Les pertes de JP Morgan donnent raison à Cheminade sur la séparation des banques

mardi 15 mai 2012

15 mai 2012 (Nouvelle Solidarité) – La déclaration du PDG de JP Morgan Chase Jamie Dimon le 11 mai dernier, avouant que la banque a perdu au moins 2 milliards de dollars dans des paris spéculatifs, fait craindre le pire à tout ceux qui, y compris Barack Obama et les banques de Wall Street qui financent sa réélection, s’opposent avec force et détermination à une nouvelle application stricte de la loi Glass-Steagall. Cette loi séparait, jusqu’à son abrogation aux Etats-Unis en 1999, de manière complète et étanche les banques de dépôt, chargées de fournir du crédit à l’économie réelle, des banques d’affaires spéculatives.

Alors qu’aux Etats-Unis Lyndon LaRouche et en France Jacques Cheminade font campagne pour cette réforme incontournable depuis plus de cinq ans, aux Etats-Unis, avec le scandale JP Morgan, depuis deux jours les appels, articles, pétitions et commentaires se multiplient de toute part en faveur de cette mesure d’hygiène financière.

Après l’ancien ministre du Travail de Bill Clinton Robert Reich, c’était au tour de l’ancien gouverneur de l’état de New York Eliot Spitzer, du journaliste Joe Klein de Time magazine, et aussi d’Elizabeth Warren, professeur de droit à Harvard et candidate démocrate au sénat de se prononcer pour cette politique. Mme Warren a d’ailleurs envoyé un courriel aux électeurs de sa circonscription leur demandant de l’appuyer dans cette bataille.

Les site internet du magazine Forbes publie quant à lui une colonne intitulée « Ramenons Glass-Steagall » et reconnaît pour la première fois (à part le LaRouchePAC bien entendu) que la loi Dodd-Frank votée l’an dernier à la demande de l’administration Obama et encensée jusqu’en France par la direction du Parti socialiste, « avec son excès de 2000 pages de régulation, n’aide pas à résoudre les problèmes structurels actuels. »

Même au sein de la communauté financière elle-même, un choeur de plus en plus grand demande le retour de Glass-Steagall. Al Jazeera cite Martin Hennecke du Groupe Tyche, basé à Hong Kong, qui affirme ne pas être, comme d’autre financiers de Hong Kong, « friand de l’industrie bancaire américaine, qui ressemble à une industrie de casino, en particulier depuis que la Loi Glass-Steagall a été abrogée. Cette loi doit être instaurée à nouveau, autrement il semble que les banques feront essentiellement ce qu’elles veulent. (…) Les banques chinoises que tout le monde s’accorde à châtier sont bien plus sûres pour les investisseurs que les banques américaines et même européennes pour ce qui nous concerne. »

U.S.A. Today cite un autre financier, Stanley J.D. Crouch, directeur en chef des investissements chez Aegis Capital, qui appelle lui aussi à rétablir Glass-Steagall : « Une banque devrait être une banque. Les transactions sur fonds propres sont comme un rocher sur le flanc d’une montagne. Nous allons avoir une avalanche. »

Gary Anderson demande dans Business Insider non seulement le retour de Glass-Steagall, mais également de bannir les banques américaines opérant depuis la City de Londres car contrairement à Wall Street, « le Mile carré est sans régulation et le Parlement du Royaume-Uni n’a aucun pouvoir sur ce centre financier. Même la Reine d’Angleterre doit s’incliner devant le maire de ce Mile carré lorsqu’elle se rend dans les murs de cette bourgade d’origine de la City de Londres. »

Quant à JP Morgan Chase, de nombreuses indications montrent sans aucun doute que la banque utilisait l’énorme base de dépôts associés à ses activités commerciales (1100 milliards de dollars en 2011), pour soutenir ses immenses prises de position dans ses activités de banque d’affaires, dont la valeur nominale atteignait les 70 000 milliards de dollars. Après avoir parié dans la mauvaise direction, elle doit maintenant dénouer ses positions dans un marché qui est sur le point de se figer. Ceci peut provoquer des pertes bien plus grandes que les 2 milliards déjà annoncés, qui ne pourront être compensées qu’à partir de l’argent des épargnants.

Après avoir obtenu la démission de son directeur responsable de la gestion du risque Ina Drew, qui opérait directement sous les ordres de Dimon, JP Morgan Chase a nommé un membre de son Comité exécutif pour le remplacer, Matt Zames, un proche du secrétaire au Trésor et ami intime d’Obama, Tim Geitner. Zames est une valeur sûre. Il s’est fait un nom dans le petit monde de la spéculation financière comme membre de la direction de LTCM, le fonds spéculatif à l’origine de la crise financière de 1998....

Le magazine Politico résume le sentiment général qui prévaut aux Etats-Unis : « La perte géante de 2 milliards de dollars chez JP Morgan Chase braque les projecteurs sur un problème qui sera au centre de la campagne de Barack Obama pour sa réélection : quatre ans après que la crise financière ait presque mis la nation à genoux, il semble que presque rien n’a changé. Aucun banquier de haut rang n’est un prison... »

Le magazine rappelle que « dans une interview de 2009, Obama avait dit à ABS News que toutes les banques n’étaient pas mauvaises, tout en faisant l’éloge de JP Morgan en particulier. ’Il y a de nombreuses banques qui sont en réalité assez bien gérées’, avait-il dit. ’JP Morgan est un bon exemple. Jamie Dimon, le PDG là bas, je ne pense pas qu’il mérite une punition pour avoir fait un très bon boulot en gérant un porte-feuilles énorme.’ 

Rappelons qu’aux Etats-Unis, un projet de loi (HR1489) visant à rétablir le Glass-Steagall Act est en attente au Congrès. En Belgique, un projet de loi a été introduit dans la Chambre et au Sénat, et en Italie, un projet de loi a été introduit dans la Chambre.

Tout ceci montre bien comment Obama, Sarkozy et Merkel n’ont jamais eu l’intention de faire quoi que ce soit pour stopper l’orgie spéculative, comme l’a martelé Jacques Cheminade pendant sa campagne présidentielle.

Toute la pression revient donc sur François Hollande, le nouveau venu dans le club des chefs d’Etat des grandes puissances occidentales. Au Bourget le 22 janvier il avait déclaré la guerre contre une finance omnipuissante.

D’après La Tribune du 11 mai, la France envisage une réforme que serait « ni du Vickers [filialisation des activités sous un même toit], ni du Volcker [interdiction de spéculer avec les fonds propres], selon l’économiste Karine Berger, qui conseille François Hollande ».

D’après le journal, « un projet de loi devrait être présenté au Parlement français, dès la session extraordinaire de cet été, entre le 3 juillet et le 2 août », sans attendre les recommandations du groupe Liikanen lancé en début d’année à l’initiative du commissaire, par ailleurs anti-régulationniste, Michel Barnier sur le sujet de la séparation des activités bancaires. Il y a des moments dans l’histoire qu’on n’a pas le droit de rater.

COMMENTAIRES

olivier - le 15 mai 2012

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http://realinfos.wordpress.com/2012/05/15/olivier-delamarche-ce-mardi-15-mai-2012-la-jp-morgan/

The Score - le 15 mai 2012

a voir sur bfmtv
les mots sont lâchés

http://realinfos.wordpress.com/2012/05/15/olivier-delamarche-ce-mardi-15-mai-2012-la-jp-morgan/

petite souris - le 16 mai 2012

Bien évidemment Jacques Cheminade avait et a raison à propos de la crise structurelle du monde de la finance qui empêche l’économie d’être au service du plus grand nombre pour la paix par le développement...

Aujourd’hui, notre nouveau président a dit de très belles choses, mais il ne pourra pas mettre en oeuvre son programme, sans faire un Glass-Steagall adapté sujet dont il n’a absolument pas parlé, il n’a pas prononcé les mots qui fâchent : banque et finance ......................

charlotangi - le 16 mai 2012

Même Geithner en parle !

http://www.huffingtonpost.com/2012/05/15/timothy-geithner-jpmorgan-trading-loss-stronger-regulation_n_1517955.html?ref=business

http://www.standaard.be/artikel/detail.aspx?artikelid=DMF20120515_147

Yvan Stepov - le 17 mai 2012

Les déclarations de Karine Berger ne suffisent pas à me rassurer car d’une part, elle est "sponsorisée" par Pierre Moscovici dont on connait déjà la rigidité dogmatique, et, bien que bardée de diplômes (X + INSEE), qualifiée d’économiste experte, et enseignante à l’ENA (...), elle me parait manquer singulièrement de recul en n’imaginant pas pouvoir changer les règles et en s’enfermant donc dans un raisonnement convenu.