Le secret de la croissance chinoise : la séparation bancaire

lundi 24 juillet 2017

Malgré toutes les incantations des prévisionnistes occidentaux, le produit intérieur brut de la Chine a enregistré une croissance de 6,9 % sur un an au deuxième trimestre 2017, chiffre identique à celui du premier trimestre.

Du côté occidental, au contraire, les économies, sous perfusion des banques centrales depuis la crise de 2008, n’arrivent pas à décoller. On serait revenus au plein emploi, nous dit-on. Seulement, celui-ci est tellement précaire, qu’il est incapable de tirer l’économie de l’avant. Quelles sont les raisons de ces deux tendances ?

Au cours de la dernière décennie, les banques chinoises ont généré pour quelque 10000 milliards de dollars de crédit. Au cours de la même période, les institutions financières de la zone transatlantique plus le Japon ont émis pour plus de 15 000 milliards de dollars en « assouplissement quantitatif ».

Or, alors que le crédit émis par la Chine était investi dans des activités productives, l’argent occidental a servi à nourrir exclusivement la bulle spéculative, qui s’est à nouveau développée suite au krach de 2008.

La Chine est devenue la locomotive de l’économie mondiale, ses crédits permettant de financer l’initiative « Une Ceinture, une Route » (Nouvelles Routes de la soie terrestre et maritime) avec la construction d’infrastructures modernes, des projets scientifiques ambitieux dans le domaine de l’espace, de la fusion nucléaire, etc.

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Pendant ce temps, l’industrie en Occident s’effondre, les infrastructures sont décrépites, la pauvreté progresse et le chômage persiste, tandis que de nombreux projets de recherche scientifique sont abandonnés.

Ce paradoxe s’explique par le fait que les banques chinoises fonctionnent selon le principe régulateur de la séparation bancaire de type Glass-Steagall, alors que les banques occidentales sont déréglementées et organisées sur le modèle de « banque universelle ».

Ironiquement, alors même que les États-Unis démantelaient les dispositions de la loi Glass-Steagall, la Chine introduisait de son côté ce même règlement, qu’elle a gardé depuis en dépit de pressions dans le sens contraire.

Comme le fait remarquer le 5 avril 2016 le Financial Times, en vertu de la Loi bancaire chinoise de 1995, les banques commerciales (publiques ou privées) n’ont pas le droit « de souscrire à des introductions en Bourse ou de faire fonction de courtier en Bourse, les deux plus grandes sources de revenus pour les sociétés financières ».

En 2003-2004, puis à nouveau en 2015 lorsque les profits bancaires reculaient, en Chine, certains lobbies ont tenté de faire tomber le mur de séparation, en faveur du modèle de « banque universelle », mais les autorités ont résisté. La croissance économique a même augmenté après chaque décision de maintenir une séparation stricte. Certes, il existe des bulles dans l’économie chinoise mais les banques commerciales sont largement protégées contre les soubresauts d’une crise dans le secteur financier.

Une conséquence de cette politique, c’est que les banques commerciales chinoises sont beaucoup plus engagées proportionnellement dans des prêts à l’économie réelle et aux entreprises que les méga-banques américaines et européennes.

Les activités de marché qui représentaient 50 à 60 % du total en 2015 pour HSBC, JPMorgan Chase, Deutsche Bank, et Citibank, étaient inférieurs à 20 % pour la Banque de Chine, la Banque chinoise de Construction, la Banque agricole de Chine, et à 30 % pour la Banque Commerciale et Industrielle de Chine.

Et malgré leur part énorme du crédit à l’échelle mondiale, les banques commerciales chinoises ont une exposition aux produits dérivés qui est inférieure à 3 % du total détenu par les grandes banques du monde.

Le moment est donc venu de nous mobiliser pleinement pour une séparation stricte et patrimoniale des banques, préalable à toute sortie de crise. Rejoignez dès aujourd’hui la mobilisation citoyenne pour la « moralisation de la vie bancaire » en signant la pétition et en soutenant notre proposition de projet de loi. Une occasion rêvée pour interpeller vos élus !