Wall Street nous a donné cette crise, LaRouche la solution
Ce que chaque nation doit faire immédiatement
Déclaration publiée le 10 avril 2025 par l’Institut Schiller à propos de la crise financière.
Le système financier occidental est au bord d’une crise systémique générale. Sans changement de cap, elle deviendra le prélude à une nouvelle Grande dépression mondiale, pire que celle des années 1930.
La dérive est amplifiée par la guerre commerciale prédatrice que l’administration Trump a déclenchée contre le monde entier – et en particulier contre la Chine – sur les conseils de charlatans formés à Harvard et de gestionnaires de fonds spéculatifs comme Stephen Miran.
Le président Trump semble vouloir libérer le système financier mondial des aspects spéculatifs de la mondialisation, ce qui serait un effort légitime. Mais prétendre que le monde entier a pillé les États-Unis est une inversion de la réalité historique.
C’est le système financier néolibéral de Wall Street et de la City de Londres, qui s’est développé après que le président Nixon a détricoté le système de Bretton Woods et introduit des taux de change flottants en 1971, qui a créé un mécanisme de pillage des capacités productives dans tous les pays, y compris les États-Unis. Les efforts actuels des pays du Sud pour mettre en place un système économique qui leur permettrait de se développer constituent une révolte contre la politique de conditionnalités du FMI et de la Banque mondiale.
Le président Trump a raison : les États-Unis ont été spoliés, tout comme les pays du Sud et du monde. Par conséquent, nous sommes tous sur le même bateau, et les efforts pour corriger les erreurs du système doivent être coopératifs.
Wall Street et la City de Londres se sont donné beaucoup de mal pour créer une bulle spéculative de 2 quadrillions (millions de milliards, soit 1015 de dollars), une bulle financière insoutenable, quels que soient le nombre de guerres déclenchées et les coupes budgétaires qu’elles imposent aux États. Ils ont détruit les économies productives d’Europe et des États-Unis et pillé les pays du Sud par le biais de l’asservissement par la dette et des politiques coloniales qui en découlent.
Pire encore, ils ont introduit leur cancer spéculatif sur le marché des obligations du Trésor américain lui-même, sapant ainsi les fondements du système financier transatlantique d’après-guerre. Et ils proposent de repousser le jour où ils devront rendre des comptes en inondant le système de cryptomonnaies sans valeur et de prétendus « stablecoins », tout en exigeant que la Réserve fédérale revienne à sa politique de prêts sans fin à taux zéro (assouplissement quantitatif), mais cette fois sous stéroïdes.
Or, on ne peut pas simplement proposer de faire écrouler tout cela, par une variante moderne de la « désintégration contrôlée » de la Commission trilatérale et de Paul Volcker, ou de la « destruction créatrice » de Schumpeter, comme le prétendent de nombreux conseillers de Trump.
La question essentielle à laquelle il faut répondre est la suivante : par quoi allons-nous remplacer le système actuel, désespérément en faillite ?
La fondatrice de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, a répondu directement à cette question en insistant sur la nécessité d’établir un nouveau paradigme, une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement, prenant en compte les intérêts de chaque nation, fondée sur les principes éprouvés élaborés par son défunt mari et économiste renommé Lyndon LaRouche, à commencer par le concept essentiel selon lequel l’homme n’est pas une bête. Le président Trump devrait suivre son instinct initial et consulter de manière approfondie ses homologues russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, puis convoquer conjointement une conférence internationale réunissant les nations du monde entier afin d’instaurer un nouveau système de Bretton Woods.
On y débattrait des principes fondamentaux, ainsi que des politiques spécifiques à adopter pour une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement répondant aux intérêts de chaque nation. En cas de difficultés et de désaccords, ceux-ci seront résolus selon le principe westphalien de « l’intérêt général », et non par des déclarations agressives et des menaces contre autrui qui, d’ailleurs, ne s’attaquent même pas à la cause profonde de la crise.
Il y a plusieurs décennies, Lyndon LaRouche a défini les politiques nécessaires pour « mettre fin à la dépression économique en un jour », politiques réaffirmées dans le résumé de 2014, intitulé « Quatre nouvelles lois pour sauver immédiatement les États-Unis ! » :
1. Eradiquer le cancer spéculatif de 2 quadrillions de dollars. Wall Street et la City de Londres devront en assumer les conséquences. On doit rétablir la loi bancaire américaine Glass-Steagall de 1933, séparant en deux le système bancaire :
• d’un côté, les banques commerciales qui collectent des dépôts pour octroyer des prêts à l’économie réelle (et bénéficient pour cela du soutien de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) et du gouvernement américain en général) ;
• et de l’autre, ce qu’on appelle les « banques de marché » ou « banques d’investissement », impliquées dans une spéculation effrénée qui sera privée de tout soutien public. Finis les renflouements du cancer ! Cela contribuera également à équilibrer le budget fédéral.
2. Revitaliser le secteur productif de l’économie – qui, depuis 1971, s’est effondré aussi vite que la bulle spéculative s’est développée, comme l’illustre le graphique de la « Triple Courbe » de LaRouche – grâce à une nouvelle source de crédit productif pour financer les grands projets d’infrastructure et la réindustrialisation nécessaires. Cela inclut la reconversion du complexe militaro-industriel-financier en production utile, qui pèse aujourd’hui sur l’économie productive.

Une solution viable pour générer de tels flux de crédit productifs, à l’instar de ce qu’Alexander Hamilton avait fait avec la First National Bank des Etats-Unis, serait de nationaliser la Réserve fédérale, au lieu de l’utiliser pour renflouer les banques en faillite à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars. Cela pourrait commencer par la création d’une Banque nationale pour les infrastructures au sein de la Fed de New York, qui financerait initialement des projets d’infrastructures dans les secteurs de l’électricité, de l’eau et autres pour les États-Unis, ainsi que des prêts internationaux pour des projets de développement. La banque serait initialement capitalisée par des échanges de créances du Trésor contre des actions de la Banque.
3. Conclure des traités avec des pays partageant les mêmes aspirations afin de rétablir un système financier international à taux de change fixe, comme celui d’avant 1971, qui offrira un cadre favorable et prévisible au développement des infrastructures mondiales et autres projets d’investissement. Les États-Unis ont toutes les raisons de se joindre à l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » et de coopérer avec les pays des BRICS – qui représentent désormais plus de la moitié de l’humanité – dans cet effort de développement mondial.
Si les États-Unis reviennent à ce type de politique, les pays du Sud ne ressentiront plus le besoin impérieux de dédollariser et de se distancier du Titanic financier en perdition que sont Wall Street et la City de Londres. Ils accueilleront avec joie les offres américaines de coopération sur de tels projets.
4. L’avenir de l’humanité exige de porter une attention constante à la science et à la technologie, notamment dans les domaines novateurs de la fusion nucléaire et de l’exploration spatiale. Ces domaines constituent des terrains d’entente idéaux pour la coopération entre les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Inde et les BRICS, au bénéfice de tous. Cette promotion de la créativité humaine est la source de toute véritable valeur économique.
Au sujet des tarifs douaniers et du commerce
Le penseur et économiste américain Lyndon LaRouche (1922-2019) a abordé cette question dans son essai intitulé « On the Subject of Tariffs and Trade », publié par le magazine EIR dans son numéro du 13 février 2004.
LaRouche y explique :
LaRouche concluait par cette perspective politique :
« Cette réussite dépend essentiellement du développement de l’utilisation de ces pouvoirs productifs, tels que Platon les a définis, à travers la mise en œuvre de principes physiques universels validés expérimentalement, ou de principes culturels d’importance similaire.
« Le développement et le maintien de ces capacités, ainsi que de nouvelles améliorations en ce sens, sont, dans une large mesure, rendus possibles grâce à diverses formes d’investissement en capital dans les infrastructures économiques de base, les infrastructures publiques, les améliorations en capital des entreprises entrepreneuriales, ainsi que le niveau de vie et le niveau culturel des ménages composant notre main-d’œuvre nationale.
« Dans le cadre d’une politique protectionniste de tarifs douaniers et commerciaux, à condition qu’elle s’inscrive dans le cadre d’un système monétaire et financier international à taux de change fixe, il est possible de fixer une fourchette de ‘prix équitables’ des produits de base à l’interface entre les exportations et les importations de notre économie et le marché international. Dans ce cas, les prix de nos produits peuvent baisser grâce aux progrès technologiques qui n’en altèrent pas la qualité, à ceci près que les baisses de salaires ne peuvent pas être systématiquement utilisées pour réduire les prix des produits de base. Le commerce (importation, exportation, ou les deux) peut servir de moyen supplémentaire de régulation de la stabilité des prix, visant à protéger la valeur physique relative du capital investi. En général, abaisser le niveau de vie des ménages pour rendre les biens ‘plus compétitifs’ est d’office une politique à bannir.
« Considérez ce que je viens de dire dans le contexte de la destruction de l’économie américaine après 1977, provoquée par la déréglementation des échanges. Il en a résulté une concentration du trafic sur un nombre limité de ‘pôles’, entraînant un quasi-effondrement des communautés des régions périphériques, et souvent leur dépeuplement. Cela a entraîné un effondrement de la productivité au kilomètre carré aux États-Unis, avec pour corollaire un effondrement net de la production physique nette de la population dans son ensemble. Folie ? Oui : une folie engendrée par la propagation du dogme insensé du libre-échange.
« L’objectif doit être d’accroître la production physique effective par habitant et par kilomètre carré. Cet effet recherché est favorisé par des tarifs de fret standardisés et un transport efficace des personnes entre les principaux pôles et les centres régionaux, de manière à optimiser l’utilisation du potentiel représenté par la population et la superficie totales du pays.
« Des avantages similaires découlant de la réglementation des échanges et des tarifs douaniers doivent être recherchés entre les nations, à l’échelle mondiale. Nous devons donc encourager la formation pertinente de capital physique partout dans le monde, afin d’optimiser le taux de croissance des productions brute et nette par habitant et par kilomètre carré.
« Le principe général, qui s’applique aux tarifs douaniers et au commerce, illustré par ces cas, est l’urgence de déplacer les notions de coût et de rentabilité, du faible coût du capital physique de production et de distribution vers les gains de marge de croissance par habitant qui sont obtenus en élevant le niveau de vie objectif et la qualité et l’intensité relative de la formation de capital.
« L’accent doit d’abord être mis sur des investissements massifs et à grande échelle dans les infrastructures économiques de base, afin d’opérer en urgence un changement qualitatif dans l’environnement de production et la vie familiale. Cet accent mis sur les infrastructures économiques de base est le seul moyen durable de promouvoir la relance générale d’un secteur privé viable.
« Cependant, rien de tout cela ne pourra être accompli sans se référer aux succès du président Franklin Roosevelt, qui a sauvé les États-Unis de la dépression et de la menace d’un empire mondial dirigé par les nazis. Cela nécessite de se débarrasser d’Adam Smith et de tout ce qui lui ressemble, et de revenir aux principes constitutionnels du système politico-économique américain, tels que décrits par le secrétaire au Trésor Alexander Hamilton, entre autres. Cela implique de rétablir les pratiques de régulation, y compris le protectionnisme, associées à la révolution Franklin Roosevelt des années 1930. »
Quelle est la véritable cause de l’effondrement ?
« Ce qui s’effondre aujourd’hui, ce n’est pas une économie, mais une immense bulle financière, une bulle dont la principale expression économique est le rôle du système financier américain comme ‘importateur de dernier ressort’ pour le monde entier. (…)
« En réalité, jusqu’à présent, le monde a soutenu une immense bulle financière libellée en dollars américains, principalement dans le but de soutenir le rôle d’importateur ‘de dernier recours’ d’une économie américaine gonflée et intrinsèquement en faillite pour une grande partie du monde. Que se passera-t-il lorsque cette bulle financière entrera inévitablement dans sa phase d’effondrement en chaîne ? C’est l’enjeu de ce qui se passe actuellement.
Lyndon LaRouche, le 23 décembre 2000. »
Sur la question de la dé-dollarisation, nous vous invitons également à lire le texte suivant de LaRouche, disponible en français sur le site de S&P, « Pour un commerce sans devises, basé sur un panier de matières premières ».