Communiqué de Jacques Cheminade

Combattre la hausse du prix de l’essence par des accords de troc entre Etats

mercredi 20 septembre 2000, par Jacques Cheminade

Paris, le 20 septembre 2000 - La hausse actuelle du prix de l’essence ne correspond en rien à des données de l’économie productive. Elle est causée par les spéculations sur les marchés pétroliers qu’effectuent les principales compagnies anglo-américaines et leurs associés financiers. Le but de l’opération est de permettre à ces compagnies de régler la note de leurs fusions au détriment des consommateurs, et surtout d’engendrer des revenus financiers supplémentaires pour maintenir la bulle spéculative du système dollar. En réalité, la demande globale de pétrole et de produits pétroliers est depuis un an en baisse alors que la production des pays membres de l’OPEP ( Organisation des pays exportateurs de pétrole ) a augmenté ; la hausse des prix ne découle donc pas des lois du marché, mais de celle de la rente financière.

Dans ces conditions, toute mesure qui ne s’adresse pas d’abord à ce problème est vouée à l’échec.

Dans l’immédiat, pour échapper à l’étreinte, la France et les principaux pays européens doivent passer des accords d’Etat à Etat avec les pays producteurs, fondés sur des échanges pétrole contre marchandises. Ces accords doivent constituer l’embryon d’un système de développement mutuel, protégeant les échanges de biens physiques et les investissements productifs des spéculations du système dollar. L’unité de compte pour de tels échanges doit être déterminée par la valeur d’un « panier de marchandises » isolée de toute dérive monétaire.

Ensuite mais rapidement, à partir de ces accords régionaux et inter-régionaux, le but est de parvenir à un nouvel ordre monétaire international pour mettre fin à la loi de la jungle actuelle, un nouveau Bretton Woods rétablissant sur des bases productives, à l’échelle mondiale, une stabilité des changes et des mesures de protection contre les flux spéculatifs de capitaux et de devises. Dans le domaine énergétique, le nucléaire - mode de production dans lequel la densité du flux d’énergie est la plus élevée - doit devenir notre priorité politique, tant en Europe qu’en faveur des pays du Tiers-monde auxquels songeaient ses pionniers.

Il s’agit, dans l’immédiat, d’agir contre la dérive financière d’un ordre à bout de souffle, en pensant dans une vision à trente ans, lorsque les ressources fossiles se tariront. La pensée courte et dans le cadre d’un système existant devenu auto-destructeur est aujourd’hui notre pire ennemi.