Yémen : silence, les Etats-Unis d’Obama tuent !

mardi 3 janvier 2017, par Christine Bierre

Les bombes à sous-munitions que les Etats-Unis fournissent à l’Arabie saoudite font des ravages au Yémen.

Peu avant Noël, le Congressional Research Service américain a remis au Congrès un rapport accablant sur la guerre menée contre le Yémen par l’Arabie saoudite, avec le soutien... des États-Unis.

Bien que ce rapport n’ait pas été rendu public, cela n’a pas empêché le Canard enchaîné d’en révéler des éléments essentiels, dans sa dernière livraison du 28 décembre 2016. Des « éléments », nous dit le volatile, qui ont été « transmis au ministère de la Défense par l’ambassade de France à Washington ». Les voies du Seigneur, tout comme celles de la transmission d’informations classées, sont décidément impénétrables...

Ces informations « recueillies auprès des militaires et des services de renseignement américains » confirment le bilan terrifiant qui circule depuis des mois sur cette guerre.

« Plus de 10 000 tués, dont 4 000 civils. Quelque 17 millions d’habitants (soit 80 % de la population) ont besoin d’une assistance humanitaire qui ne leur parvient pas à cause des opérations menées en zones rurales. Et, sur ce total, 14 millions de Yéménites, dont 400 000 enfants, sont insuffisamment ou pas ravitaillés en eau et en nourriture. Résultat : on a enregistré 1400 cas mortels de choléra et la disparition de 10 000 enfants de moins de 5 ans, victimes de diarrhée et de difficultés respiratoires. Enfin, on estime à 2,2 millions les Yéménites déplacés à l’intérieur du pays. »

Nouvelle Solidarité N° 9/2016 - S’abonner.

Quant au rôle des États-Unis, que ceux-ci viennent de réduire symboliquement pour éviter que leurs soldats ne soient accusés de crimes de guerre, le Canard révèle que c’est depuis une petite base, non loin de la capitale saoudienne, que le général Lloyd Austin, patron de l’US Central Command (Proche-Orient et Asie centrale), supervise les opérations et planifie les raids de la coalition ! Et les cibles de cette guerre « anti-terroriste » ne sont pas Al-Qaïda ou Daech, comme on aurait pu le croire naïvement.

Le Canard rappelle que le 27 mai 2015, il avait signalé que le port et l’aéroport de la ville de Al Mukallah, sur la côte orientale du Yémen, qui se trouvaient aux mains d’Al-Qaïda, n’étaient, très curieusement, jamais bombardés. Le 8 avril, Le Monde, pourtant suppôt des États-Unis en France, reconnaissait que cette guerre ne faisait que favoriser l’influence de ces deux organisations terroristes au Yémen !

Le 13 décembre, Washington a annoncé sa décision de suspendre la réalisation des contrats de vente d’armes à l’Arabie saoudite, en particulier ceux portant sur la livraison de missiles guidés de précision. Comble du cynisme, cependant, ils maintiennent leur soutien à l’armée saoudienne et comptent renforcer leur entraînement aux tirs ciblés. C’est eux, Messieurs les juges, pas nous !