Jaurès 2014 : devoir de mémoire ? Non, devoir d’action !

mercredi 30 juillet 2014, par Bertrand Buisson

Cet été, Solidarité & Progrès lance sa caravane Jaurès pour aller projeter sur la place publique de nombreuses villes et villages notre série vidéo Mission Jaurès. Le but : provoquer le débat et voir ce que ce pays a dans le ventre !

Lancement de la Caravane Jaurès sur les quais de Seine le 23 juillet.
Julien Lemaître - S&P

Plus on entend parler de Jaurès et moins l’on sait qui il est ! Comme si le petit monde des spécialistes de Jaurès nous l’avait confisqué... Jaurès fait-il encore peur ? Oui, et à travers lui, ses idées ! Solidarité & Progrès entreprend donc de rendre Jaurès au peuple, pas comme une icône à honorer, mais comme une source d’inspiration pour affronter les défis d’aujourd’hui. Comme à son époque, non seulement le sort de l’humanité reste entre les mains d’une oligarchie militaro-financière, mais le peuple brille encore par son irresponsabilité (faiblesse qu’il est pourtant prompt à fustiger chez les dirigeants politiques).

Oh ! je ne demande pas aux jeunes gens de venir à nous par mode. Ceux que la mode nous a donnés, la mode nous les a repris. Qu’elle les garde. Ils vieilliront avec elle. Mais je demande à tous ceux qui prennent au sérieux la vie, si brève même pour eux, qui nous est donnée à tous, je leur demande : Qu’allez- vous faire de vos vingt ans ? Qu’allez-vous faire de vos cœurs ? Qu’allez-vous faire de vos cerveaux ?  [1]

C’est comme ça que Jean Jaurès parlait aux gens venus l’écouter ! Il ne cherchait pas à les séduire avec des slogans et des promesses. Jean Jaurès n’est pas un bisounours lanceur de belles paroles. Quand il prêchait la paix, il avait une doctrine militaire redoutable [2] ; quand il dénonçait la finance, il avait un plan pour reprendre le contrôle public du crédit [3] ; quand il parlait réforme scolaire, il amenait une véritable idée sur la nature de l’esprit humain. [4]

Quand on voit l’état tout à fait incertain de notre République cent ans plus tard, il est extrêmement périlleux de vouloir cantonner Jaurès dans un musée et saluer sa mémoire.

Jaurès était-il heureux ?

Attaqué, calomnié, saboté, appauvri... Jaurès a eu une existence difficile, mais il a toujours agi à la hauteur de ce dont il avait conscience (et cherchait toujours à agrandir sa conscience)... il faudrait être totalement ignorant des problèmes du monde aujourd’hui pour vivre heureux et sans rien faire ! Et comme ce n’est évidemment pas le cas des Français, notre Mission Jaurès part sur les routes cet été pour projeter ses vidéos sur la place publique : Toulouse, Carmaux, Fronton, Agen, Samatan, Montpellier, etc.

Lors de la première à Paris, sur les quais de Seine, une quarantaine de personnes ont participé devant des passants étonnés ; certains se sont juste arrêtés un moment et sont repartis avec notre flyer pour aller voir la série sur internet, d’autres sont restés, puis se sont pris au débat. Car il y a une attente dans le pays. Les questions ont fusé : « Qu’aurait fait Jaurès aujourd’hui ? », « Comment défendre ses idées ? », « Mais 2014 ressemble fort étrangement à 1914 ! », « Comment agir ? », « Comment s’organiser ? », « Comment faire pour inspirer les autres ? », « Qu’est-ce que le progrès au fond ? », « Quelle culture pour faire une République ? »

Certes, il faut donner une réponse politique à ces questions et nous nous y attelons chaque jour, mais le but de notre caravane est aussi de faire en sorte que les gens se posent ces questions, ouvertement. Fidèles à l’esprit jaurésien, c’est la curiosité, la découverte et la nécessité du progrès qui tirent les citoyens vers l’action. Seule la poursuite de l’idéal transforme le monde. Rendons-nous compte que le problème politique fondamental de notre société aujourd’hui est de croire que ce qui est juste, beau et nécessaire n’est pas possible ! Cette croyance n’est pas celle d’un monde humain, mais d’un monde oligarchique... Pour dépasser ces croyances, le seul remède, c’est la connaissance et l’action !

Fin août, notre caravane Jaurès interviendra sur le gouvernement et les responsables socialistes lors des universités d’été du PS à La Rochelle. Ils ont besoin de voir des gens un peu plus responsables qu’eux. Venez avec nous ou bien rendez cette action possible... Nous avons besoin de vos dons pour que la caravane roule !

Retrouvez les dates, villes et horaires des projections sur notre page spéciale, ainsi que les vidéos et le flyer à commander gratuitement pour mobiliser vos amis : solidariteetprogres.org/jaures2014

« L’art de tuer Jaurès »

Extrait d’un article de Benoît Bréville et Jérôme Pellissier, paru dans Le Monde diplomatique n°724 de juillet 2014 :

« (…) ’Les choix du Président sont dans la continuité de ceux de Jaurès’, avance M. Henri Nallet, président de la Fondation Jean-Jaurès, dans une vidéo diffusée sur le site de l’Elysée. Cette fondation, présidée par un ancien ministre socialiste devenu cadre pour les laboratoires Servier et dirigée par le communicant Gilles Finchelstein (Havas Worldwide), est officiellement chargée d’orchestrer les célébrations du centenaire. Elle est la seule habilitée à décerner le label ’2014, année Jaurès’ à toutes sortes d’initiatives, en particulier celles qu’elle a impulsées (…) Notoirement proche du PS, elle participe à l’entreprise lancée par M. Hollande et son entourage, qui peuvent également compter sur le soutien de multinationales. Le spectacle « socialiste » de l’année, piloté par l’ancien ministre Paul Quilès et intitulé ’Une voix pour la paix’, est ainsi sponsorisé par Veolia, LVMH, Eiffage, Vinci ou encore Orange. (...) »

Notons que le maire de la très belle ville de Cordes-sur-Ciel (Tarn), qui nous a refusé l’autorisation de projeter dans « ses » rues, est un certain Paul Quilès…

Voir tous les épisodes :


[1Discours à l’occasion des obsèques de Francis de Pressensé, 22 janvier 1914.

[2cf. L’Armée Nouvelle publiée en 1911 – épisode 3 de notre série.

[3cf. Le crédit démocratique, écrit en 1892 – épisode 4.

[4cf. Lettre aux instituteurs et institutrices de 1888 – épisode 6 (à venir...).