De Huxley à la COP21 : les Britanniques ont repeint l’eugénisme en « vert »

jeudi 19 novembre 2015

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Dans cette étude, Jeffrey Steinberg, un des collaborateurs de l’économiste américain Lyndon LaRouche qui a participé à la rédaction du rapport spécial de l’Executive Intelligence Review (EIR) sur les enjeux cachés du sommet climatique COP21 de Paris, révèle une vérité qui dérange. Car en vérité, le mouvement écologique mondial, qui promeut le catastrophisme climatique actuel, n’est pas un mouvement humaniste agissant pour le bien des générations futures, mais la énième métamorphosée d’un vieux courant oligarchique eugéniste.

Julian Huxley, lors du discours de la création de l’UNESCO qu’il présidait.
UNESCO

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, alors que le monde commençait seulement à découvrir les horreurs du génocide nazi et que les tribunaux de Nuremberg débutaient à peine leur travail, la monarchie britannique entreprit de rénover ces politiques de « science des races » et de génocide qui avaient conduits à l’euthanasie des « inaptes » et aux camps de la mort.

Sir Julian Huxley, petit-fils de Thomas Huxley (surnommé « le bouledogue de Darwin ») et président de la Société eugénique britannique, utilisa sa position de premier directeur général à l’UNESCO (organisation éducationnelle, scientifique et culturelle des Nations unies) pour favoriser ce renouveau.

En 1946, lors du discours inaugurant la nouvelle agence des Nations unies, il déclare :

Bien qu’il soit parfaitement vrai que toute politique eugénique radicale sera pour plusieurs années politiquement et psychologiquement impossible, il sera important pour l’UNESCO de faire en sorte que le problème eugénique soit examiné avec la plus grande attention et que l’esprit du public soit informé des enjeux, et ceci afin que ce qui est impensable aujourd’hui puisse au moins le devenir.

En réalité, la Société eugénique britannique n’a jamais été dissoute. Sa résurgence s’effectua sous une nouvelle bannière : celle de l’écologie et de la protection de la nature. Tout comme le parti nazi d’Hitler avait ses racines dans la contre-culture écologiste des années 1920, le nouveau mouvement eugénique allait naître d’une série d’organisations environnementalistes mises sur pied par les agents de Sa Majesté. A ce jour, ces organisations restent les principaux promoteurs, au niveau mondial, de politiques qui, au nom de la « protection de la nature », pourraient provoquer un génocide.

Comme le transhumanisme à la sauce Google de nos jours, l’eugénisme se présentait initialement comme une science nourri d’apports scientifiques multiples.

Ce n’est rien de nouveau pour la Couronne britannique. Le culte de la race promu par Hitler, son programme de génocide, ainsi que le fait de faire passer la protection de la nature avant le progrès de l’humanité, sont des idées qui ont été conçues à Londres dans la seconde moitié du XIXe siècle, en particulier grâce à des individus comme Charles Darwin, Thomas Huxley, Francis Galton, Herbert Spencer et Arthur Tansley, qui ont tous œuvré à la promotion d’une forme extrême de génocide malthusien.

Darwin a d’abord développé l’idée que l’évolution de l’homme à partir d’une espèce inférieure était le fait d’une « sélection naturelle », déterminée par l’aptitude biologique d’une espèce à faire face à son environnement.

Il rejeta catégoriquement le rôle qualitatif et extra-biologique de la créativité humaine et de la science dans cette évolution. Adaptant la fraude de Darwin au développement de la société humaine, Spencer développa le concept de « survie du plus apte ».

Dans cette entreprise de rénovation malthusienne, Tansley est le premier à parler d’« écologie », plaçant la préservation du système écologique au-dessus de la nature créatrice de l’homme. Enfin, pour le cousin germain de Darwin, Galton, l’eugénisme est conçu comme une approche « scientifique » à l’abattage sélectif des « nuisibles » du troupeau humain. Mais plutôt que d’éliminer les « inaptes », il propose de ne laisser naître que des individus « aptes » à la survie !

Dans chaque cas, le but commun de toutes ces idées folles et antihumaines était de justifier la réduction de la population, afin de préserver un système de pouvoir oligarchique éternel.

Le titre complet du plus célèbre des travaux de Darwin, L’origine des espèces, était « De l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie » (1859). Précédant ce texte, l’Essai sur le principe de la population, publié en 1798 par Thomas Malthus (1766-1823), servit de base aux travaux de Darwin, Spencer, Huxley, Galton et Tansley.

Malthus écrit :

Tous les enfants qui naissent au-delà du nombre nécessaire pour maintenir la population à un niveau souhaité, doivent nécessairement périr, à moins que les adultes ne meurent pour leur laisser la place. (…) il faudrait donc favoriser la mortalité naturelle, au lieu de tenter vainement et sottement de la freiner ; et si le retour trop fréquent de la famine nous effraie, nous devrions avoir recours pour la prévenir à d’autres moyens de destruction. Loin de recommander aux pauvres la propreté, nous devrions favoriser des habitudes contraires. (…) Nous devrions surtout refuser les remèdes spécifiques qu’on oppose aux maladies dévastatrices ; et notre réprobation engloberait ces hommes bienveillants, mais catastrophiques, qui croient avoir rendu service à l’humanité en faisant des plans pour extirper certains maux.

L’infâme Bertrand Russell

Un siècle et demi après Malthus, Lord Bertrand Russell, un proche des Huxley, reformule le dictat de Malthus dans un langage encore plus franc.

En 1923, dans son livre Perspectives d’une civilisation industrielle, il développe la doctrine de suprématie de la race, utilisant le terme « socialisme international » pour désigner une dictature oligarchique féodale mondiale :

Le Socialisme, et en particulier le socialisme international, n’est possible comme système viable que si la démographie est stationnaire ou presque. Une lente augmentation pourrait être surmontée avec l’amélioration des méthodes agricoles, mais une augmentation rapide finira par réduire l’ensemble de la population à la pénurie (…) la population blanche du monde cessera bientôt d’augmenter. Pour les races asiatiques cela prendra du temps, et pour les nègres encore plus de temps, avant que leurs taux de natalité tombent suffisamment pour stabiliser leur nombre sans faire appel à la guerre et aux épidémies (…) D’ici que cela arrive, les bienfaits envisagés par le socialisme ne peuvent être que partiellement réalisés, et les races moins prolifiques devront se défendre contre les plus prolifiques par des méthodes qui sont répugnantes, même si elles sont nécessaires.

En 1951, dans son essai L’impact de la science sur la société, où il aborde l’emploi de la psychologie de masse pour maintenir la majorité des êtres humains irrémédiablement arriérés et soumis, Russell préconise sans vergogne le genre de génocide de masse qui est devenu l’argument essentiel de la propagande écologiste du mari de la Reine d’Angleterre, le prince Philip d’Edimbourg.

Russell écrit :

Les mauvais temps, pourrait-on dire, sont exceptionnels, et peuvent être surmontés par des méthodes exceptionnelles. Ce fut plus ou moins vrai pendant la période de lune de miel de l’industrialisation, mais cela ne le restera pas à moins que l’augmentation démographique ne soit considérablement diminuée. La population du monde s’accroît à présent au rythme de 58 000 habitants par jour. La guerre, jusqu’ici, n’a pas eu grand effet sur cet accroissement, qui s’est maintenu pendant chacune des guerres mondiales. (…) La guerre a été décevante à cet égard, mais la guerre bactériologique pourrait s’avérer plus efficace. Si une peste noire pouvait se répandre à travers le monde une fois par génération, les survivants pourrait procréer librement sans provoquer un trop plein (…) Cette situation peut paraître quelque peu désagréable, et alors ? Les individus vraiment nobles sont indifférents au bonheur, particulièrement celui des autres.

Tous ces génocidaires de la haute société britannique du début du XXe siècle sont de fanatiques défenseurs de la nature, préférant de loin une nature inchangée à l’humanité qu’ils n’hésitent pas à qualifier « d’ennemie », « de cancer », etc.

L’écologie du « Nouvel empire »

Arthur Tansley (1871-1955), inventeur du concept d’écologie.
Wikipedia

La promotion de l’écologie et de la protection de la nature a aussi une dimension impériale.

Comme les Britanniques avaient modifié leurs méthodes de gouvernance coloniale au début du XXe siècle, passant d’une gestion directe impériale à la gestion indirecte sous le régime du Commonwealth, il était essentiel pour eux d’établir une mainmise sérieuse sur les grands espaces du continent africain.

Pour cela, ils placèrent au cœur de leur programme de « nouvel empire », la création de réserves de chasse et de réserves naturelles, le long des frontières entre pays africains.

En 1903, la Société pour la préservation de la faune sauvage de l’Empire est créée sous le contrôle direct de la Couronne britannique, sur le modèle des « réserves » à accès de population limité, expérimentées par le Raj britannique en Inde.

En 1904, Sir Arthur Tansley fonde le Comité britannique pour la défense de la végétation. En 1912, la Société pour la promotion des réserves naturelles voit le jour. Le comité a sélectionné 273 zones géographiques à mettre à l’abri de toute activité humaine.

Un an plus tard, en 1913, la Société de l’écologie britannique est fondée. Tansley fut, du début jusqu’à l’après-guerre, une figure clé dans toutes ces différentes organisations. Dans la dernière période de ses efforts, il travaille étroitement avec Sir Julian Huxley et un certain Max Nicholson.

L’ornithologue britannique Max Nicholson (1904-2003). En collaboration avec Julian Huxley et Arthur Tansley, il fonda le WWF.

La préservation de la nature a été un thème très fort lorsque la Grande-Bretagne promeut le fascisme à l’échelle européenne. En 1931, Huxley et Nicholson créent le groupe de réflexion « Programmation politique et économique (PPE) », qui produit une série de documents d’orientation promouvant activement le modèle corporatiste, que Benito Mussolini sera le premier à appliquer en Italie. Ce think tank a collaboré de près, tout au long de son existence, avec la Société eugénique britannique (SEB). Ensemble, la PPE et la SEB fondent, en 1937, le Comité pour une politique de la population (CPP), qui donne naissance en 1944 à la Commission royale sur la population. Y compris pendant la guerre, la Couronne britannique a promu un programme à long terme en faveur d’une réduction radicale de population.

En 1955, sous la direction conjointe de Huxley et Nicholson, la PPE publie un registre historique de la population humaine et des ressources naturelles, intitulé « Population mondiale et ressources ». Rapidement, ce registre devient la bible des organisations eugénistes et malthusiennes et de l’internationale « conservationniste ».

En 1945, Huxley, Tansley et Nicholson fondent le Comité spécial pour la préservation des fauves, connu par la suite sous le nom du « Comité Huxley », du nom de son président. Suite aux travaux de cette commission sur un programme élargi à l’écologie et à la préservation de la nature, les trois mêmes fondent l’Association britannique pour la préservation de la nature (British Nature Conservancy – BNC), directement placée sous les ordres du Conseil privé de la Reine, la vraie structure de gouvernance impériale. Cela tombait bien, car de 1945 à 1952, le secrétaire du Conseil privé était Max Nicholson. Il quitta ce poste en 1952 pour remplacer Tansley à la tête de la BNC.

En sa qualité de secrétaire du Conseil privé de la Reine, Nicholson avait chargé Julian Huxley de diriger une étude sur la préservation de la nature en Angleterre et au Pays de Galles, qui se concrétisa en juillet 1947 par un recensement en Angleterre des zones à transformer en réserves naturelles. A cette époque, la BNC avait obtenu le statut d’organisme de recherche du Conseil privé, dont les déclarations avaient valeur de certitude scientifique.

Julian Huxley en 1964.
Wikipedia

Ce qui était initialement promu comme un programme anglais pour ressusciter l’eugénisme et le malthusianisme radical au lendemain de la défaite d’Hitler, se retrouva « mondialisé » grâce à la position de Julian Huxley comme directeur exécutif de l’UNESCO.

En 1948, Huxley convoque à Fontainebleau une conférence sponsorisée par l’UNESCO, où l’Union internationale pour la préservation de la nature (UIPN) est officiellement lancée comme organisation internationale composée d’organismes publics et privés. Dans son discours d’ouverture, Huxley déclare que « la prolifération de l’homme doit prendre la seconde place par rapport à la préservation des autres espèces ».

Il est clair qu’à cette époque, le mouvement planétaire pour l’écologie et la préservation de la nature n’est autre qu’une simple opération oligarchique sans le moindre soutien populaire, et ce, pour plusieurs décennies encore.

Rallier le grand public

En 1960, après une tournée de trois mois en Afrique, Sir Julian Huxley, âgé de 73 ans, écrit une série d’articles dans The Observer avertissant que l’on ne peut pas faire confiance aux Etats africains venant d’obtenir leur indépendance, pour la préservation de la nature et la protection des espèces menacées. A l’initiative de Max Nicholson, l’UIPN lance alors un mouvement populaire mondial visant à contraindre les Etats à créer des réserves naturelles et des réserves de chasse sur tout le continent africain, le tout sous le contrôle d’une autorité indépendante.

Nicholson décrit le processus :

Après que le directoire de l’UIPN eut approuvé un mémorandum que j’avais écrit à Pâques dans le Cotswolds, le reste du travail préparatoire fut réalisé à Londres, de mai à septembre, par un groupe informel sous ma présidence, qui aboutit à la constitution juridique, à Zurich, d’une fondation caritative internationale baptisée le "World Wildlife Fund" (Fonds mondial pour la nature).

Le WWF adore faire peur.

Dès sa naissance, le WWF s’installe au siège suisse de l’UIPN et sa fondation est annoncée lors de conférences de presse simultanées à Londres et au Tanganyika.

Nicholson et Huxley n’eurent aucun mal à convaincre le prince Philip d’Edimbourg, déjà un malthusien fanatique, de prendre la tête du WWF britannique. Pour éviter qu’il n’apparaisse comme une organisation purement britannique, le prince Bernhard des Pays-Bas est nommé à la tête de la direction internationale. Son pédigrée, notamment sa qualité d’ancien membre encarté du parti nazi, n’a pas posé le moindre problème.

Avec le lancement du WWF, premier effort pour rallier le grand public à leur cause, les fondateurs, en particulier Max Nicholson, reconnaissaient qu’ils voulaient réellement forcer un changement majeur du paradigme culturel. En réalité, il s’agissait d’imposer la vision philosophique d’un homme barbare et « ennemi » de la nature. Dans La révolution de l’environnement : guide à l’usage des nouveaux maîtres du monde (1970), Nicholson écrit :

Nous devrions peut-être remonter jusqu’à la Réforme et à la Renaissance pour observer une désintégration générale comparable des valeurs établies depuis longtemps, résultant de l’impact de perspectives et d’idées nouvelles (...) Le message de l’écologie (…) sape bon nombre de valeurs et croyances récentes et appréciées, par une sorte de bouleversement sismique qui laissera dans son sillage des tas de ruines intellectuelles et éthiques. Sismique semble le mot approprié parce que la force émotionnelle et l’intensité derrière l’idée de préservation est aussi importante que son pouvoir intellectuel.

Ce qui trahit le véritable objectif de ce « changement sismique », c’est que Sir Julian Huxley et Max Nicholson, les deux parrains du WWF, sont également des dirigeants de la Société eugénique britannique.

En 1962, Huxley écrit Too Many People (Trop de gens), un essai publié dans le recueil de Fairfield Osborn, Our Crowded Planet : Essays on the pressures of population (Notre planète surpeuplée : essais sur les contraintes de la population).

Huxley y souligne :

La surpopulation est la menace la plus grave au bonheur et au progrès humain dans cette période déterminante de l’histoire mondiale. Cette menace n’est pas aussi grave que celle d’une guerre atomique, mais il y a urgence car elle provient de notre nature (…) Le point essentiel est que la surpopulation est un problème mondial si préoccupant qu’il l’emporte sur tous les autres problèmes mondiaux, tels l’érosion des sols, la pauvreté, la malnutrition, les pénuries de matières premières, l’illettrisme, et même le désarmement (…) Si rien n’est fait à ce sujet, dans les cent prochaines années, l’humanité aura perdu toute prétention à régner comme seigneur de la création ou gardien de son propre destin, et sera devenue le cancer de sa planète, dévorant sans nécessité ses ressources et niant ses propres potentialités dans une vague de surmultiplication (…) Car le contrôle de la population, j’en suis tout à fait certain, est un préalable à toute amélioration radicale du sort de l’humanité.

Le WWF voit le jour à un moment où, avec l’élection du président Kennedy aux Etats-Unis, se répand un nouvel optimisme culturel. La mission lunaire Apollo vient de démontrer la capacité de l’homme à explorer des horizons scientifiques nouveaux et à redéfinir entièrement la nature des ressources. A cela s’ajoute le sentiment que l’ère du colonialisme et des empires touche à sa fin. A la même époque, Kennedy met en place les Peace Corps (des missions de coopération Nord-Sud), tandis que la perspective de mettre fin à la guerre froide avec l’Union Soviétique, grâce à une série d’échanges épistolaires privés entre JFK et le premier secrétaire Khrouchtchev, ainsi que d’autres initiatives prometteuses, représentent une menace directe aux desseins et à la puissance de l’empire britannique.

Subjuguer les consciences

Tout cela bascula de façon dramatique avec l’assassinat du président Kennedy, l’éviction du chancelier allemand Konrad Adenauer, les tentatives d’assassinats contre Charles de Gaulle et son départ de la présidence française. Avec le début de la guerre du Vietnam, les émeutes urbaines et les assassinats de Robert F. Kennedy et de Martin Luther King, l’optimisme du début des années 1960 se transforma en un pessimisme culturel amer, en particulier chez les jeunes des deux rives de l’Atlantique.

En 1957, Sir William Sargant, un psychiatre militaire britannique de l’institut Tavistock ayant résidé plus d’une décennie aux Etats-Unis, de la fin des années 1950 jusqu’au début des années 1970, écrit un livre sur la possibilité d’induire des crises psychotiques de masse par des secousses sociales successives, amplifiées par les nouveaux médias de masses émergents que sont la télévision et la radio.

Dans Bataille pour l’esprit, un livre écrit alors qu’il travaille pour le projet MK-Ultra de la CIA, consistant à étudier l’instrumentalisation de la drogue et des superstitions religieuses à des fins militaires, Sargant écrit :

Différents types de croyances peuvent être induites chez beaucoup de gens, une fois les fonctions du cerveau perturbées par des peurs, des colères et des excitations induites accidentellement ou volontairement. Parmi les résultats causés par de telles perturbations, le plus courant est une perte de jugement temporaire et une influençabilité accrue. Lorsqu’il s’agit d’un groupe, on parle parfois d’instinct moutonnier, apparaissant de façon spectaculaire en temps de guerre, lors d’épidémies graves et d’autres périodes de danger collectif qui augmentent l’anxiété et par conséquent l’influençabilité individuelle et commune.

Avant les traumatismes des années 60, la plupart des Américains et Européens auraient rejeté comme autant d’inepties le malthusianisme radical et les idées eugénistes du WWF. En situation de choc, ces idées, associées à l’apparition de la contre-culture du rock et du sexe marchandise, semblent soudainement « normales ».

Si le WWF est le premier à décoller, une offensive de propagande beaucoup plus vaste est lancée pour répandre l’évangile de l’écologie et de la protection de la nature. En 1962, Rachel Carson écrit son fameux Silent Spring (Le printemps silencieux), une diatribe contre le DDT et les pesticides en général. C’est la première de toute une série de récits catastrophistes contre la science et le progrès, dont un public ayant perdu tout sens critique se délecte de plus en plus.

En 1968, le Club de Rome est fondé en tant qu’organisme international, chargé de populariser le mythe selon lequel la croissance démographique et économique est condamnée à s’effondrer à cause d’un épuisement fatal des ressources. Son texte fondateur s’intitule : The Predicament of Mankind (La situation difficile de l’humanité), suivi en 1972 de Halte à la croissance ?, un livre de pure propagande, dépourvu de tout fondement scientifique.

En 1970, le prince Bernhard et son ami intime Anton Rupert, le magnat du tabac sud-africain, lancent le « Club 1001 », dont l’objectif est d’assurer une base financière stable pour le WWF. Ce cercle secret se compose de 1001 membres qui contribuent chacun à hauteur de 10 000 dollars par an, assurant ainsi un trésor de guerre annuel de dix millions de dollars pour la propagande du WWF.

Bien que l’identité des membres du club devait être tenue secrète, lorsque les noms de certains d’entre eux ont fuité, le monde découvrit une liste qui se lisait comme le Who’s who de l’oligarchie occidentale et moyen-orientale, dont des magnats flamboyants, une poignée d’escrocs purs et simples et des criminels notoires.

Membres du Club 1001, le prince Johannes von Thurn und Taxis, de la vieille famille oligarchique vénitienne, le blanchisseur de l’argent sale du Mossad, Tibor Rosenbaum, le marchand d’armes Adam Khashoggi, le magnat des médias Conrad Black, etc. Le major Louis Mortimer Bloomfield, lié à l’assassinat du président Kennedy, était lui aussi un membre fondateur.

Parallèlement à la création du Club 1001, quelques membres éminents du pôle financier du WWF lancent en 1970 le « Jour de la Terre », un évènement international pour célébrer l’émergence de « l’écologie » comme nouvelle cause globale. Le canadien Maurice Strong en est l’un des architectes. Deux ans plus tard, il sera aussi l’instigateur d’une conférence des Nations unies sur l’environnement (il était alors directeur général de l’UNEP, le Programme des Nations unies pour l’environnement). De fait, Strong reprenait le flambeau de Julian Huxley qui allait mourir trois ans plus tard.

L’anthropologue américaine Margaret Mead.
britannica.com

Étroitement lié au lancement de l’UNEP, en 1974, les Nations unies accueillent à Bucarest, en Roumanie, la troisième conférence sur la population mondiale, avec la participation de 135 nations. L’un des principaux organisateurs de cette conférence est l’anthropologue américaine Margaret Mead, une partisane du contrôle démographique. Parmi les conférenciers invités, citons John D. Rockefeller III, dont la famille a financé la plupart des études eugénistes d’avant-guerre dans le monde.

Lors de la conférence, le mythe de la surpopulation est démasqué par l’intervention du mouvement de l’économiste américain Lyndon LaRouche. Ses partisans font circuler parmi les participants un programme en faveur d’un « Projet Manhattan », c’est-à-dire d’une mobilisation économique et scientifique à marche forcée pour développer l’énergie de fusion thermonucléaire. Faisant de l’hydrogène sa ressource de base, cette transition énergétique offrirait à l’humanité de l’énergie et des moyens d’existence pour plusieurs siècles.

La future épouse de M. LaRouche, l’allemande Helga Zepp, s’interpose alors dans les débats en affirmant que si le programme « environnemental » de l’UNEP était appliqué, il provoquerait un nombre de morts « cent fois pire qu’Hitler ». Les organisateurs suspendent aussitôt la séance. Lors de la conférence de presse qui s’ensuit, Mme Zepp prend également à partie Margaret Mead sur ce même point devant 200 journalistes, ce qui n’empêchera pas l’anthropologue de redoubler de virulence dans ses communications ultérieures. Ainsi, dans un éditorial publié dans la revue Science, elle déclare :

La conférence des Nations unies sur la population qui s’est conclue le 31 août à Bucarest, a adopté par acclamation un plan mondial d’action qui répond à l’inquiétude mondiale grandissante sur le sort de la planète (…) A Bucarest, on a constaté qu’une croissance démographique sans restriction à l’échelle mondiale pourrait en réduire les gains socio-économiques et compromettre irrémédiablement l’environnement (…) L’idée excessive en vogue jusqu’ici, selon laquelle la justice sociale et économique peut de toutes façons compenser l’augmentation de la population, et qu’une simple politique contraceptive suffit pour réduire l’explosion démographique, a été battue en brèche (…) Ces gouvernements, pour qui la croissance démographique excessive est nuisible à leur dessein national, se sont donnés 1985 comme date butoir pour fournir des informations et des méthodes de mise en œuvre de ces objectifs.

Le lancement du catastrophisme climatique

Mead, à l’époque présidente de l’Association américaine pour le progrès de la science (AAAS), organise l’année suivante une conférence à Research Triangle Park en Caroline du Nord pour lancer l’imposture du « réchauffement global » et du « changement climatique ».

La conférence est truffée d’adeptes de l’écrivain malthusien Paul Ehrlich, auteur de la « Bombe de la population », un des pamphlets les plus extrêmes en faveur d’un arrêt de la croissance démographique, sous prétexte que l’homme représente une menace pour l’écologie de la planète.

Le discours d’ouverture de Mead inaugure le thème du « réchauffement climatique » :

A moins que les peuples ne commencent à comprendre les conséquences considérables et à long terme de ce qui leur semble de petites décisions immédiates – creuser un puits, ouvrir une route, construire un avion, faire un test nucléaire, installer un surgénérateur, relâcher des produits chimiques dans l’atmosphère ou balancer des quantités de déchets concentrés dans les mers – toute la planète risque d’être en danger.

Barack Obama avec son principal conseiller scientifique, John Holdren, un écolo-malthusien fanatique.
theblaze.com

Elle demanda une étude sur les dangers qu’encourt l’atmosphère à cause de l’activité humaine, et comment « le savoir scientifique, couplé à une action sociale intelligente, peut protéger les peuples d’une interférence, par ailleurs susceptible de prévention, dont dépend toute vie.

Parmi les participants à la conférence, on remarque John Holdren, qui est aujourd’hui le principal conseiller scientifique du président Barack Obama. Cosignataire avec Ehrlich d’un certain nombre de livres et d’articles, Holdren est par ailleurs l’architecte d’un appel à plafonner les émissions de carbone et d’un plan concerté pour réduire la population mondiale.

Dans le résumé de sa contribution à une conférence en 1975, Holdren nous met en garde :

L’homme a déjà atteint une échelle d’intervention sur la nature qui rivalise avec les processus naturels (…) De plus, beaucoup de ces formes d’intervention ne conduiront à des effets nuisibles qu’après des périodes mesurables en années, en décennies et même en siècles. Le temps que le caractère néfaste du mal se manifeste, il sera difficile ou impossible d’y remédier. Certains effets nuisibles seront devenus quasiment irréversibles.

Pour affronter la prétendue crise qui va arriver, les pseudo-scientifiques réunis à cette conférence concluent qu’ils doivent lancer une campagne internationale pour faire peur, basée sur l’affirmation non prouvée que l’industrialisation et d’autres activités humaines vont finir par détruire la planète. Un des participants, le climatologue Stephen Schneider, ne mâche pas ses mots à propos du catastrophisme qu’il s’agit de promouvoir.

En 1989, dans le magazine Discover, il écrit : « Pour capter l’imagination de l’opinion publique, il faut présenter des scénarios qui font peur, faire des déclarations dramatiques simplifiées et mentionner le moins possible nos doutes éventuels. Chacun de nous devra choisir le bon équilibre entre être efficace et être honnête ».

En réalité, tous les ingrédients de l’imposture climatique furent mis sur la table lors de cette conférence de 1975.

Passer à l’action

La suite n’est que l’application de cette stratégie, l’ONU accueillant toute la propagande verte et faisant toujours plus pression pour que les pays se soumettent à la destruction économique afin de sauver la planète. L’UIPN, qui a obtenu dès 1968 le statut consultatif à l’ONU (grâce à la résolution 1296), a dès le début forgé les politiques onusiennes sur la question environnementale.

En 1982, l’Assemblée générale de l’ONU adopte la Charte pour la nature, préparée par l’UIPN. En 1987, le rapport « Notre destin commun » est publié par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement, mandatée par le secrétaire général de l’ONU Pérez De Cuéllar. Ce rapport, connu comme le « rapport Brundtland » (du nom de son président, Gro Harlem Brundtland), va populariser le terme de développement « durable » en promouvant des méthodes rétrogrades de production d’énergie, d’agriculture ou d’autres pratiques économiques, en vérité pas du tout soutenables.

En 1988, l’ONU met sur pied le GIEC (Panel intergouvernemental d’experts sur le climat), qui clame partout que le « réchauffement climatique » est dû aux émissions de CO2 causées par l’activité productive de l’homme. Entre 1990 et 2014, le GIEC publie plus de 40 rapports jurant que le ciel va nous tomber sur la tête. Des équipes d’auteurs remplissent des milliers de pages classées sous trois rubriques :

  1. « Evaluation » du changement climatique, sous forme de cinq ensembles de quatre rapports chacun ;
  2. Onze rapports spéciaux, par exemple sur « La protection de la couche d’ozone » (2005), et
  3. Dix rapports méthodologiques, notamment sur comment mesurer les « zones humides » (2013).

Un des objectifs du GIEC est de démoraliser les scientifiques en les soumettant aux impostures écologiques.

En 1989, se crée une association mondiale de législateurs pour l’équilibre écologique, sous l’acronyme GLOBE (Global Legislators Organization for a Balanced Environment). Cette nouvelle entité vise à regrouper et coordonner les parlementaires engagés à « superviser la mise en place de lois imposant le développement durable ».

Parmi les fondateurs de GLOBE, l’ancien vice-président américain Al Gore ainsi que le Premier ministre britannique Tony Blair, le ministère britannique des colonies (UK Foreign & Commonwealth Office) et la Société zoologique de Londres. Aujourd’hui GLOBE revendique des membres dans 80 pays.

Toutes ces initiatives préparaient la voie au Sommet de Rio, officiellement la Conférence des Nations unies sur le climat et l’environnement, organisé en juin 1992 à Rio de Janeiro, au Brésil. Ce conclave de 172 gouvernements, en présence de 116 chefs d’Etat, donne naissance à l’UNFCCC (UN Framework Convention on Climate Change). En marge, un sommet parallèle réunit au même moment 17 000 participants des ONG et de la société civile, se présentant comme une force de frappe verte.

La COP

Le Prince Charles et Ségolène Royale, en route pour la COP21 de Paris.
REX Shut/SIPA

C’est dans le cadre de l’UNFCC qu’une conférence annuelle des parties (COP) s’organise chaque année pour imposer des dates butoirs pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre. La COP1 a lieu à Berlin en décembre 1994. Lors de la COP3, à Kyoto au Japon, un texte, connu comme le « protocole de Kyoto », est présenté. Il vise à soumettre les nations à un accord légalement contraignant pour réduire collectivement six gaz à effet de serre (le dioxyde de carbone ou CO2, le méthane et quatre autres) de 5,2 % avant 2010 par rapport à 1990. (Ceci aurait représenté une baisse de 25 % par rapport aux émissions prévisibles). Plusieurs pays se braquent. On lance alors une « période d’engagements » afin de maintenir le processus. D’abord de 2005 à 2012, puis de 2012 à 2020 (connue comme la période de l’amendement de Doha), modifiée par la suite lors de la COP20 à Lima et signée, à l’heure actuelle (juillet 2015), par 36 pays. C’est ce texte qu’on tentera de faire signer par tout le monde lors de la COP21 à Paris en décembre.

Ce qu’on demande aux nations, avec ou sans les traités diplomatiques qui conviennent, c’est d’appliquer chacune des mesures permettant de « sauver la planète » : les énergies « renouvelables » (photovoltaïque, éolien et biomasse), une agriculture et une industrie « soutenables » qui renoncent aux intrants, aux pesticides et à l’irrigation, le tout, bien sûr, au détriment de leurs propres populations.

L’ennemi c’est l’humanité

Le but visé de ce processus est bel et bien de tuer des gens. Le taux de mortalité et de dégradation est mesurable lorsqu’on applique ces recettes vertes aux fonctions vitales de l’économie.

  • La pollution. Une des peurs répandues pour défendre la Mère-Terre, c’est que le DDT est dangereux. En 1972, il est interdit d’emploi aux Etats-Unis suite au lobbying des fascistes verts auprès du Congrès américain. Depuis, son utilisation a été drastiquement réduite au niveau mondial. Conséquence : plus de 70 millions de morts à cause du paludisme, essentiellement en Afrique, alors que le DDT aurait pu les empêcher. A l’heure actuelle, 200 millions de personnes contractent le paludisme chaque année et plus de 500 000 en meurent. D’après les dernières études de l’OMS, ce sont 3,5 milliards d’humains qui y sont exposés actuellement.
  • Les combustibles renouvelables. Une autre fraude mortelle, c’est l’idée que les biocarburants comme l’éthanol, le gasohol (mélange composé à 90 % d’essence et 10 % d’éthanol) et le biodiesel soient souhaitables comme énergies « renouvelables ». De vastes terres cultivables, du maïs américain à la canne à sucre brésilienne en passant par l’huile de palme de l’Asie du sud-est, devront produire des carburants qui partiront en fumée. La main d’œuvre, les semences et les intrants sont ainsi détournés vers un processus de dégradation de l’agriculture. En 2005, les États-Unis ont adopté le Renewable Fuel Standard, une loi obligeant le pays à produire un volume annuel de biocarburants à ajouter à l’essence (l’éthanol produit à partir de maïs). Ce processus s’est amplifié au niveau mondial. La perte de nourriture est faramineuse. Depuis 2010, un tiers de la production américaine de maïs, qui représente un tiers de la production mondiale, est allée aux biocarburants. Ce maïs aurait pu nourrir 560 millions de personnes au lieu de partir en fumée avec les 4x4 qui encombrent nos villes.

L’objectif de la dépopulation n’a jamais aussi clairement énoncé que dans un texte du Club de Rome de 1991, La première révolution globale :

En cherchant un nouvel ennemi qui pourrait nous unir, nous sommes arrivés à la conclusion que l’idée de pollution, de réchauffement climatique, de pénuries d’eau et de nourriture ferait bien l’affaire (…) En les désignant comme les ennemis, nous tombons dans le piège de confondre les symptômes avec les causes. Tous ces dangers résultent de l’intervention humaine et c’est seulement par des attitudes et des comportements différents qu’on pourra les surmonter. Le véritable ennemi, c’est donc l’humanité elle-même.