L’anti-New Deal de Barack Obama

vendredi 22 novembre 2013

Lors d’une conférence diffusée sur internet le 15 novembre dernier (voir vidéo en anglais à la fin), deux associés de Lyndon LaRouche, Matthew Ogden et Dennis Mason, ont documenté de manière simple et pédagogique la forte dégradation des conditions de vie du peuple américain depuis l’arrivée de Barack Obama à la présidence, dans le prolongement de la politique de George W. Bush Jr. Alors que les Américains commencent enfin à prendre conscience que le nouveau New Deal promis par celui-ci au lendemain de la crise de 2008 ne s’est jamais matérialisé, ce tour d’horizon nous aidera à comprendre, vu d’Europe, pourquoi Obama bat tous les records de désapprobation dans les sondages.

Effondrement de l’économie physique et hyperinflation

Dès le début d’un document publié il y a quelques jours par Lyndon LaRouche, intitulé « La crise hyperinflationniste actuelle : pire que Weimar ! », LaRouche écrit : « Je suis né le 8 septembre 1922, au début du processus d’effondrement hyperinflationniste tristement célèbre de 1923, dans l’Allemagne de Weimar. Aujourd’hui, la menace qui pèse sur l’économie transatlantique est bien pire, et restera une menace immédiate tant que l’actuel président des Etats-Unis, Barack Obama, demeurera à son poste. »

Nous montrerons ici l’effondrement de l’économie physique des Etats-Unis, ainsi que la croissance de l’hyperinflation, pire que la bulle de Weimar, depuis l’abrogation de la loi Glass-Steagall en 1999 et l’élection d’Obama en 2008.

Figure 1.

Dans la figure 1, nous avons le total des agrégats financiers dans le monde. Plusieurs évaluations divergentes de l’ordre de grandeur des agrégats présentés dans cette figure existent. Ceux-ci sont composés de trois catégories différentes : les actions, les obligations (dettes) et les produits dérivés, en rouge, qui forment la grande majorité du total.

Selon les chiffres de la Banque des règlements internationaux (BRI), les produits dérivés que les banques déclarent de leur propre chef détenir totalisent environ 700 000 milliards de dollars dans le monde. Cependant, selon d’autres estimations, dont celle de l’Executive Intelligence Review, le total pourrait bien être le double.

Nous voyons ici que même si les produits dérivés financiers étaient en hausse avant l’abrogation de Glass-Steagall, dont l’efficacité avait déjà été bien entamée par les actions d’Alan Greenspan à la Réserve fédérale au cours de la décennie précédente, la croissance de la bulle des dérivés a explosé après 1999. La tendance s’est maintenue jusqu’en 2007-2008, au moment du krach financier.

A partir de ce moment, la bulle aurait dû disparaître. Mais au lieu de cela, la politique d’assouplissement quantitatif a été adoptée par Bush et maintenue sous l’administration Obama, ce qui a permis d’entretenir cette bulle.

Figure 2.

Dans la figure 2, nous voyons qu’à partir de 2008, avec la croissance de l’assouplissement quantitatif (ligne noire supérieure), le total cumulé des achats d’actifs par la Réserve fédérale a permis d’injecter 4000 milliards de dollars d’argent fictif dans l’économie américaine. Nous voyons qu’en même temps les dépôts se sont accrus, effectivement, mais ils n’ont aucune correspondance dans l’économie réelle. Il n’y a eu aucune croissance de l’activité dans l’économie réelle sous le régime d’assouplissement quantitatif, au cours des cinq premières années de l’administration Obama. Au lieu de cela, nous voyons que les prêts des banques à l’économie réelle se sont effondrés.

Dans la figure 3, nous voyons ce qui s’est réellement passé dans l’économie réelle. Depuis 2008, et même en remontant jusqu’en 1999, année de l’abrogation de la loi Glass-Steagall, nous voyons une baisse constante du « taux de participation au travail ». Cela signifie que la part de la population active, employée ou en recherche active d’un emploi, est en baisse. Nous voyons une légère baisse depuis 1999, mais depuis l’élection d’Obama la situation se dégrade dramatiquement.

Figure 3.

C’est important car Obama répète souvent que le taux de chômage s’est stabilisé depuis son arrivée à la présidence. Mais la population active n’a pas officiellement augmenté depuis le début de son mandat (155 millions en janvier 2009 et 155 millions aujourd’hui), et ce même si le nombre de personnes en âge de travailler s’est accru de 12 millions au cours de la même période ! Où sont donc passés ces 12 millions de travailleurs potentiels ? Ils ne sont jamais apparus dans les chiffres officiels, car soit ils ont cessé de chercher un emploi après s’être découragés, soit ils ne sont jamais entrés dans la population active après avoir terminé l’école ou leurs études. En fait, il y avait 80 millions de gens dans ce genre de situation à la fin de 2008, et près de 92 millions aujourd’hui, soit une augmentation de 12 millions. Mais ils sont invisibles ! Nous savons toutefois qu’au cours du mandat d’Obama le taux de chômage réel a atteint les 26 millions de personnes, c’est-à-dire les 22 millions qui sont officiellement reconnues comme étant au chômage, plus les 4 millions qui ne sont jamais entrées dans la population active pour démarrer. C’est ce que nous pourrions appeler la génération perdue !

Figure 4.

Dans la figure 4, nous voyons que les taux de chômage chez les jeunes en Europe ont doublé et même triplé dans plusieurs pays, depuis la politique de renflouement et d’austérité adoptée par Obama aux Etats-Unis et ses acolytes en Europe. Il s’agit ici des jeunes âgés de 16 à 24 ans. A Chypre, ce taux est passé de 10 à plus de 20 % ; en Italie et au Portugal, de 20 à presque 40 % ; en Grèce et en Espagne, ce taux a triplé, passant de 20 à 60 %.

Ces chiffres n’incluent pas ceux qui ont abandonné la recherche d’un emploi, ou qui se sont contentés d’un emploi à temps partiel, et ne prennent pas en compte l’exode massif des jeunes vers d’autres pays, à la recherche d’un emploi.

Figure 5.

Qu’en est-il aux Etats-Unis ? Nous voyons dans la figure 5 que sous l’administration Obama nous sommes passés de trois Etats où le taux de chômage réel chez les jeunes était de plus de 30 %, à trente Etats aujourd’hui. Quatorze Etats sont entre 30 et 35 %, dix entre 35 et 40 % et cinq Etats – le Nevada, l’Illinois, le Mississippi, la Californie et la Caroline du Nord – à plus de 40 %.

La situation des deux côtés de l’Atlantique révèle la perte d’une génération entière, nous rappelant ce à quoi nous avons assisté au cours de la Grande dépression, avant que Franklin Roosevelt ne prenne sérieusement les choses en main.

Mais si nous regardons, dans la figure 6, le type d’activité dans laquelle se trouvent engagés même ceux qui travaillent, nous voyons que la situation est pire qu’à l’époque de Roosevelt. Au début des années 1940, au moment du troisième mandat de Roosevelt, le nombre de gens travaillant dans le secteur productif augmentait par rapport au total, et c’était bien entendu pendant la guerre. Dès la mort de Roosevelt cependant, cette tendance a commencé à s’inverser. Au lieu des « cols bleus », la force de travail productive et qualifiée, le nombre de « cols blancs » a commencé à croître, souvent des gens dans le secteur des services, non qualifiés.

Figure 6.

Ironiquement, en 1971, l’année où LaRouche avait, de manière singulière, prévu que la crise qui frappa le système financier et l’économie peu après se produirait, nous voyons dans le graphique que le nombre de gens employés dans les services est passé, pour la première fois, au-dessus du nombre de gens employés dans le secteur productif.

Depuis lors, le déclin de l’économie réelle n’a cessé de continuer, tandis que les services, y compris financiers, ont phagocyté presque toute la population active.

Avec la montée en puissance de la spéculation financière, dans l’économie post Glass-Steagall, nous entrons dans la phase hyperinflationniste de type Weimar dont à parlé LaRouche dans son article.

Détérioration des conditions de vie

Figure 7.

Nous voyons dans la figure 7 que ceux qui ont un emploi connaissent eux aussi de plus en plus de difficulté à vivre depuis une décennie et demie, en particulier depuis l’arrivée d’Obama.

Nous voyons l’évolution des prix de quelques denrées entre 2000 et 2012, avec pratiquement un doublement pour les prix du bœuf, de la farine, des pommes de terre. Il en va de même pour les prix de l’électricité. Nous voyons en vert quelle part de cette augmentation a été compensée par les salaires et les revenus : 20 %. Le reste, en rouge, n’est qu’inflation, c’est-à-dire du pur vol !

Voyons maintenant pourquoi les prix de l’alimentation, ceux de la viande en particulier, s’envolent : nous voyons la montée en puissance des biocarburants (éthanol) qui consomment le maïs devant normalement servir à nourrir le bétail (figure 8). La quantité de maïs utilisée pour fabriquer de l’éthanol n’a pas cessé d’augmenter depuis qu’Obama est président. En l’an 2000, il s’agissait alors d’une nouveauté, pour ne pas dire une curiosité. A aucun moment l’on ne pensait à l’éthanol comme source de carburant pour l’industrie lourde.

Figure 8.
Figure 9.

Dans la figure 9, nous voyons comment le revenu des ménages actifs dans l’agriculture a évolué depuis les années 1960, avec une part de plus en plus grande provenant du secteur des services. On voit également, en vert, que le revenu provenant de l’agriculture a quant à lui pratiquement stagné au cours de la période récente. Et ce malgré le fait que les prix n’ont cessé d’augmenter au supermarché. Ainsi, il est faux de dire que les agriculteurs gagnent beaucoup d’argent ! Un corollaire de cela est la question de la génération perdue. L’agriculture ne semble pas ici un métier d’avenir, car la moyenne d’âge des agriculteurs se situe dans la soixantaine, et les jeunes ne se précipitent pas dans cette profession noble qui consiste à nourrir le peuple. Si nous devons doubler la production de nourriture d’ici deux générations, pour subvenir aux besoins de la population mondiale, il faudra bien trouver des gens qui puissent travailler dans ce domaine.

Face à la difficulté à acheter de quoi se nourrir, de plus en plus de gens se sont tournés vers les programmes d’aide (timbres alimentaires) comme le montre la figure 10. Les données s’arrêtent ici en 2012. Nous voyons ici le nombre de gens bénéficiant de l’assistance alimentaire (SNAP), avec en foncé les Etats où le pourcentage des bénéficiaires, par rapport à la population totale, atteint les 10 à 15 %, et avec seulement deux Etats situés en-dessous des 10 %. 14 % de la population, cela fait un Américain sur sept ! Il ne s’agit donc pas simplement de gens qui cherchent un repas gratuit. Beaucoup de gens, y compris parmi ceux qui travaillent mais sont sous-employés, comptent sur ces programmes pour nourrir leurs enfants.

Figure 10.

Ce graphique ne montre pas l’évolution de la situation mais nous savons qu’au début des années 1990, « seulement » 8 % de la population avait recours à l’assistance alimentaire. En 2004, nous étions toujours aux alentours de 8 %, c’est-à-dire 23 millions sur un total de 292 millions. En 2008, nous arrivions à 9 % (28 millions sur 304). Aujourd’hui, nous sommes à 46 millions, soit 14 % de la population totale. Ainsi, entre 2004 et aujourd’hui, le nombre de bénéficiaires a doublé !

Venons-en maintenant à la santé (figure 11). Nous avons ici une carte montrant les Critical Access Hospitals (des hôpitaux assurant un service de proximité, dont beaucoup en zone rurale), qui seront reclassés, dans le cadre de la réforme de la santé d’Obama, de sorte à pouvoir les fermer et « économiser » des dizaines de milliards de dollars. En Iowa par exemple, sur 80 de ces hôpitaux ruraux, 70 seront fermés si le programme est mis en œuvre. Au Wisconsin, 53 sur 58 pourraient être fermés. Cette question fait rage au Congrès, afin d’empêcher ces fermetures en masse.

Figure 11.

Sur la question des frais en tant que tels : lorsque les gens avaient du mal à payer leurs soins, le programme Medicare pouvait auparavant leur venir en aide et alléger partiellement leur fardeau, en payant directement les hôpitaux qui pouvaient fournir les traitements. L’intention de la réforme de santé d’Obama est de couper aussi dans ce programme. Les paiements pour certains types de soins sont également amputés, et les hôpitaux sont pénalisés depuis octobre 2012 pour les « réadmissions excessives ».

Ce qui ressort de tout cela est qu’il est de plus en plus difficile de se nourrir et d’accéder aux soins d’urgence, avec des distances qui se rallongent dès qu’on élimine les hôpitaux de proximité. La question est de savoir combien de gens vont mourir par manque d’accès aux soins ; et même s’ils atteignent l’hôpital qui sera situé à 150-200 kilomètres de chez eux, voudra-t-on les soigner, si aucune compensation n’est assurée par l’Etat pour rembourser les frais ? Le matériel et les équipes techniques seront-elles disponibles, si l’hôpital n’est pas en mesure de les financer ?

Il s’agit de questions importantes, stratégiques même, car ce type d’infrastructure (avec le personnel qualifié) ne peut pas être mis sur pied ou rétabli rapidement, une fois sacrifié. Il en va de même pour l’agriculture, ainsi que le cheptel qui ne peut pas être reconstitué de manière instantanée. Tout cela demande des générations à mettre en place.

La vidéo (en anglais)