Conférence de Paris du 8 et 9 novembre 2025

Carolina Dominguez : rappelons-nous de l’alliance LaRouche-Portillo

jeudi 27 novembre 2025

Intervention de Carolina Dominguez, responsable du mouvement des jeunes larouchistes au Mexique, lors de la conférence organisée par S&P et l’Institut Schiller à Paris, les 8 et 9 novembre 2025.

L’alliance LaRouche-López Portillo

Comment trouverez-vous le courage et la force de vous battre pour vous-même si vous crachez sur vos propres héros ?

Revenons un peu en arrière, à la période de 1982 au Mexique, sous la direction du président de l’époque, José López Portillo.

La déclaration de Zbigniew Brzezinski, conseiller de sécurité nationale de Jimmy Carter – « Nous ne laisserons pas un Japon se développer au sud des États-Unis » – résumait parfaitement ce que le Mexique avait accompli.

Voici quelques exemples :

En 1981, le Mexique était le pays ayant le plus augmenté sa production alimentaire, avec un taux de croissance annuel de 4,5 %, contre 0,5 % pour les États-Unis, 2,4 % pour l’Asie et 2,3 % pour l’Europe. Nous étions parvenus à une quasi-autosuffisance alimentaire, exploit que nous n’avons pas pu réitérer depuis. Toujours en 1981, les crédits accordés par la Banque nationale de crédit rural ont permis la mise en culture de 6 961 000 hectares de terres, soit 73 % de plus qu’en 1976.

Le Mexique a construit des barrages, autoroutes, centrales hydroélectriques, écoles, hôpitaux, industries chimiques, pétrochimiques et sidérurgiques, les secteurs des transports, de l’agriculture, de l’élevage, de l’éducation et de l’alimentation ont été développés, et, bien sûr, l’énergie nucléaire a été introduite.

En 1981, La Cangrejera était le plus grand complexe pétrolier de la planète, comprenant 20 usines. PEMEX (Petróleos Mexicanos) disposait d’un programme d’investissement de 27 milliards de dollars, soit près de trois fois l’investissement initial du programme de la navette spatiale américaine Columbia.

Un programme d’une telle ampleur et d’une telle complexité technique, mené à bien par notre État-nation souverain sous le mandat de l’un des meilleurs présidents de notre pays, démontre l’immense force dont nous disposons et devrait nous amener à réfléchir à l’immense capacité de développement de notre république, dont les générations futures pourraient légitimement être fières.

L’alliance avec Lyndon LaRouche

Cependant, l’oligarchie financière n’allait pas laisser le Mexique se développer et a lancé une opération politique contre notre pays. Les attaques ont commencé, émanant de ce foyer de venin, le système financier international.

José López Portillo :

« Rester indifférent aux pressions inflationnistes reviendrait à nuire aux secteurs à faibles revenus (…) Si, en nous attaquant aux symptômes, nous ne remédions pas aux causes, ou si, en agissant à court terme, nous négligeons les effets à moyen et long terme de ces actions, nous risquerions de freiner le développement sain de notre économie et de créer des problèmes plus graves [en] orientant le crédit vers la production immédiate, ce que l’on pourrait qualifier d’effet structurel sur l’économie elle-même. C’est ce double effet que la Banque du Mexique poursuit par ses mesures de politique monétaire. »
Mexico, décembre 1973

Lyndon LaRouche :

« Ce qu’il faut faire, c’est oublier la relance monétaire. Il nous faut un contrôle gouvernemental de l’émission de crédit. Nous devons avoir un système bancaire, un système bancaire classique, qui coopère avec l’État pour acheminer ce crédit là où il est nécessaire : nouvelles entreprises, infrastructures, etc. Il faut intervenir dans les secteurs clés de l’économie, en commençant par les propriétaires, les collectivités et les banques – les vraies banques, pas les fictives. Il faut les stabiliser grâce à une protection fédérale contre la faillite. »
Washington, D.C., janvier 2008.
Le président mexicain Lopez Portillo saluant Helga Zepp-LaRouche lors de sa conférence devant la Société mexicaine de géographie et de statistiques, le 1 décembre 1998.

Le 23 mai 1982, López Portillo rencontra personnellement Lyndon LaRouche, spécialiste de l’économie physique. Ce dernier rédigea, à la demande de proches du président mexicain, un document intitulé « Opération Juárez », jetant les bases d’une restructuration visant à empêcher la destruction du Mexique et de l’ensemble de l’Amérique latine par les financiers usuriers internationaux implantés dans ces pays.

Le combat politique mené conjointement par López Portillo et LaRouche reposait sur leur objectif commun : œuvrer pour un avenir où les nations, grâce au développement de la créativité de leurs citoyens, atteindraient la pleine souveraineté et l’indépendance financière, politique, économique et sociale nécessaire à la conclusion d’accords pour le progrès et la paix dans le monde.

C’est précisément ce qui a conduit López Portillo à entreprendre ses actions les plus importantes en tant que dirigeant politique cette année-là :

  • moratoire sur la dette extérieure (21 août),
  • nationalisation du système bancaire (1er septembre)
  • et appel à un nouvel ordre économique international à l’Assemblée générale des Nations unies (1er octobre 1982).

Commentaires de LaRouche sur López Portillo :

« En tant que président du Mexique, López Portillo a prononcé en octobre [1982], aux Nations unies, un discours qui devrait être entendu par tout patriote, car il donne l’exemple d’un patriote dont le pays venait d’être détruit (…) Le président López Portillo est un héros du Mexique !
(…) Quand on crache sur les héros de sa propre nation, c’est sur soi-même que l’on crache et sur l’avenir de ses enfants. C’est pourquoi Lopez Portillo mérite d’être honoré pour le combat qu’il a mené jusqu’à son dernier souffle. »

Discours de López Portillo à l’ONU :

« Je tiens à le souligner : nous, pays du Sud, n’avons pas péché contre l’économie mondiale. Nos efforts de croissance, visant à vaincre la faim, la maladie, l’ignorance et la dépendance, n’ont pas provoqué la crise internationale (…) Après d’importants efforts de redressement économique, mon gouvernement a décidé de s’attaquer au mal à la racine et de l’éradiquer une fois pour toutes. Il y avait manifestement une incohérence entre les politiques de développement intérieur et une structure financière internationale erratique et restrictive.

« Une politique de croissance raisonnable était incompatible avec la liberté de spéculer sur le marché des changes. C’est pourquoi nous avons instauré le contrôle des changes.

« Compte tenu de notre frontière de 3000 kilomètres avec les États-Unis, le contrôle des changes ne peut fonctionner que par le biais d’un système bancaire qui suit les politiques de son pays et de son gouvernement, et non ses propres intérêts spéculatifs et les fluctuations du chaos financier international. C’est pourquoi nous avons nationalisé les banques (…)

« Nous ne pouvons pas échouer. Il y a lieu de s’alarmer. Ce n’est pas seulement l’héritage de la civilisation qui est en jeu, mais aussi la survie même de nos enfants, des générations futures, de l’espèce humaine.

« Faisons en sorte de rendre possible ce qui est raisonnable. Souvenons-nous des conditions tragiques dans lesquelles nous avons créé cette Organisation et des espoirs que nous avions placés en elle. C’est ici et maintenant. »

José López Portillo s’est éteint à l’âge de 83 ans. Au nom de Lyndon H. LaRouche, un groupe de jeunes s’est rendu auprès de sa famille pour lui présenter, ainsi qu’à la nation entière, ses condoléances suite au décès de ce grand patriote. Nous avons déposé une couronne de fleurs sur laquelle on pouvait lire : « Pour son patriotisme. Les jeunes partisans de LaRouche. » Nous avons chanté le negro spiritual « O Freedom » en espagnol.

Mouvement international de jeunes

Les crises sont toujours porteuses d’opportunités. La situation actuelle nous offre la chance d’opérer un changement radical. Il est donc indispensable de créer un mouvement de jeunes qui défende les principes incarnés par ces deux hommes d’État, Lyndon LaRouche et José López Portillo. Ils ont accompli leur mission ; il nous appartient désormais d’élaborer ensemble, lors de cette rencontre à Paris, un programme de coopération et de retourner dans nos pays avec l’espoir, la force et la lucidité nécessaires pour le mettre en œuvre.

Suivons le principe proposé par le poète allemand Friedrich Schiller : « Rendez aux générations passées ce pour quoi vous ne pouvez les remercier directement, en magnifiant ou en accomplissant leur lutte pour le bien-être des générations futures. »

Il ne reste donc plus qu’à dire : « C’est ici et maintenant. »