Dans un futur proche, l’existence même des Etats-Unis, et bien davantage encore, va se trouver gravement compromise à la fois par les politiques économiques et militaires actuelles de l’administration Bush et par les absurdités que véhicule la campagne du sénateur Kerry, aujourd’hui victime de ses mauvais conseillers. Bien que les orientations politiques de l’administration Bush diffèrent effectivement sur des détails relativement secondaires, les axiomes qui sous-tendent ces deux campagnes sont identiques, tant du point de vue économique que de celui de la guerre asymétrique, de plus en plus intense, qui est menée en Irak et en Palestine. Quelles que soient les différences dans la disposition des transats sur le pont de ce Titanic que sont devenus les Etats-Unis, les deux candidats refusent de dire ou de faire quoi que ce soit d’utile ou d’urgent qui puisse empêcher le paquebot de couler.
C’est seulement dans le cas où Kerry continuera à singer Bush sur l’essentiel que celui-ci pourra l’emporter sans avoir recours à la fraude. En s’efforçant d’apaiser une administration Bush menaçante et de plaire aux éventuels bailleurs de fonds de sa campagne, Kerry multiplie les gestes hésitants et sans consistance qui lui aliènent un important pourcentage des citoyens, ces hommes et ces femmes oubliés dont dépend une victoire démocrate en novembre. Cette victoire est là, sauf si Kerry la laisse échapper. Or, au train où il va, il fait beaucoup pour assurer sa défaite.
La question de savoir si le président Bush a été honnêtement élu ou simplement catapulté à ce poste reste obscurcie par la décision anticonstitutionnelle prise en janvier 2001 par le juge de la Cour suprême Antonin Scalia, un homme dont les convictions en droit constitutionnel reflètent plus souvent la Constitution de la Confédération sudiste que celle des Etats-Unis d’Amérique. Nous avons néanmoins adopté M. Bush comme Président, peut-être par compassion de la part de certains qui, sachant que les « Keystone Cops » (1) ont depuis longtemps cessé leurs activités, ont jugé que le pauvre M. Bush n’avait sans doute pas les compétences requises pour occuper un emploi autre que celui de poupée du ventriloque Dick Cheney à la Maison-Blanche.
Entre-temps, aucun des deux candidats rivaux n’a eu grand-chose de substantiel ou de positif à dire sur l’un quelconque des problèmes essentiels auquel fait face notre nation. Mon devoir consiste donc soit à remplacer le sénateur Kerry comme le candidat qui sera probablement investi, soit à créer une situation qui l’oblige à devenir le candidat gagnant et réellement qualifié pour remplacer Bush.
Le système monétaire et financier mondial se trouve dans la phase terminale aiguë d’un effondrement général. Contrairement aux démentis du sénateur Kerry, par exemple, tous les gouverneurs des grandes banques centrales du monde, qu’ils soient d’accord ou non avec les remèdes que je propose, reconnaissent tout à fait, en privé, l’exactitude factuelle de ma mise en garde sur l’effondrement en cours. Ils savent qu’il s’agit d’un effondrement, façonné par « le tsar des dérivés financiers » Alan Greenspan, qui sera bien pire que celui que l’Europe et les Etats-Unis ont vécu dans la période 1928-33, et que l’explosion globale et générale aura lieu dans un proche avenir. Le système monétaire et financier actuel est aux prises avec une hyper-inflation, causée par les produits dérivés, dont il ne pourra jamais se remettre.
Les Etats-Unis ne peuvent se reprendre que dans le cadre d’un nouveau type de système monétaire, similaire à celui conçu par le président Franklin Roosevelt. Soit nous réorganisons dès maintenant le système mondial, comme le fit Roosevelt, soit nous sombrerons dans une épidémie globale de fascisme, dominé par des « fonds vautours », comme celui qui s’imposa dans la majeure partie de l’Europe continentale occidentale et centrale, dans la période 1922-1945. Ce n’est pas une menace à long terme, c’est une menace immédiate. Elle pourrait se manifester lundi prochain ou dans quelques mois, mais l’épidémie arrive et frappera cette fois-ci avec une force bien plus grande que la calamité que Calvin Coolidge légua à Herbert Hoover il y a trois quarts de siècle.
Dans ce domaine, celui de l’économie, le sénateur Kerry nous promet, jusqu’à présent, un désastre électoral. Son cas nous rappelle, non sans fondement, celui du malheureux et maladroit Al Gore : sans les stupidités qu’il accumula dans sa campagne, l’élection du président Bush n’aurait pas été possible.
Nous avons très peu de temps. L’effondrement général du système financier américain et européen pourrait se produire dès lundi prochain, bien que le genre de ruses hyper-inflationnistes utilisées jusqu’à présent puissent retarder encore un peu le krach.
Je m’explique.
Au printemps 1987, j’ai annoncé un krach boursier majeur, probablement pour début octobre ; il se produisit effectivement à l’époque prévue. Au même moment, l’ancien président de la Réserve fédérale, Paul Volcker, qui avait démoli l’économie américaine à partir d’octobre 1979, se faisait remplacer par l’occupant actuel de ce poste, Alan « Bulles » Greenspan, plus connu sous le pseudonyme de « Greenspin » Face à la situation désastreuse que Volcker lui légua en octobre 1987, ce dernier inventa une nouvelle sorte d’argent appelé « produits financiers dérivés ». Les gens intelligents préfèrent les appeler « paris », engagés dans ce casino délirant qu’est le marché spéculatif des titres financiers. Greenspin a transformé ces paris, qui se sont montés en tout à 8 700 000 milliards de dollars en 2003, en une gigantesque escroquerie de comptabilité financière, une source d’avoirs nominaux, comptés comme s’ils avaient une véritable valeur économique sur les marchés financiers normaux, y compris les marchés boursiers et obligataires.
Pour comprendre l’effondrement accéléré du système monétaire et financier mondial, on peut comparer le gonflement des marchés financiers, notamment à l’aide de l’escroquerie des produits dérivés, avec l’image d’un avion à hélice, ou même d’un avion à réaction de la première génération, qui s’apprête à franchir le mur du son. C’est le célèbre front d’onde de choc défini par le physicien et mathématicien Bernard Riemann au milieu du XIXème siècle. En appliquant le concept riemannien à la crise économique actuelle, la condition-limite définissant le front de choc dans lequel entrent actuellement les finances mondiales, est le rapport entre le taux d’accroissement des agrégats financiers et celui du déclin relatif de la production de biens physiques, en excluant les qualités fictives de « services » comme le phénomène Wal-Mart, qui illustre bien cette stupidité économique dans le domaine de la « micro-économie ».
Comme la masse des agrégats financiers augmente géométriquement, le taux d’escompte nécessaire pour soutenir la bulle financière baisse, pour converger sur un taux de presque 0 sur les prêts à 24 heures, comme on le voit dans un système bancaire japonais en état de faillite virtuelle. Ce type d’émission de crédit monétaire inflationniste sert, avant tout, à soutenir des marchés financiers américains qui, autrement, auraient déjà coulé. L’escroquerie des titres hypothécaires, orchestrée par Greenspin par le biais de Fannie Mae, entre autres, ainsi qu’une bulle similaire mais plus grave en Angleterre, sont le résultat typique de cette situation monétaire et financière de plus en plus explosive.
Lorsque la courbe de l’inflation prend une direction presque verticale, l’équivalent du tremblement qui secoue l’avion, cela laisse présager le pire. A un point indéfini, mais imminent, l’avion risque de voler en éclats ou de piquer du nez, de même que de nombreux vols supersoniques d’essai se sont écrasés jusqu’à ce qu’un ingénieur allemand montrât aux Américains, en le dessinant au dos d’une enveloppe, comment reconfigurer l’avion pour un vol supersonique prenant en compte les principes de l’onde de choc riemannienne.
Pour information, cette bulle aurait pu éclater à la fin du mandat du président George Bush père et les pressions subies par le système ont largement contribué à sa défaite face à Bill Clinton. La bulle des technologies de l’information « IT » de Greenspin a maintenu l’escroquerie durant le gouvernement Clinton, jusqu’au printemps 2000, où la bulle convergeait déjà vers la zone d’effondrement général. La crise asiatique créée par Soros en 1997 en fut une conséquence. Il y eut ensuite la chute du marché des obligations russes (GKO) en août 1998. La politique de « mur d’argent » hyper-inflationniste mise en place vers la fin de cette même année a permis de reporter l’effondrement jusqu’au début du mandat de George W. Bush, en mars-juin 2000.
A présent, la courbe, qui ressemble au front d’une onde de choc, prend une direction verticale. Le rapport entre le taux d’accroissement de l’émission (de plus en plus inflationniste) d’avoirs monétaires et financiers fictifs et l’accélération de l’effondrement de l’économie physique (réelle) sous-jacente qu’il provoque, tend à produire un effet combiné de type hyperbolique. A ce stade, rien ne peut plus ajourner l’effondrement du système monétaire et financier sous sa forme actuelle.
Seuls des ignorants ou des menteurs, parmi les classes dirigeantes du monde, pourraient nier ce fait. Ou plutôt, comme pourrait le proposer l’élégant François Rabelais, la prochaine réunion des dirigeants du FMI se déroulera probablement autour d’une table ronde, chacun, pris de panique, étant assis sur un siège de WC à chasse d’eau automatique.
Ce qui est certain, si l’administration Bush-Cheney est réélue en novembre, c’est qu’il y aura un krach financier général, l’instauration d’un gouvernement mondial schachtien et fasciste, conseillé par un néoconservateur-schachtien tel que Felix Rohatyn ou Robert Mundell et contrôlé par les fonds-vautours, et que se trouvera mise en oeuvre une politique de guerre perpétuelle « tournante », voulue par Cheney et la Fabian Society de Blair, en accord avec la doctrine de guerre nucléaire préventive qui a conduit à l’impasse actuelle en Irak.
Entre-temps, les Etats-Unis, dirigés, dès novembre 2004, par une équipe Bush-Cheney-Ashcroft-Scalia, seront transformés par des mesures d’exception en un Etat fasciste modelé sur celui dont Ashcroft et Scalia ont déjà adopté les tendances agressives, calquées sur les politiques du « juriste » d’Hitler, Carl Schmitt, le même qui avait parrainé Leo Strauss, idéologue dont les doctrines fascistes ont inspiré les néo-conservateurs du clan Cheney. L’approche du crépuscule des dieux de l’Olympe financier se traduit habituellement par une dynamique de guerres et de dictatures associée à la notion d’âge de ténèbres.
Cette déclaration politique vise à faire remettre en sûreté, avec succès et rapidité, les forces militaires américaines, les sortant de l’abîme sans espoir que consistue l’occupation militaire de l’Irak. Actuellement, ni le Président ni le sénateur Kerry ne sont compétents pour élaborer un plan concret de mise en œuvre de ce retrait. Comme je l’expliquerai ici, ma politique elle-même ne sera pas efficace si elle n’était présentée par le gouvernement américain comme étant ma doctrine. S’il ne reconnaît pas que c’est ma doctrine qu’il adopte ainsi, il ne pourra pas réussir.
Cette doctrine se définit de la manière suivante.
- On ne peut trouver ni les causes du bourbier de la guerre asymétrique qui fait rage en Irak, ni ses remèdes, au sein de la configuration de forces qui s’affrontent aujourd’hui dans cette région. Il n’ya aucune raison valable, morale ou militaire, au maintien de nos forces en territoire irakien. C’est pourquoi nous devonsen retirernostroupes sans dommagesetsansdélai.Cependant, cela ne peut se faire sans la création d’un cadre stratégique plus large dans lequel une solution viable puisse voir le jour.
Le piège qui s’est refermé sur les forces militaires américaines stationnées en Irak se présente ainsi : si les Etats-Unis foncent tête baissée dans la fuite en avant, comme le propose, dans son désarroi, le ministre de la Défense Rumsfeld, ou s’ils s’engagent à la hâte dans une retraite irresponsable, cela créera inévitablement sur le terrain, mais aussi pour la position desEtats-Unis dans le monde, un chaosinfinimentplusgraveque celui qui règne actuellement. Par conséquent, il faut changer la donne par un mouvement tournant.
- Afin de définir une solution faisable, nous devons étendre notre réflexion de l’Irak à l’ensemble de l’Asie du Sud-Ouest. Ce n’est que par une déclaration légitime définissant l’intérêt des Etats-Unis en Asie du Sud-Ouest en tant qu’expression cohérente de l’appareil de décision politique américaine, que nous pourrons mettre en jeu le concert de forces nécessaire pour créer une option viable pour l’Irak.
- En accord avec la politique étrangère des Etats-Unis, l’Asie du Sud-Ouest doit être reconnue comme étant délimitée par quatre Etats principaux, dont la coopération bien comprise est indispensable à la création d’une zone de stabilité entre les nations et les peuples de toute la région. Ce sont la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Egypte. La sécurité de la partie nord-est de cette région repose sur la protection de son flanc, en garantissant la non-ingérence, ce qui exclue toute intervention externe dans les discussions en cours sur la coopération entre l’Arménie, l’Azerbaïdjan et l’Iran.
Seule l’adoption immédiate d’une déclaration par laquelle les Etats-Unis s’engagent à reconnaître cette réalité en Asie du Sud-Ouest permettra de trouver l’aide nécessaire pour sortir les forces américaines d’Irak. L’approbation de cette prise de position américaine par ces pays et leurs voisins constitue l’action de flanc nécessaire. D’où l’urgence d’une action allant dans le sens indiqué ici, qui doit être entreprise sans délai.
- L’effort pour instaurer une telle zone de sécurité mutuelle en Asie du Sud-Ouest échouera, à moins que les Etats-Unis ne s’engagent en même temps, inconditionnellement et avec la plus grande fermeté, dans la négociation immédiate d’un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens, prévoyant la création de deux Etats et un engagement politique à long terme. Personne en Asie du Sud-Ouest, ni dans le reste du monde d’ailleurs, ne croira à la bonne foi des Etats-Unis s’ils ne s’engagent pas fermement, sans leurs arrière-pensées présentes et habituelles, en faveur de l’établissement, enfin, d’une paix israélo-palestinienne qui corresponde de fait aux principes des traités de Westphalie de 1648.
Si les nations d’Asie du Sud-Ouest acceptent un tel règlement, avec le soutien assuré des Etats-Unis, alors les influences mondiales nécessaires pourront être activées.
- Cependant, aucune politique ouvertement adoptée par les Etats-Unis, même si elle suit à la lettre ce qui a été dit ici, ne sera acceptée par les peuples de la région si le gouvernement américain ne la reconnaît nommément comme la « doctrine LaRouche ». En effet, aucun autre homme politique américain de cette envergure ne jouit, du moins pour le moment, de la confiance des régions arabes et de leurs voisins.
Si la mention du nom de « LaRouche » est si essentielle dans ce contexte, c’est que le gouvernement américain, sous la houlette de personnes telles que le vice-président Cheney et ses néo-conservateurs, qui sont des émules de Léo Strauss, a constamment manifesté son engagement en faveur d’une doctrine utopiste connue sous le nom de « guerre perpétuelle » ou « guerre nucléaire préventive ». Ces politiques représentent l’extension des doctrines « fabiennes » de deux personnalités violemment anti-américaines, H.G. Wells et Bertrand Russell ; ce sont les doctrines de « gouvernement mondial imposé par la terreur des armes nucléaires », qui ont dominé le monde depuis le bombardement de Hiroshima et Nagasaki jusqu’aux événements européens de 1989. Cheney, en particulier, a désigné la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et d’autres nations comme cibles de cette politique. S’il devait être réélu, le monde peut s’attendre à des actions immédiates, y compris des attaques nucléaires « préventives », contre ces cibles et d’autres encore, peu après l’élection de novembre. Aucune déclaration de politique américaine ne sera considérée comme crédible, à moins qu’elle ne soit perçue comme l’éradication systémique de la tradition anglophone de « gouvernement mondial » ; cher à Bertrand Russell et de ses liens avec les doctrines du vice-président Cheney.
- Pour le moment, nous devons tenir les juristes de Wall Street, et tous ceux du même acabit, à l’écart de toute prise de décisions politiques. Aucune tentative de développer un quelconque « plan de retraite détaillé » ou de négocier un « contrat » ne devrait être lancée avant d’avoir obtenu un engagement en faveur d’un accord de principe, rassemblant une large majorité des partenaires impliqué dans ce nouvel accord de sécurité et de développement en Asie du Sud-Ouest. N’oublions pas que le commencement de la fin des accords d’Oslo, excellents par ailleurs, sonna dès que l’on autorisa certains intérêts financiers - ceux liés à la Banque mondiale par exemple - à intervenir à la manière d’avocats des intérêts bancaires, rendant si tortueuse la mise en œuvre des traités, et avec une telle incompétence, qu’aucune mesure sérieuse de développement économique ne put jamais être prise. Cette erreur créa un vide dans lequel la malveillance de Netanyahou, d’Ariel Sharon et d’autres dans les deux camps, se fit payer un tribut fatal.
Dans les conditions où se trouve aujourd’hui cette région, un accord mobilisateur ne pourra être établi que sur la base de principes d’intention fondés sur la loi naturelle, plutôt que sur la loi positive, comme le grand principe constitutionnel de « l’avantage d’autrui » ; des traités de Westphalie de 1648. La loi positive doit savoir s’effacer jusqu’à l’adoption des principes œcuméniques pertinents de la loi naturelle.
Les principaux problèmes économiques de cette région d’Asie du Sud-Ouest sont l’eau et l’énergie. Dans le voisinage immédiat d’Israël et de la Palestine occupée, par exemple, les ressources en eau immédiatement disponibles ne sont pas suffisantes pour permettre à la population croissante de vivre en paix dans la région. Avec des moyens artificiels permettant d’augmenter l’approvisionnement en eau potable, comme des installations de dessalement à grande échelle, ainsi que des équipements de production et de distribution d’énergie, on peut assurer les conditions d’une future paix durable dans toute la région. Plus généralement, la paix ne sera un projet viable dans la durée que si la région est définie comme une zone de coopération pour le développement d’Etats-nations souverains.
- Les Etats-Unis doivent reconnaître que la stabilité de l’Asie du Sud-Ouest est un flanc décisif, permettant une relance économique par le développement du continent eurasiatique et des zones voisines, considérés comme un tout. Il est d’un intérêt vital pour les Etats-Unis que cette région du monde se développe de façon à ce que les conditions de vie et les relations de coopération entre les peuples s’améliorent et que se crée un système de coopération pour le progrès, dans lequel les Etats-Unis eux-mêmes souhaitent se voir acceptés comme partenaire actif et utile. Si nous mettons le feu à la maison de nos voisins, la nôtre sera-t-elle vraiment en sécurité ?
- Le jugement que le monde portera sur ma proposition de nouvelle politique pour l’Asie du Sud-Ouest incitera d’autres nations à examiner attentivement ma politique militaire en tant que telle. En voici les principaux éléments :
a) Je propose que les Etats-Unis adoptent, comme intention, ma politique pour un retrait prompt et sommaire des forces militaires américaines du Moyen-Orient. En tant que Président, je rapatrierais le gros de nos forces militaires aux Etats-Unis, afin de reconstituer ici les institutions concernées. Par conséquent, je vais exposer les points essentiels d’une politique militaire qui devra être acceptée comme étant notre politique, par nous comme par les autres nations.
b) La politique militaire des Etats-Unis doit être, désormais, l’affirmation de la tradition militaire de défense stratégique, telle que la définit pour la première fois de manière scientifique le grand Lazare Carnot, celui qui sauva une France qui semblait vouée à l’occupation et au démembrement par les forces coalisées des armées de toute l’Europe. Cette politique de défense stratégique, telle que nous la connaissons, s’enrichit ensuite des contributions du Prussien Gerhard Scharnhorst, dont la politique se concrétisa par la destruction de la Grande armée de Napoléon, prise dans le piège stratégique tendu par Alexandre Ier, puis, plus tard, par l’initiative prussienne qui anéantit ce qui restait des forces en déroute de l’Empereur avant qu’il ne puisse regagner la France pour reconstituer une nouvelle armée. Ce magnifique principe fut appliqué aussi par le général Douglas MacArthur dans la Guerre du Pacifique et en Europe, par les deux traditionnalistes Marshall et Eisenhower, avec les limites imposées par nos relations extraordinairement tendues avec l’allié britannique Winston Churchill, entre autres.
c) La défense stratégique se fonde sur l’établissement et le développement de la paix, et non sur la recherche de la guerre perpétuelle. (Nous ne devons plus jamais tolérer des imitations du premier fasciste, l’empereur-voleur Napoléon Bonaparte, qui fut le modèle idéologique des guerres d’Adolf Hitler.) Ainsi, en temps de guerre comme en temps de paix, les forces militaires des Etats-Unis d’Amérique doivent essentiellement servir de force d’ingénierie, sous la direction d’officiers dont les qualifications reposent sur des compétences scientifiques et d’ingénierie, et aussi sur la compréhension de la mission et des tâches des forces militaires de la République, ainsi que de leur travail de renseignement ; tout cela sur fond d’une compréhension adéquate de l’histoire de l’art de gouverner, notamment de l’histoire de la civilisation européenne depuis la Grèce antique.
d) Carnot développa la tradition de la défense stratégique française, en faisant référence à Vauban et à l’intention qui présida à l’édification de fortifications comme celles de Belfort ou Neuf Breisach, et c’est cette tradition - et non les dogmes du mercenaire Jomini - qui servit de fondement à la revitalisation de l’académie militaire américaine de West Point sous les présidences de James Monroe et de John Quincy Adams. Cet effort fut étayé par le rôle de la Société de Cincinnatus, la branche de renseignement et de contre-renseignement aux Etats-Unis à cette époque, alors dirigée par le marquis de Lafayette, et pour laquelle travaillaient des héros du renseignement comme Washington Irving, James Fenimore Cooper, l’expert en contre-renseignement Edgar Allan Poe, etc.
e) Depuis une quarantaine d’années, depuis le lancement officiel de la guerre en Indochine, les Etats-Unis et leurs forces militaires ont subi un long déclin en terme de qualité, basculant d’un statut de défense stratégique à un mode impérial. Cette transformation alla de pair avec le passage de notre économie nationale du rang de première nation productrice mondiale, qu’elle occupa jusqu’à 1966-68, à une économie « post-industrielle » de plus en plus prédatrice, qui prit forme entre 1971 et 1981. Durant cette dernière période, nous avons abandonné l’essentiel de notre infrastructure économique de base et supprimé les emplois productifs qualifiés, faisant de notre nation quelque chose qui ressemble à la Rome impériale, qui maintenait sous contrôle sa population appauvrie avec du pain et des jeux de cirques, tout en pillant les esclaves, les peuples et les nations qui en étaient les sujets.
f) La décadence des formes récentes, surimposées, adoptées par la doctrine et la pratique stratégiques américaines, remonte pour l’essentiel aux accords passés entre l’appareil de sécurité nazi et une faction américaine liée à Allen Dulles et à son associé James J. Angleton. Suivant ces arrangements, la section de l’appareil de sécurité nazi liée à Schellenberg et à Wolf en Italie, ainsi qu’au réseau international du même Hjalmar Schacht qui avait contribué à la mise au pouvoir des nazis en Allemagne, fut intégrée dans l’appareil de renseignement anglo-américain comme un genre d’« entité anti-soviétique compétente », puis, quelque temps après, dans l’OTAN. Cette récupération d’un noyau nazi dans ce qui allait devenir l’aile stratégique « utopiste » de l’establishment anglo-américain, faisait partie intégrante de la mise en œuvre de la politique de « gouvernement mondialiste par la guerre préventive nucléaire », souhaitée alors par Bertrand Russell, et aujourd’hui par le vice-président Cheney et ses réseaux. Les nouvelles générations de cet appareil nazi infestent aujourd’hui l’Italie, la France, l’Espagne et les nations d’Amérique centrale et du Sud, tout comme les potentiels militaires utopistes de notre propre nation. Le vice-président Cheney et les néo-conservateurs, comme Michael Leeden, sont de fait les représentants idéologiques de la génération actuelle perpétuant cet héritage de l’Allgemeine-SS (des « fascistes universels », « pro-mondialisation »).
g) L’intégration de cet élément nazi dans la faction utopiste de l’establishment anglo-américain s’effectua à travers l’Espagne de Franco et l’importante composante SS rescapée de la République de Salo du général Wolf, en Italie, dirigée par Mussolini. Cependant ces éléments, pour vicieux qu’ils fussent, n’étaient que des instruments du même réseau synarchiste international de banques privées, qui avait mis les fascistes au pouvoir partout en Europe occidentale et centrale entre 1922 et 1945. Ce même réseau synarchiste représente l’intérêt financier derrière la politique associée au vice-président Cheney et au 10 Downing Street, sous la coupe de la Fabian Society.
h) Ces faits révoltants doivent être dévoilés et dénoncés si les Etats-Unis veulent être capables d’adopter une doctrine stratégique et une pratique institutionnelle répondant à leurs véritables intérêts. Si notre pays affirme qu’il ne tolérera plus ces reliques du passé, alors il sera possible de mettre en œuvre les réformes politiques et pratiques nécessaires pour un retour à la tradition fondatrice de notre république et de ses formes constitutionnelles.
- Les questions de paix et de sécurité ne peuvent être séparées de la reconstruction de notre économie, qui doit retrouver son rôle de première économie productrice au monde. Ce rôle est reflété dans les niveaux de progrès scientifique et technologique. Cela demande une reconstruction de notre République, dans laquelle les institutions, en accord avec notre tradition militaire de défense stratégique, puissent renouer avec leur orientation constitutionnelle traditionnelle.
a) Comme l’avait compris le grand réformateur prussien Scharnhorst, une politique de défense stratégique repose sur l’intégration des forces militaires régulières et de la milice générale, autrement dit les réserves organisées et non-organisées qui pourraient être mobilisées en cas de guerre ou d’urgences autres. La milice n’est capable de remplir sa fonction que dans la mesure où elle est qualifiée en tant que force d’ingénierie. Les forces envoyées en Irak pour l’occuper n’avaient pas les qualifications de corps d’ingénierie et, par conséquent, elles n’ont pas su intégrer comme partenaire, dans les travaux de reconstruction, la vaste milice existante sur place. Pourtant, cela aurait facilité le retrait rapide et réussi de nos forces.
b) La reconstruction de l’économie américaine actuellement en banqueroute exige l’investissement massif de crédits à long terme, émis par le gouvernement fédéral, dans des programmes de reconstruction et de développement de l’infrastructure économique de base, pour lesquels on devra probablement prévoir une formation de capital de l’ordre de 6000 milliards de dollars sur quatre ans. On se heurtera alors au problème du manque de qualification dans les couches non employées ou mal employées de la population. Au cours des années 30, sous la présidence de Franklin Roosevelt, fut créé le Civilian Conservation Corps, en grande partie sous la supervision de l’ingénierie militaire, qui allait fournir plus tard des divisions complètes pour l’effort de guerre et qui contribua aussi beaucoup, après la guerre, à la formation de la force de travail civile. La manière dont Sargent Shriver anima le Peace Corps de Kennedy en est un autre exemple important. Si on oriente les forces militaires régulières vers des relations opérationnelles complémentaires avec celle des réservistes, et si l’on revient à la tradition consistant à privilégier les qualifications scientifiques et d’ingénierie au niveau de la formation et de l’affectation du travail, on aura établi le lien entre les tâches économiques de reconstruction des capacités de production, aujourd’hui exsangues, et le maintien de nos forces régulières et de réserve à des niveaux quantitatifs et qualitatifs adéquats.
c) La guerre doit s’achever par la paix. Une force militaire qui s’engage dans une guerre nécessaire doit terminer le travail en posant les fondations d’une paix durable et doit avoir les qualifications requises pour mener à bien cette mission.
- Disons au monde entier, audacieusement, clairement et sans équivoque, que c’est pour ce dessein que notre nation fut créée et qu’elle doit y revenir. Alors, nous serons invincibles dans toute entreprise légitime et nous saurons éviter scrupuleusement de faire ce qu’il ne faut pas.