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La Syrie sera-t-elle la prochaine cible ?

jeudi 25 octobre 2001

Plus particulièrement depuis le 11 septembre - mais déjà avant - certains éléments du renseignement américain, comme l’ancien directeur de la CIA James Woolsey, et de l’administration Bush, comme le sous-secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz, font campagne en faveur d’une attaque contre l’Irak. Suite à l’assassinat du général Ze’evi, tout laisse à penser que la Syrie pourrait faire l’objet d’une frappe militaire.

Depuis la fin août, et surtout depuis le 11 septembre, des responsables de haut niveau comme Richard Armitage, vice-secrétaire d’Etat, ont menacé le gouvernement de Damas, laissant entendre qu’il protège ou qu’il agit en collusion avec des groupes terroristes.

Selon une source militaire britannique, la guerre anglo-américaine en Afghanistan, aujourd’hui dans sa troisième semaine, n’est que la " phase initiale " de la " guerre contre le terrorisme. Je ne pense pas qu’on nous dise ce qui se passe réellement au niveau militaire, à l’intérieur et autour de l’Afghanistan. Je pense que c’est un " leurre " pour une action planifiée au Proche-Orient contre la Syrie, et sans doute contre l’Irak ".

Selon cette source, " il y a eu récemment des vols de reconnaissance réguliers au-dessus de la Syrie. La Syrie est sur le devant de la scène, étant donné l’évolution de la situation au Liban - le Hezbollah - et le FPLP ". Au Liban, base du Hezbollah, le gouvernement syrien exerce une influence majeure et 20 000 soldats syriens y sont stationnés. Quant au FPLP, il a toujours son siège à Damas. Cette source parlait aussi de " nouvelles révélations " qui pourraient apparaître à propos de l’attentat de Lockerbie.

Un tribunal écossais, siégeant à La Haye, avait condamné un agent secret libyen pour son rôle dans l’attentat du Vol 103 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie (Ecosse), en décembre 1988. Il faut se rappeler que la première piste d’enquête dans l’attentat de Lockerbie conduisait au FPLP-Commandement général- une dissidence du FPLP qui a aussi son siège à Damas. Cette piste avait été abandonnée en 1990-91, quand il fallut intégrer la Syrie à la " coalition de la guerre du Golfe " dirigée par George Bush Sr. et Margaret Thatcher. Selon cette source, la " piste libyenne " n’était qu’une " fiction " créée essentiellement par l’actuel directeur du FBI, Robert Mueller. Le 15 octobre, une procédure d’appel a été introduite à La Haye pour " annuler la piste libyenne " et faire ressortir " l’angle syrien ".

Selon cette source, Bush et Blair " s’occuperont de la Syrie " tandis qu’Israël " se tiendra en dehors " de toute action militaire directe. La probabilité d’un tel développement s’est accrue avec l’assassinat du ministre israélien du Tourisme Ze’evi, mais " le calendrier des opérations militaires n’est pas clair ". Un des problèmes est l’Iran qui, à cause de ses liens avec le Hezbollah, est aussi visé par les cercles anglo-américains et israéliens. Mais il se peut qu’ils l’évitent en estimant que ce n’est pas politiquement correct de s’en prendre à ce pays.

Le 20 octobre, le Daily Telegraph affirmait, dans un article intitulé " La Syrie parraine le terrorisme ", que ce pays, " l’un des principaux parrains des radicaux islamiques violents au Proche-Orient, a échappé à la condamnation dans la campagne anti-terroriste lancée par George W. Bush. Ceci est compréhensible tant que les alliés sont préoccupés par l’Afghanistan. Cependant, dans le cas d’une extension de la guerre globale contre le terrorisme, Damas ne mériterait par un traitement aussi favorable. (...) Pour l’instant, les alliés se concentrent sur la défaite d’Oussama Ben Laden, tout en s’efforçant de raviver les négociations de paix au Proche-Orient, afin de garder les Arabes dans la coalition anti-terroriste. Lorsque cette phase sera terminée, la Syrie devrait être confrontée à un choix, du genre de celui posé par Israël à M. Arafat : soit elle ferme les bureaux islamistes à Damas et permet à l’armée libanaise d’occuper le Liban sud, soit elle sera considérée comme un Etat voyou, et passible d’une action militaire punitive ."