Uber : quand le modèle économique de Macron vire au cauchemar

lundi 6 mars 2017

Nous avions précédemment décortiqué la logique d’Uberpop et avions mis en garde contre l’« uberisation » du travail qu’a intronisée la loi El Khomri du travail.

L’article que nous reprenons ici, de Ludo Simbille publié le 28 février 2017 sur le site Observatoire des multinationales, décrit le cauchemar dans lequel sombrent les « auto-entrepreneurs » d’Uber, et vient malheureusement confirmer nos craintes d’un grand retour au droit du travail du XIXe siècle par un salariat déguisé et non protégé des « entrepreneurs » qui deviennent ainsi les esclaves modernes d’Uber.

« Tous entrepreneurs » ?

Chauffeurs Uber : au volant avec les prolétaires 2.0,
« entrepreneurs » pour 3,5 euros de l’heure

Par Ludo Simbille, 28 février 2017, Observatoire des multinationales.

Ils travaillent plus de 60 heures par semaine et gagnent moins que le Smic. Ce sont les chauffeurs VTC. Ils seraient autour de 20 000 en France. L’arrivée de la plateforme numérique Uber a suscité espoirs et vocations pour de nombreux exclus du marché du travail. Et la marque a tout fait pour attirer de nouveaux « partenaires », en particulier en Seine-Saint-Denis où le chômage dépasse les 18%. Derrière les promesses d’autonomie et d’activités rémunératrices, beaucoup découvrent la précarité, le salariat déguisé sans protection sociale, l’endettement et, au final, une nouvelle forme de soumission. Aujourd’hui en lutte, certains chauffeurs s’apprêtent à attaquer Uber en justice pour travail dissimulé. Reportage auprès de ces « uberusés » en colère.

Ils portent des costumes-cravates classieux, conduisent des berlines noires étincelantes aux vitres teintées et font pourtant des courses pour moins de 5 euros. « T’imagines ! On est moins cher que la RATP », lâche Ali, la quarantaine fatiguée en montrant une Peugeot 508 éclatante. Si quatre passagers font une course de 7 euros, ça leur revient à 1,75 euros par personne. »

Depuis plusieurs mois, la colère gronde sous les capots contre les plateformes numériques de mise en relation entre passagers et chauffeurs, Uber bien sûr, en tant que leader incontesté du secteur, mais aussi Snapcar, Le Cab, Chauffeurs privés ou MarcelCaB. La plupart des chauffeurs alternent entre ces marques mais restent fidèles au géant et ses 1,5 million d’utilisateurs en France. Face aux grèves et actions à répétition de ses travailleurs « VTC », pour voiture de transport avec chauffeur, la direction d’Uber a été contrainte d’ouvrir, ce 22 février, des négociations avec leurs représentants syndicaux [1]. Au programme : étudier un dispositif de soutien aux chauffeurs en difficulté. Pour certains, l’« innovation » Uber commence à virer au cauchemar. (...) lire tout l’article