La paix par le développement économique : 40 ans de combat

vendredi 27 septembre 2013, par Christine Bierre

Le Proche-Orient est au bord de provoquer un embrasement mondial, alors que les propositions de Lyndon et Helga Zepp-LaRouche, de Jacques Cheminade et de leurs amis pour cette région et, plus largement, pour l’Eurasie, auraient permis d’offrir à l’humanité une ère de paix et d’abondance inégalée.

Quelle culture politique aurait permis de faire cela ? Revenons un peu en arrière :

  • 1965 : alors que la guerre contre le Vietnam, qu’il condamne, bat son plein, Charles de Gaulle confère à la France un rôle éminent, propre à son « génie national », dans l’organisation de la paix dans le monde par la « coopération internationale ».
  • 1966 : dans son célèbre discours de Phnom Penh, il lance aux Etats-Unis un appel dramatique : renoncer à « une expédition lointaine », lui « préférer un arrangement international organisant la paix et le développement d’une importante région du monde », ne peut pas nuire à une grande puissance comme les Etats-Unis.
  • 1967 : rencontre de Charles de Gaulle avec le pape Paul VI, qui vient de publier son encyclique Populorum Progressio, où il défend l’idée que « le développement économique est le nouveau nom de la paix ».

Que ces temps semblent lointains lorsqu’on voit la témérité de nos dirigeants politiques actuels, prêts à provoquer un conflit mondial en lançant des frappes contre une poudrière syrienne qu’ils ont eux-mêmes créée. Lorsque des incapables ont pris le pouvoir et menacent l’existence même de nos sociétés, nous avons le devoir de monter au front, inspirés et armés du meilleur de notre culture et histoire.

C’est l’approche adoptée depuis 40 ans par les amis de Solidarité & Progrès.

Helga Zepp-LaRouche interviewée par la télévision chinoise sur le port de Lianyungang en 1996, devant la stèle indiquant le « terminus oriental du pont terrestre eurasiatique ».

Mai 1996 : Helga Zepp-LaRouche, présidente de l’Institut Schiller, était l’invitée du « Symposium international pour le développement des régions du Pont continental euro-asiatique », organisé à Pékin. 460 experts venus de 34 pays y ont élaboré une grande stratégie visant à doter cette masse transcontinentale qui effraie tant les tenants modernes de l’Empire britannique, en infrastructures modernes dans le ferroviaire, l’énergie, l’eau et les communications. Ce projet, qu’elle appela « la nouvelle route de la soie » avait déjà été formulé par les LaRouche en 1991, après la chute du Mur, comme condition sine qua non pour établir une paix durable dans le monde.

Aujourd’hui, cette conception englobe des projets que nous avons défendus auparavant, sur lesquels nous revenons ci-dessous. Inutile de souligner que tout le long, nous nous sommes heurtés aux Kissinger, Blair, Bush et autres hommes de l’oligarchie qui domine le monde depuis la City de Londres et Wall Street.

Les atomes pour la paix

En 1975, Lyndon LaRouche présenta son « Plan Oasis » comme fondement pour la paix au Proche-Orient. Il proposait qu’Israël et la Palestine créent deux Etats, côte à côte, dont la paix serait cimentée par une coopération économique pour résoudre le problème existentiel de la région : l’accès à l’eau. Cinq fleuves importants irriguent le Moyen-Orient, mais leurs bassins sont comme des oasis dans des zones arides ou désertiques. La croissance démographique très forte et les conflits pour le contrôle de ces fleuves aggravent le problème.

Le Plan Oasis proposé en 1975 par Lyndon LaRouche à des dirigeants arabes et israéliens (Cliquez pour agrandir).

L’urgence était de construire des canaux depuis la Méditerranée et la mer Rouge vers la mer Morte, aux confins d’Israël, la Cisjordanie et la Jordanie, pour rétablir son niveau, et, grâce au dénivelé de 400 mètres entre ces deux points, de générer aussi de l’électricité. La première phase de la construction du canal mer Rouge-mer Morte vient juste d’être lancée par la Jordanie.

Cependant, seul le dessalement de l’eau de mer par le nucléaire peut apporter une solution durable, car l’utilisation des hydrocarbures pratiquée dans les pays du Golfe, riches en pétrole, est extrêmement coûteuse.

Les premiers projets de ce type remontent à Eisenhower, qui, pour concurrencer les Soviétiques dans les pays du Sud, lança en 1953 les « Atomes pour la paix », un vaste programme donnant à tous accès à l’utilisation pacifique de l’atome. Les ingénieurs américains développèrent alors le concept des « Nuplex » : des villes avec des complexes agro-industriels, alimentées en eau et en énergie par des centrales nucléaires. Une ville d’un million de personnes pourrait vivre au milieu d’un désert hypothétique grâce à une demi-douzaine de réacteurs à haute température (HTR), produisant 1 à 2 gigawatts d’électricité et 1 à 2 gigawatts de chaleur. Cette énergie irait en partie à dessaler l’eau ; le reste, à pomper l’eau de la mer. D’autres centrales couvriraient les besoins de la ville en électricité et chauffage.

Aujourd’hui, les Russes construisent de petites centrales flottantes livrées clé en main, dont le retraitement du combustible serait fait en Russie. 22 petits réacteurs de 135 Mw électriques chacun produiraient autant d’eau que l’eau renouvelable du fleuve Jourdain (3500 millions m3) !

LaRouche et ses amis ont présenté ces propositions à des personnalités israéliennes du camp de la paix, notamment Nahum Goldman (Congrès juif mondial), Abba Eban (ministre des Affaires étrangères) et Maxime Ghilan, intellectuel engagé, l’un des premiers à avoir rencontré l’OLP (Organisation de libération de la Palestine).

Le dialogue a été en même temps engagé avec les dirigeants arabes. Lors des accords d’Oslo de 1993, que LaRouche a pleinement soutenus, l’espoir est né que ces projets puissent être réalisés. Espoir déçu puisque dès le 20 septembre, la Banque mondiale déclara qu’elle ne financerait aucun projet d’infrastructure ou d’énergie.

Si l’Egypte avait pu suivre LaRouche…

Où en serait ce grand pays aujourd’hui menacé d’éclatement, si les projets du même type, proposés par des amis de LaRouche reçus en Égypte en 1982 par des ministres et des hauts responsables, avaient été réalisés ?

94 % de la population égyptienne vit le long du Nil, sur 6 à 7 % du territoire national ! Le reste du pays est désertique et vide. Pourtant, un ingénieur égyptien de talent, Farouk Elbaz, milite depuis des années pour créer de nouveaux centres urbains à l’ouest de la vallée du Nil, une zone fertile et riche en minéraux mais où tout manque : transport, énergie, eau. L’Egypte devrait alors doubler sa production d’énergie, ce qui est impossible sans le nucléaire.

En 1982, le ministre de l’Electricité, Maher Abaza, expliquait aux amis de LaRouche qu’avant la fin du siècle, 41 % de l’électricité en Egypte serait nucléaire ! En 1984, l’Egypte décida de se doter de 3 centrales nucléaires, mais, faute d’aide internationale, elles ne furent jamais construites. L’ambition nucléaire égyptienne remonte aussi à Eisenhower. M. Elbaz préconise également d’utiliser des satellites pour localiser l’eau souterraine cachée.

Eteindre la poudrière du grand Moyen-Orient

Lors d’une conférence internationale de l’Institut Schiller en novembre 2012, Hussein Askary, responsable du Moyen-Orient pour l’Institut, présenta, en présence de diplomates, économistes et intellectuels iraniens, syriens et égyptiens, des projets qui permettraient le retour à la paix dans le territoire qui s’étend de l’Egypte à l’Iran.

Le manque d’eau hante toute cette région et alimente des conflits.

Exemple : la Syrie et l’Iran apprécient peu le projet agro-industriel géant que construit la Turquie dans le sud, le GAP, qui ponctionne les eaux du Tigre et de l’Euphrate, à leur détriment.

Tout cela pourrait être résolu, mais l’Occident préfère attiser des guerres de destruction, plutôt que d’avoir affaire à des concurrents en plein développement ! Pour mieux irriguer le Caucase, l’eau de l’Arctique pourrait être déviée vers la mer d’Aral (par l’Ob et l’Irtysh) et la Caspienne (par le Péchora, via la Volga). La Turquie devrait renoncer à son ambition de nouvel Empire ottoman, ouvrir les négociations avec ses voisins à propos du GAP et relancer son Pipeline de la paix pour réorienter les eaux du Seyhan et du Ceyhan vers deux pipelines : l’un à l’ouest (Syrie, Jordanie, Israël, Palestine), l’autre à l’est (Arabie saoudite).

Côté ferroviaire, la priorité est d’établir une liaison depuis le Caire vers le Trans-Asian Rail, appelée aussi « Nouvelle route de la soie », qui va de l’Europe aux ports chinois. Sans cette liaison, impossible pour cette région de s’arrimer à cette zone de croissance exceptionnelle de l’Eurasie !

A vous maintenant d’éveiller chez nos dirigeants le courage de rétablir la paix par le développement mutuel ! Le temps presse.

La nouvelle Route de la soie, alternative à la guerre