Pourquoi S&P s’oppose à la fermeture du réacteur Osiris en 2015

mardi 1er juillet 2014, par Karel Vereycken

Le réacteur expérimental Osiris du CEA à Saclay sert à de multiples expérimentations et à la production de radio-isotopes essentiels à la médecine nucléaire.
P.Stroppa/CEA

Après 48 ans d’activité, le réacteur Osiris basé au Commissariat de l’énergie atomique (CEA) de Saclay doit être fermé d’ici 2015. Mis en service en 1966, Osiris est un réacteur nucléaire de recherche, ce qui signifie que la chaleur produite n’est pas récupérée pour fabriquer de l’électricité mais pour des expériences au service du développement de la filière électronucléaire. Et surtout, les radio-isotopes issus de ces expériences, notamment le technétium 99, sont destinés à la médecine nucléaire.

Ces radioéléments sont absolument indispensables pour effectuer des traitements par radiothérapie, pour l’imagerie médicale et la stérilisation du matériel. Introduits dans le corps, ces radio-isotopes sont également utilisés à des fins de diagnostic. Il se trouve que le réacteur Osiris produit environ 7 % de la production mondiale de technétium 99, le radio-isotope le plus utilisé dans la médecine nucléaire. Il est même capable de doubler cette production en cas de défaillance d’autres centres.

Après avoir été réactivé en 2010 pour une durée de 5 ans, le CEA, pour éviter une catastrophe médicale, propose aujourd’hui de rallonger la durée de fonctionnement d’Osiris de trois ans. Non pas pour faire de l’argent, mais pour garantir la transition avec le réacteur Jules Horowitz, actuellement en construction sur le site de Cadarache près de Marseille, le seul capable de prendre le relais. Seulement, Horowitz ne sera pas opérationnel avant 2018-2020.

Il est évident qu’une fermeture du réacteur de Saclay, sans remplaçant, serait un véritable risque sanitaire, non seulement en France mais également dans le reste du monde.

Aujourd’hui, le CEA, qui demande sa prolongation, a les mains liées. Pour prolonger la durée de vie du réacteur Osiris, l’ASN (l’Autorité de Sureté Nucléaire) exige une enquête pour vérifier sa sûreté et sa viabilité. Une fois cette enquête menée, il s’agit d’adapter Osiris aux normes de sécurité, des travaux qui engendreraient des millions d’euros de frais. Le CEA n’étant pas en mesure de couvrir ces dépenses, a donc appelé à l’aide de l’Etat sur ce dossier. Ce dernier, euro-austérité oblige, regarde ailleurs.

Saisie cet hiver, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) doit remettre aux ministères de la Santé et de la Recherche son rapport afin d’éclairer la décision finale qui doit être prise en comité interministériel.

Le facteur temps n’est pourtant pas un détail, car « pour continuer à faire fonctionner le réacteur au-delà de 2015, nous devons absolument passer commande maintenant des éléments combustibles », explique Pascal Saint-Etienne, technicien sur Osiris.

Mobilisés depuis des mois, les salariés du CEA ont lancé une grève illimitée depuis une semaine et se demandent si le gouvernement n’a pas choisi la stratégie du pourrissement. C’est-à-dire on ne décide rien pour constater à un moment donné que le réacteur ne pourra plus fonctionner…

Si Osiris ferme, la qualité des diagnostics et des soins des malades sera directement menacée. A cela s’ajoute que le marché mondial des radio-isotopes se réorganisera sans la France, alors qu’elle y joue actuellement un rôle majeur. « Nous étions à la pointe mondiale avec le CEA, ce serait dommage de perdre cet outil sur le Plateau » indique Martine Debiesse du collectif citoyen Moulon 2020, actif sur Gif-sur-Yvette.

Pour signer la pétition demandant le report de l’arrêt d’Osiris, cliquez ICI