Chaque jour nous apporte son lot d’événements imprévus, soulignant la nature dramatique du processus historique en cours dans le monde. Et si l’arrivée de la nouvelle administration Trump au pouvoir joue indéniablement un rôle de déclencheur, ce processus la dépasse largement, car il englobe une période remontant au moins aux 500 dernières années de colonialisme et de néocolonialisme.
Dans ce contexte, les Européens, emmenés par Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen, le futur chancelier allemand Friedrich Merz et l’anglais Keir Starmer, s’agitent, s’énervent et s’arc-boutent, souvent pour s’accrocher à leur propre pouvoir, dans une attitude aussi grotesque que dangereuse, entraînant l’Europe dans une course folle à la militarisation, au nom de la défense de l’Ukraine et de la préparation d’une guerre avec la Russie.
Les stigmates de la fin d’une ère
En Ukraine, la guerre par procuration soutenue par l’OTAN contre la Russie semble à bout de souffle. Les troupes russes se sont infiltrées derrière les lignes ukrainiennes à Koursk – le territoire russe dont Kiev s’était emparé en août dernier dans une vaine tentative de détourner l’attention de ses pertes dans l’est de l’Ukraine – marquant le début de la fin pour sa présence dans la région.
Des rapports indiquent que les troupes ukrainiennes perdent du terrain d’heure en heure et seront probablement très bientôt entièrement chassées de la région russe de Koursk. Survenue à la veille du voyage de Zelensky à Washington avec ses complices britanniques et français, cette perte signifierait que la position de l’Ukraine dans une négociation de paix potentielle serait encore pire qu’elle ne l’est actuellement, et souligne encore l’échec retentissant de l’effort de l’OTAN pour « affaiblir la Russie ».
La manifestation la plus flagrante de l’effondrement de l’ordre oligarchique actuel « fondé sur des règles » se déroule sans doute sous nos yeux en Europe. Plutôt que d’accepter un règlement pacifique en Ukraine et d’envisager de renouer une relation avec la Russie, les dirigeants européens sont déterminés à intensifier leur hostilité obsessive contre Moscou.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, veut investir 860 milliards d’euros dans un plan baptisé « ReArm Europe », tandis que le futur chancelier allemand Friedrich Merz, trahissant ses promesses de campagne, veut investir 400 milliards d’euros dans l’armement et 500 milliards dans les infrastructures à usage militaire.
Changer d’axiomes, changer de système
Si l’Europe persiste sur la voie de la guerre et continue à saboter les initiatives de Trump en faveur de la paix avec la Russie, ses dirigeants « commettent une erreur historique catastrophique », écrit Helga Zepp-LaRouche dans un appel aux chefs d’États occidentaux publié le 9 mars, sur le site de l’Institut Schiller.
Et s’ils tentent de financer leur terrible manque de capacités militaires en créant de l’argent en dehors des budgets ordinaires, ils répéteront la politique menée par Hjalmar Schacht dans les années 1930, avec l’émission des ’bons Mefo’. La grande guerre avec la Russie et tous ses partenaires stratégiques deviendrait alors une prophétie auto-réalisatrice !
Cette situation réclame un nouveau système, une nouvelle architecture de sécurité et de développement rompant avec les croyances et les axiomes erronés du passé.
Bien que l’administration Trump ait manifesté, au moins intuitivement, une certaine inclination dans cette direction, il reste à savoir si elle sera capable d’agir consciemment sur ce nouvel ensemble d’axiomes pour guider ses politiques, ou si elle se laissera sombrer dans les sables mouvants de l’ancien système. Les rapports sur les négociations directes entre les États-Unis et le Hamas (à l’insu d’Israël) offrent une autre indication encourageante que l’art de gouverner et la diplomatie sont en train d’être redécouverts de ce côté-ci de l’Occident.
La question pertinente que l’on peut se poser est la suivante : « Quels sont les principes directeurs et les axiomes de cette nouvelle architecture dont vous parlez ? » Une partie de la réponse nécessite de comprendre la relation entre l’économie et la sécurité – l’absence de l’une sape l’autre. Comme l’a déclaré le ministre zimbabwéen des Affaires étrangères, Amon Murwira, le 6 mars, en expliquant pourquoi son pays a demandé à devenir membre des BRICS :
Selon notre constitution, nous ne devons pas seulement être panafricains, mais aussi rejoindre des groupes progressistes qui sont bons pour la croissance socio-économique de notre pays et pour la promotion de la paix dans le monde. La paix est favorisée par le développement économique.
En d’autres termes, il faut penser différemment à ce que signifie assurer la paix après des décennies et des siècles de colonialisme et de guerre, ainsi que l’indiquent clairement les dix principes d’une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement, publiés en 2022 par Helga Zepp-LaRouche.
Aujourd’hui, le « Plan Oasis » de l’Institut Schiller pour un partage équitable des ressources hydriques et énergétiques en Asie du Sud-Ouest, offrirait les bases d’une paix durable, mettant fin au conflit entre Israël et la Palestine, et pourrait être le coup d’envoi à d’autres initiatives majeures de développement économique dans le monde entier, renversant définitivement l’ère de la géopolitique impérialiste.
Ce serait une fin appropriée aux grincements de dents et aux crises d’hystérie qui sont les derniers soubresauts d’agonie de l’ordre actuel fondé sur des règles.