochet à l’OTAN l’accès aux ports de la mer Noire.

L’évolution de la situation dans l’est de l’Ukraine et le référendum en Crimée, ayant donné une forte majorité pour l’adhésion à la Russie, étaient une conséquence du putsch effectué à Kiev par des forces fascistes et bandéristes soutenues par l’Ouest, a rappelé Mme Zepp-LaRouche. Il faut démolir ce « narratif » et rétablir la vérité, y compris parce qu’il continue à alimenter la propagande anti-Poutine.