Le dialogue Trump-Poutine mettra-t-il fin à la guerre froide ?

mercredi 1er février 2017

Pendant sa première semaine à la Maison Blanche, le président Trump a signé un décret (Executive Order) précisant ses priorités militaires pour les premiers mois de son mandat. Selon un exemplaire préliminaire obtenu par le Washington Post, tout en haut de la liste figure la guerre contre Daech et « d’autres formes de terrorisme islamique radical ». Le décret appelle aussi à un accroissement des forces militaires américaines, notamment celles nécessaires pour combattre Daech, et implique une suspension du plafonnement que le président Barack Obama avait imposé aux dépenses de la défense pour une décennie.

Les politiques de la nouvelle administration ne sont pas encore définies, mais le fait que le nouveau Président ait eu un entretien téléphonique d’une heure le 28 janvier avec son homologue russe Vladimir Poutine, et qu’ils aient discuté longuement de la collaboration russo-américaine contre Daech, indique que Trump entend tenir sa promesse de rétablir des relations positives avec la Russie.

Nouvelle Solidarité N° 11/2016 - S’abonner

Suite à l’appel, des membres de l’administration Trump ont confirmé que le Président envisage sérieusement de lever les sanctions contre la Russie.

Leur discussion a suivi de quelques jours les pourparlers de paix en Syrie, à Astana au Kazakhstan, sous l’égide de la nouvelle « troïka » régionale — Russie, Turquie, Iran. La déclaration finale affirme que ces trois pays observeront et garantiront conjointement la poursuite du cessez-le-feu entré en vigueur le 30 décembre et joueront aussi un rôle central dans les négociations de Genève prévues pour fin février. Un projet de constitution syrienne proposé par la Russie a été présenté aux participants des discussions, dont le gouvernement syrien et des représentants des rebelles. Il semblerait que le Kremlin espère que l’administration Trump participera à la prochaine phase des négociations.

Un autre décret signé par Trump la semaine dernière et relatif à la Syrie, supprime une phrase d’un projet antérieur prévoyant une « zone de sécurité » sur le territoire syrien. Une telle initiative serait impraticable en l’absence de l’autorisation de Damas et d’une coordination avec Moscou.

Une indication de l’évolution de la situation vient du ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, qui a reconnu qu’il n’est plus envisageable d’exiger le départ du président Bachar Assad comme précondition pour mettre fin à la guerre. Compte tenu de la coopération de la Turquie avec la Russie et l’Iran, l’Arabie saoudite n’a plus les moyens de peser sur le sort d’Assad.

Si les États-Unis se joignent à cet effort pour résoudre la tragédie syrienne, les conséquences potentielles sont immenses. D’autant plus que la rédaction du décret sur la défense, qui mentionne des concurrents « presque des pairs » des États-Unis (soit la Russie et la Chine), est très loin du langage hostile à la Russie des années Obama.