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Le système contre Jacques Cheminade

lundi 15 avril 2002

Analyse de Christine Bierre, directeur de campagne de Jacques Cheminade

 
Des manoeuvres dignes des bureaucraties totalitaires, dans leur phase sénile, ont été employées depuis le début de la pré-campagne présidentielle pour empêcher que Jacques Cheminade n’obtienne, pour la deuxième fois, les 500 parrainages nécessaires à sa candidature.

Incapable d’empêcher sa candidature en 1995, la classe politique avait eu alors recours à une véritable campagne de diabolisation nationale contre Cheminade, destinée à étouffer totalement son message politique.

Cette fois-ci, c’est en imposant une véritable chape de plomb médiatique sur sa campagne, levée seulement le temps de faire passer quelques informations venimeuses, et en déployant des individus qu’on aurait honte d’inviter à dîner chez soi, que la classe politique a empêché la candidature de Cheminade.

Parmi les recettes vénitiennes utilisées pour maintenir sous l’eau la tête de Cheminade, notons déjà le fait que, pendant toute la période de collecte de parrainages et alors que quelques « petits » candidats bénéficiaient d’un certain accès aux médias, l’AFP n’a pas jugé bon de faire figurer Jacques Cheminade sur la liste des candidats « officiels ». Très dépendants de l’AFP, beaucoup de médias régionaux qui couvrent régulièrement les activités de Jacques Cheminade, étaient persuadés que celui-ci n’était pas candidat et n’ont donc jamais répercuté sa campagne.

Parmi les autres « cadeaux empoisonnés » des officiels, notons également que l’ensemble du système Radio France a totalement boudé sa candidature, alors que de « petits » candidats, parmi lesquels certains n’ont obtenu que quelques parrainages, étaient reçus plus qu’aimablement sur les antennes de France-Inter ou de France-Info. Ainsi, Jean-Michel Apathie et Pierre Le Marc, du service politique, n’ont eu aucun scrupule à faire passer à l’antenne un « boursicoteur d’extrême-droite » comme Nicolas Miguet, alors que par ailleurs, ils refusaient toute invitation à Jacques Cheminade. Signalons enfin, sur le site web de RFI, un article sur les petits candidats, signé par Clarisse Vernhes, où Jacques Cheminade était présenté comme un candidat « folklorique » - la preuve absolue étant qu’il est favorable à la « colonisation de la lune » - et adepte de Lyndon LaRouche, « proche du Ku Klux Klan » !

Dès qu’il est devenu évident que Jacques Cheminade avait dépassé les 500 promesses de parrainage, France 2 et France 3 - toujours l’audiovisuel public - se sont déployés pour assurer que le candidat n’irait pas plus loin en ridiculisant ses idées. Dans le style le plus pur de la propagande noire, Stephan Grand, du service politique de France 3, a conduit une interview avec le candidat, l’agressant à propos d’une prétendue « réputation d’extrême-droite qui lui collerait à la peau », de sa collaboration avec Lyndon LaRouche, un proche du Klu Klux Klan « avéré », et de son programme spatial ! Réduite à la réponse sur le projet de colonisation de la lune, l’interview a été diffusée au « Soir 3 », entre deux candidats ridicules, dont Cindy Lee, la présidente du Parti du plaisir, provoquant l’effet que l’on peut imaginer : Cheminade, c’est un « lunatique » !

Notons que le mot déontologie est absent du vocabulaire de ce journaliste qui, de son propre aveu, ne s’était même pas donné la peine de prendre connaissance du programme de Cheminade avant l’interview, mais qui avait bien, par contre, ramassé toutes les calomnies diffusées en boucle contre lui par une certaine presse américaine. Dans le même style, quoique moins virulent, David Pujadas a diffusé une autre interview de quelques secondes avec Cheminade, cette fois-ci en sandwich entre Nicolas Miguet et Cindy Lee, trois candidats qui, selon le journaliste, n’obtiendraient pas leurs 500 parrainages. Au cours de l’interview, Jacques Cheminade a été présenté comme le candidat dont la mesure « phare » était le combat pour améliorer les conditions de santé publique dans les écoles, mesure qui figure bien parmi quantité d’autres dans son projet, mais qui n’était nullement au centre de sa campagne.

Annonciateur de toute une stratégie ourdie contre le candidat, un article du Parisien - toujours présent quand il s’agit d’éventer les bruits en provenance de différents services de police - annonçait le 4 janvier que « l’énigmatique Jacques Cheminade, déjà candidat en 1995, aura cette fois bien du mal à « séduire » les maires ruraux ». Toujours dans la presse caniveau, Sylvie de Macedo, dans un article paru dans France Soir du 18 décembre, travestissait totalement les propos du candidat et prétendait que celui-ci n’avait aucune intention de « rendre l’argent », le million avancé par l’Etat lors de la présidentielle de 1995 que Cheminade doit toujours rembourser suite au rejet de son compte de campagne par le Conseil constiutionnel. L’obsession anale, aurait dit Freud, pour les signatures et l’argent, en évacuant tout contexte d’idées, permet toujours de repérer les divers agents du système.

proche de Chirac avec les ennemis de Cheminade

Mais le pire était encore à venir. A partir du 26 février, lorsque les militants commencèrent à organiser la collecte des parrainages officiels promis par les maires, plusieurs dizaines d’entre eux se sont désistés, prétextant que Jacques Cheminade était le gourou d’une « secte ». C’est alors que la campagne de Cheminade apprit que L’Hebdo, un journal appartenant à Nicolas Miguet, autre candidat à la pré-candidature, avait publié le 20 février, un article intitulé « Maires sous influence d’une secte ». L’article accusait à tort Cheminade « d’animer un mouvement classé comme « secte » par le rapport parlementaire ». Et il ajoutait que « les pauvres maires victimes des « belles paroles » des suppôts de Cheminade doivent s’attendre au pire s’il a ses 500 signatures : les membres actifs de la mission anti-secte vont les « éplucher ». Ils doivent s’attendre à une vérification approfondie de leur situation sous tous les angles et à des dénonciations publiques via les journaux locaux. Les députés concernés promettent une « vigilance sans défaut » à leur endroit - cinq ans sans subventions sont assurés ! »

Malgré un droit de réponse rectifiant les faits imputés et soulignant qu’aucun rapport officiel (parlementaire ou autre) n’avait jamais répertorié Cheminade ni les organisations auxquelles il participe ou a participé comme « secte », L’Hebdo a continué ses attaques dans le numéro du 6 mars, ainsi que dans ceux des 20 et 27 mars. Dans celui du 6 mars, on peut lire une brève intitulée « vigilance anti-sectes » dans laquelle l’auteur prétend que « La mission anti-sectes vient de confirmer nos informations d’il y a deux semaines » concernant Cheminade, « le candidat de l’obscur POE à l’élection présidentielle de 2002 ». Dans celui du 20 mars, il accuse Cheminade de posséder un « casier judiciaire chargé », alors que celui-ci est vierge.

Craignant pour leurs subventions, sentant souvent qu’ils n’ont pas tous les moyens nécessaires pour pouvoir choisir entre les différents candidats à la présidence, un certain nombre de maires ont préféré de ne pas tenir les promesses qu’ils avaient pourtant engagées sur l’honneur. Soulignons à leur décharge, que beaucoup d’entre eux jettent le journal de Miguet, auquel ils ont été abonnés gratuitement deux ou trois mois avant l’élection, dès qu’il arrive en mairie et que, parmi ceux qui se sont désistés, certains sont revenus sur leur décision après s’être mieux informés par eux-mêmes du passé de cet individu.

D’un point de vue idéologique, tout sépare Miguet et Cheminade. Auteur de guides de conseils financiers et éditeur de journaux financiers tels que Capital Bourse, Argent Plus ou la Lettre de la Bourse, Miguet, qui préside aussi aux destinés du Rassemblement des contribuables français (RCF), organisation ayant pour mesure-phare la réduction des impôts, se situe clairement dans la mouvance financière ultra-libérale que dénonce Cheminade. Son discours poujadiste, sa participation aux fêtes du Front National à la fin des années 1990, sa reprise ratée de l’hebdomadaire d’extrême droite, Minute, dont il a copié le format pour L’Hebdo, ses appels répétés à la droite pour durcir le ton, font de lui un promoteur du national-libéralisme.

En lui même, Miguet n’est rien : un affairiste « connu comme le loup blanc » dans les tribunaux, dont la réputation est telle que même la droite extrême n’en veut pas ! Si on ne se met pas à table avec Miguet, c’est bien le genre de personnage qu’on utilise pour faire circuler des tuyaux pourris. Miguet n’est, en réalité, que la queue d’un animal dont la tête est bien plus importante que lui et qui a été utilisé pour empêcher Cheminade d’être candidat.

Mais qui pourrait être la tête de l’animal dont Miguet représente la queue ? Selon un article d’Yves Bordenave, journaliste judiciaire au Monde (04/04), Miguet aurait bénéficié de l’aide du « député RPR du Vaucluse, Thierry Mariani ». Celui-ci aurait demandé à ses amis politiques, par courrier, à la mi-mars, de « permettre la participation du candidat du bon sens à ce débat majeur en parrainant sa candidature ». Vérifications faites sur les listes rendues publiques par le Conseil constitutionnel, l’une de ses proches, Colette Jacquié, lui a, en effet, apporté son parrainage.

Qui est donc Thierry Mariani ? Secrétaire national du RPR, on le dit très proche de Jacques Chirac et même ministrable si ce dernier venait à être élu. Mariani est à la droite de la droite du RPR, le type d’homme à faire de la surenchère pour gagner au RPR ceux qui seraient plus tentés par le Front National. Maire de Valréas, dans le Vaucluse, Mariani doit survivre aux côtés de Jacques Bompard, maire Front national d’Orange, dans une région où les thèses du Front national restent très dominantes. Les déclarations de Mariani sur l’immigration, dossier dont il la charge au RPR, n’ont rien à envier à celles d’un Jean-Marie Le Pen ou d’un Bruno Mégret. Au sein du RPR, Mariani représente aussi la droite « chrétienne » : avec Christine Boutin (UDF), il plaida, pour le RPR, le dossier contre le PACS, et il est de tous les combats des anti-avortement, tout en défendant par ailleurs des conceptions économiques qui réduisent le niveau de vie de ceux qui travaillent et donc leurs moyens d’avoir des enfants. Thierry Mariani est également responsable du groupe d’études sur les sectes au sein de l’Assemblée nationale...

Jospin : Cheminade, le « raté » de l’élection de 1995

Si Jacques Chirac ou ses proches ont pu tremper dans la déstabilisation de la candidature de Jacques Cheminade, certaines déclarations faites par Lionel Jospin au site www.Professionpolitique.info, indiquent que le Parti socialiste a pu aussi y mettre son grain de sel. En effet, voici ce que répond Lionel Jospin à un questionnaire adressé par ce site à tous les candidats, à propos du caractère démocratique du système de 500 parrainages : « Le système des parrainages a été fait pour éviter les candidatures publicitaires, de type Ducatel en 1969, ou celles de petits groupes d’intérêts, voire de farfelus, ou encore celles qui ne visent qu’à toucher l’argent public alloué aux candidats. Il n’a pas pour but et ne doit pas avoir pour effet d’altérer le pluralisme. Jusqu’à présent, il a fonctionné à peu près correctement, (encore que l’on ait vu quelques ratés, songeons à la candidature Cheminade) (c’est nous qui soulignons). Il n’a pas empêché des candidats représentant de véritables sensibilités politiques, incarnées par des partis, d’accéder à la candidature et de participer au débat démocratique. » Au nom de quoi Lionel Jospin prétend-il que la candidature de Jacques Cheminade, qui avait recueilli alors plus de 550 parrainages, était un « raté » ? A en croire la dernière phrase du commentaire de Jospin, Cheminade ne représenterait aucune véritable sensibilité politique incarnée dans un parti, un système honni par de Gaulle, contre lequel ce système de parrainage devait être un garde-fou !

La suite

Malgré cet ensemble d’opérations, la candidature de Jacques Cheminade a obtenu 406 parrainages officiels, bien plus que la plupart des « petits » candidats dont la plupart ont obtenu les leurs à l’aide de grands partis ; bien plus que certains autres « petits » qui ont été bien plus couverts par les médias mais dont les parrainages n’atteignent même pas 200 (Larrouturou, Waechter, Lalonde).

Là encore, bien qu’une dépêche de l’AFP ait fait état de 406 parrainages obtenus par Jacques Cheminade, la presse de l’élite parisienne (Le Parisien, Libération, Le Figaro, Le Monde) a éliminé le nom de Cheminade des articles commentant les résultats des « recalés ». Une pratique parfaitement « négationniste » - le terme est à la mode - largement utilisée contre lui dans cette élection. S’inspirant sans doute de Staline, qui faisait effacer la tête de Trotsky, tombé en disgrâce, de toutes les photos officielles de l’URSS, France 2 et Libération ont totalement éliminé le nom de Cheminade des rétrospectives incluant les présidentielles de 1995 !

A ceux qui veulent le faire taire, cependant, Cheminade répond : rendez-vous en 2007 !