Chronique stratégique du 29 octobre 2021 (pour s’abonner c’est PAR ICI)
Dans le contexte d’une France d’une part sous l’emprise de la tentation du repli national (le « on est chez nous » version Zemmour), et d’autre part paralysée par le refrain catastrophiste et culpabilisateur sur le réchauffement climatique, cette tribune a le mérite de sortir des conceptions fantasmagoriques et de revenir à la réalité du monde, où la grande menace pour l’humanité est non pas le climat, mais l’accélération de la pauvreté et de la famine, comme l’affirment Helga Zepp-LaRouche, présidente de l’Institut Schiller, et Guus Berkhout, professeur émérite de géophysique à l’Université de Leyden (Pays-Bas) et cofondateur de l’association CLINTEL (Climate Intelligence), dans leur déclaration commune, relayée par l’Institut Schiller.
Le paradigme écologique condamne des millions de personnes
Si l’Afrique ne parvient pas à s’industrialiser et à se moderniser, nous assisterons à une multiplication des situations d’extrême pauvreté, de malnutrition et subséquemment, à un chaos sur le continent entier, écrit Francis Journot. Plusieurs centaines de millions d’Africains parmi une population qui devrait compter 2.5 milliards d’habitants en 2050, souhaiteront alors venir en France et en Europe pour fuir la faim et la mort. (…) Que l’on pense que l’origine du changement climatique est surtout anthropique ou non, le sujet du développement économique de l’Afrique subsaharienne pour éviter un chaos, apparaît plus urgent que celui du climat.
Sans dénoncer explicitement les intentions anti-humaines de ceux qui prônent – parmi les milliardaires partisans du « Great Reset » — la décarbonisation de la planète, le journaliste souligne l’incompatibilité entre les objectifs affichés par les Nations unies de lutte contre la pauvreté et la famine et les objectifs de « neutralité carbone » : « Le GIEC qui brandit la menace de 250.000 morts supplémentaires par an dues au changement climatique, réclame une neutralité carbone qui irait cependant à l’encontre d’une progression du travail et de l’industrie dans les pays émergents ou en développement. (…) On peut douter que le paradigme écologiste qui risque de mettre à mal de nombreuses économies à travers le monde et de condamner ainsi à la faim et à la mort des centaines de millions de pauvres notamment en Afrique subsaharienne, fasse l’unanimité parmi les individus les plus concernés. (…) Aussi apparaît-il hasardeux de prôner, au nom d’un principe de précaution climatique, une politique idéologique qui sacrifiera sûrement une part importante de l’humanité ».
C’est dit ! A un moment où 800 millions d’individus (un septième de l’humanité) vivent en situation d’insécurité alimentaire, selon les derniers chiffres de la FAO ; où près d’un demi-million de personnes vivent dans des conditions proches de la famine en Éthiopie, à Madagascar, au Soudan du Sud, au Burkina Faso et au Yémen ; et où 41 millions de personnes sont confrontées à des niveaux d’insécurité alimentaire d’urgence — chiffre qui a augmenté de 50% en seulement deux ans ; imposer le système de contraintes économiques (la taxonomie) visant à faire baisser les émissions de carbone revient à condamner ces populations soit à rester dans l’extrême-pauvreté, soit à migrer par millions vers le Nord. Et il s’agit d’une politique malthusienne parfaitement assumée. Dans son livre Stakeholder Capitalism (Capitalisme de parties prenantes), Klaus Schwab, le président-fondateur du Club de Davos, écrit en effet : « La force qui aide les gens à échapper à la pauvreté et à mener une vie décente est la même que celle qui détruit l’habitabilité de notre planète pour les générations futures ».
Pour de nouveaux miracles économiques
Egalement à contre-courant du récit actuel, l’ancienne porte-parole de l’Extinction Rebellion au Royaume-Uni, Zion Lights, a pris la défense de l’énergie nucléaire comme source d’énergie permettant de répondre aux besoins de croissance urgents sans sacrifier les niveaux de vie. Selon elle, le nucléaire est « la meilleure solution » pour sortir des milliards de personnes de la pauvreté, et aussi une énergie propre. « Si vous voulez vraiment vous en prendre aux écologistes de la génération du baby-boom qui nous disent de vivre avec moins, vous pouvez leur montrer comment créer un avenir décarboné qui offre à tous une énergie abondante et une qualité de vie élevée, sans provoquer de changement climatique », a-t-elle affirmé le 24 octobre sur Sky News, ajoutant : « Si l’on investit dans des centrales nucléaires, nos enfants en verront les bénéfices pendant des décennies ».
Citant un rapport des Nations unies montrant que 40 % des habitants de certains pays en développement n’auront pas accès à l’eau au cours de la prochaine décennie, Mme Lights a mis de l’avant la possibilité de dessaler l’eau de mer grâce à l’énergie nucléaire :
On peut transformer l’eau de mer en eau potable. Mais devinez ce que cela nécessite ? D’énormes quantités d’énergie auxquelles ces pays n’ont pas accès. Donc (...) le nucléaire est la solution miracle dans ce scénario.
Réaliser des miracles est donc possible — y compris redonner foi envers le progrès humain à des écolos pessimistes ; à condition d’avoir une vision de développement véritablement humain et la volonté politique pour la mettre en œuvre. C’est ce que portent Solidarité & progrès en France et l’Institut Schiller internationale depuis 40 ans, notamment en faveur du développement économique du continent africain, intégré au « Pont terrestre mondial » (les Nouvelles Routes de la soie), à travers un plan panafricain de grands travaux d’aménagement, d’industrialisation et d’interconnexion des territoires, centrés sur l’eau, les transports et l’énergie. Cela implique la construction d’un réseau de chemins de fer transcontinental, le projet Transaqua pour refaire du Lac Tchad un poumon d’eau pour le continent subsaharien, la remise en eau des lacs Figuibine, l’industrialisation du bassin du Nil, incluant la construction du canal de Jonglei, la construction de petites centrales nucléaires, y compris flottantes, qui permettront de dessaler l’eau de mer, etc.
Comme l’écrivent Helga Zepp-LaRouche et Guus Berkhout, dans leur déclaration commune :
Le but de l’économie n’est en rien le profit, mais le bonheur des hommes, dans le sens où l’entendait Gottfried Wilhelm Leibniz, à savoir la possibilité pour chacun de développer en un tout harmonieux les divers potentiels qu’il porte en lui, et de contribuer ainsi au meilleur développement possible de l’humanité. Ou comme le disait le sage Solon d’Athènes : le but de l’humanité est le progrès.

