Londres attire Trump dans le piège iranien

jeudi 3 avril 2025

Il n’avait fallu que 22 jours après l’investiture de Donald Trump à sa première présidence, pour que les Britanniques et leurs alliés de la « bureaucratie permanente » américaine lancent une opération visant à couler son administration. Suite à la révélation d’une conversation avec l’ambassadeur russe, le général Michael Flynn, alors conseiller à la sécurité nationale, avait été poussé à la démission.

Cette fois-ci, il aura fallu un peu plus de deux mois pour que le même appareil lance une torpille politique similaire, sous la forme du scandale du « SignalGate », en référence à la messagerie sur laquelle de hauts responsables de l’administration Trump ont échangé à propos des frappes lancées contre les Houtis, alors que le rédacteur en chef du magazine The Atlantic, avait été inclus, « par erreur », dans la discussion.

Au-delà des détails de ces deux scandales, l’intention des Britanniques et de leurs alliés américains est la même : « aveugler » l’administration Trump en semant la zizanie au sein de son équipe de renseignement, incluant notamment Tulsi Gabbard à la direction du Renseignement national, Kash Patel au FBI et John Ratcliffe à la CIA, entre autres.

Du mensonge sur l’Irak au piège iranien, en passant par le « Russiagate »

Comme nous l’avons souligné dans nos précédentes chroniques, Londres s’inquiète des signes indiquant que le président Trump se désintéresse de la « relation spéciale » entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, au profit d’une politique souveraine tournée vers la normalisation des relations avec la Russie – et pourrait bientôt faire de même avec la Chine – menaçant en cela l’architecture mondiale dominée depuis la chute de l’URSS par le tandem Londres-Washington.

N’est-il pas significatif de voir réapparaître Sir Richard Dearlove, l’ancien chef du MI6 (le service secret britannique), insistant sur le fait que les États-Unis et Israël devraient agir ensemble pour renverser le gouvernement iranien et bombarder ses installations nucléaires ?

Rappelons que Dearlove a tenu un rôle central dans l’orchestration du « Russiagate », basé sur le dossier frauduleux du prétendu « ancien agent » du MI6 Christopher Steele, qui paralysa le premier mandat de Trump et conduisit à la procédure de destitution contre lui en 2020.

Coutumier du fait, Dearlove avait pesé de tout son poids en faveur d’une invasion de l’Irak en juillet 2002, alors qu’il dirigeait le MI6, assurant que l’on ne devait pas s’inquiéter de la faiblesse des preuves invoquées, parce que « les renseignements et les faits [étaient] en train d’être fixés autour de la politique ».

Dans son interview du 21 mars au Jewish Chronicle du Royaume-Uni, Dearlove rappelle que la Grande-Bretagne a « toujours eu avec Israël une relation plus étroite que les gens ne le pensent ». Il décrit l’Iran comme « la principale force déstabilisatrice au Moyen-Orient (…). Si nous assistons à la fin de la théocratie en Iran, d’une manière ou d’une autre, le Moyen-Orient aura un visage bien différent ; il sera moins un problème géopolitique et moins une menace existentielle pour Israël », promet-il.

Décapiter l’administration Trump

Le 26 mars, nos confrères de l’EIR (Executive Intelligence Review) ont publié un rapport démontrant que la stratégie de « décapitation de l’Iran », actuellement populaire à Washington DC, est une stratégie britannique visant en réalité à « décapiter »... l’administration Trump, ce qui est confirmé par l’interview de Dearlove. Il s’agit de stopper à tout prix le processus de normalisation des relations diplomatiques entre les États-Unis et la Russie, qui pourrait non seulement résoudre la crise ukrainienne, mais aussi celle d’autres zones de conflit, y compris les horreurs actuelles en Asie occidentale.

Et il est clair que les Britanniques sont prêts à jouer sur toutes les cordes possibles pour parvenir à manipuler et piéger le président américain. Le week-end dernier, le président finlandais Alexander Stubb, un anglophile assumé, s’est rendu à Mar-a-Lago, où il a joué au golf avec Trump et le sénateur républicain Lindsey Graham, un faucon de guerre notoire. Stubb s’est ensuite rendu directement à Londres pour rencontrer les dirigeants du MI6 et le Premier ministre Keir Starmer.

Puis, le 30 mars, après s’être entretenu avec Trump par téléphone, Starmer s’est vanté que tous deux étaient convenus de « maintenir une pression collective » sur Vladimir Poutine, ce que le président américain a mis à exécution dès le lendemain en menaçant le président russe de rétablir des sanctions contre son pays.

Cité dans The Guardian de Londres du 1er avril, Stubb s’est montré confiant à l’idée de voir Trump changer son fusil d’épaule vis-à-vis de la Russie :

Je pense que nous nous dirigeons probablement dans une direction où les Américains voient la Russie pour ce qu’elle vaut (…). Le demi-cessez-le-feu a été rompu par la Russie (…) ; mon sentiment est aussi que le président des États-Unis est à bout de patience avec la Russie.

Dangereuse escalade

Ces derniers jours, les dirigeants des gouvernements américain et iranien ont eu des échanges à distance concernant la capacité nucléaire de l’Iran, et sa capacité militaire en général (nucléaire et non nucléaire), ainsi que des questions connexes.

Le 30 mars, le président iranien Massoud Pezeshkian a déclaré lors d’une réunion du cabinet que « la voie des négociations indirectes reste ouverte. C’est le comportement des Américains qui déterminera la poursuite du processus de négociation. Les États-Unis ont massé d’importantes capacités navales, aériennes et de troupes dans la région ». Le 30 mars, le président Trump a averti sur NBC News que « s’ils ne concluent pas d’accord, il y aura des bombardements ».

Le lendemain, le guide suprême iranien Ali Khamenei a annoncé que « si un acte hostile est commis de l’extérieur – bien que cela semble peu probable – il sera sans aucun doute accueilli par une forte contre-attaque ».

Helga Zepp-LaRouche, dirigeante de l’Institut Schiller, a qualifié ces développements d’assombrissement des « nuages de la guerre », mettant en garde contre cette escalade qui menace de faire basculer l’ensemble de la région et le monde dans le chaos.