Un attentat contre le Premier ministre belge déjoué

vendredi 17 octobre 2025, par Karel Vereycken

Le premier ministre belge Bart de Wever.
VRT, capture d’écran.
Le 9 octobre, les autorités belges ont annoncé l’arrestation de trois personnes liées à un complot visant à attaquer le Premier ministre Bart De Wever et d’autres personnalités politiques à l’aide d’explosifs embarqués sur des drones.

La procureure fédérale Ann Fransen a indiqué que le groupe faisait l’objet d’une enquête pour « tentative d’assassinat terroriste et participation aux activités d’un groupe terroriste », selon la radiotélévision publique belge RTBF.

Le quotidien Gazet van Antwerpen a rapporté que des explosifs avaient été découverts par la police dans un immeuble anversois, à quelques centaines de mètres du domicile de De Wever. Il s’y trouvait également un engin explosif improvisé en construction, un sac de billes d’acier, une imprimante 3D et des composants électroniques. La police pense que le groupe tentait de construire un drone capable d’emporter une charge explosive. Le parquet qualifie le projet d’« attentat terroriste d’inspiration djihadiste ».

De Wever est une personnalité atypique et n’a pas peur d’irriter son petit monde. Farouchement pro-nucléaire et anti-drogue, il accuse depuis des années le wokisme d’avoir suscité une renaissance de l’extrême droite. Il pense que vue l’instabilité du pouvoir américain, l’Europe doit s’intégrer très vite et se doter d’une défense face aux menaces extérieures. Comme feu Charley Kirk, il regrette aujourd’hui la faillite morale d’Israël, exige la fin de la guerre contre les Palestiniens et n’exclut pas des sanctions ciblées contre le régime Netanyahou. A part cela, confronté à une dette qu’il veut à tout prix payer, il ne veut pas que la Belgique soit le dindon de la farce.

Avoirs russes

De notre part, au niveau du timing, nous notons, sans nécessairement pouvoir conclure, que le complot a été déjoué une semaine après que De Wever a exprimé de sérieux doutes juridiques concernant la volonté de l’UE de confisquer les quelque 170 milliards d’actifs financiers russes, détenus en Belgique par le dépositaire financier Euroclear et gelés depuis le lancement de l’opération spéciale russe en Ukraine, en février 2022, afin de les utiliser pour accorder un « prêt de réparation » à l’Ukraine.

Dans une déclaration remise aux dirigeants européens le 1er octobre, De Wever détaillait les lignes rouges qu’il avait tracées à l’exécution de ce plan.

Il s’agit notamment de ne soutenir aucune mesure pouvant être interprétée comme une confiscation d’actifs, de garantir juridiquement que les pays européens partageraient tous les risques actuels et futurs pour Euroclear et la Belgique, et d’un accord prévoyant la mise à disposition immédiate des liquidités si Euroclear devait restituer ces actifs à la Russie, par exemple à la suite d’un accord entre Trump et Moscou.

« Ces garanties ne peuvent se limiter aux 170 milliards d’euros de liquidités que la Commission propose de mobiliser », a précisé le Premier ministre belge aux dirigeants européens, lors d’un sommet informel la semaine dernière à Copenhague. « L’exposition potentielle pourrait être bien supérieure au montant nominal. »

En outre, De Wever a ajouté cette condition cruciale : « Les garanties ne prennent pas automatiquement fin avec la levée des sanctions. Des procédures d’arbitrage pourraient encore être mises en place des années plus tard. »

Les capitales européennes se sont empressées de dissiper les inquiétudes de la Belgique avant le sommet crucial de leurs dirigeants, le 23 octobre. Parvenir à un accord politique lors de ce sommet permettrait à l’Union de présenter une proposition juridique peu après.

« La déclaration du Premier ministre belge a soulevé de nombreuses questions difficiles, qui sont encore à l’étude », a déclaré un haut diplomate européen, sous couvert d’anonymat.