Se libérer de nos addictions

jeudi 27 février 2025, par Jacques Cheminade

Tous les mois, retrouvez l’éditorial de Jacques Cheminade pour notre revue Nouvelle Solidarité !

Notre scène politique est occupée par des responsables qui sont victimes de leurs vanités et de leurs addictions. Ils se positionnent en fonction des données du passé, comme s’ils étaient devenus des intelligences artificielles en chair et en os, alors que face au basculement du monde, à l’international et au sein de notre pays, notre salut commun exige un sursaut créateur.

Que peut donc la France ? D’abord refuser d’être un petit pays. En tant que médiateur, catalyseur et inspirateur, nous avons la capacité de voir et d’agir avec les yeux du futur.

Saisissons au vol les remontrances désagréables de J.D. Vance et les initiatives de paix de Donald Trump, non pour pleurnicher, comme l’a fait Christoph Heusgen à la Conférence de Munich sur la sécurité, ni sombrer dans la sidération, comme d’autres, mais en relevant le défi d’un changement de règne. Alors que nos élites jouent à nous préparer à un conflit imminent, voyons ce que nous pouvons apporter à la cause de la paix. Comme j’écris ces lignes, Emmanuel Macron est à Washington. Que devrait-il faire ? Affirmer qu’il soutient pleinement les négociations pour en terminer avec la boucherie humaine en Ukraine. Arrêter de prétendre que celle-ci peut encore vaincre. Reconnaître que nous avons cyniquement provoqué l’invasion de Poutine et envoyé le peuple ukrainien au massacre. Partant de là, il aurait l’autorité nécessaire pour dire à Trump que la paix ne peut se construire sur la base de la pyramide Ponzi de Wall Street, du privilège exorbitant du dollar et des cryptomonnaies. Et que prétendre protéger les Etats-Unis par une guerre des tarifs douaniers et un bouclier spatial absolu est une double illusion contraire à l’objet même de la paix. Il pourrait alors se faire le promoteur, parmi les pays occidentaux, d’une nouvelle architecture mondiale de paix par la sécurité et le développement mutuels, avec le meilleur de l’inspiration gaullienne et des Non-alignés de Bandung. Impliquant au Moyen-Orient un Plan Oasis de développement mutuel.

Macron le fera-t-il ? Non. Faut-il s’en lamenter ? Encore non. Chacune et chacun de nous, Français et Françaises, doit s’emparer de cette juste cause, au lieu de se plaindre à son tour. Le courage de nous mobiliser deviendra alors contagieux.

l’empathie, ce qu’est réellement l’amour du peuple

Oui, dira-t-on, mais vous ne parlez pas de ce qui intéresse vraiment les Français, leur vie quotidienne, ces questions dont on discute à l’Assemblée nationale. Justement, le dénominateur commun entre notre politique internationale et la « vie de tous les jours » doit être l’empathie, ce qu’est réellement l’amour du peuple. Une nouvelle architecture de sécurité et de développement mutuels pour la France ? Justement oui, ce qui n’existe ni à l’Élysée ni à l’Assemblée, ce monde sans élus ouvriers, employés ou artisans, ce monde qui vit avec plus de 6000 euros par mois. Démagogie populiste ? Non, exigence intellectuelle et morale dans une société devenue, comme Péguy le disait en son temps, « prostitutionnelle » pour ceux qui gravissent les échelons du pouvoir.

Passons à une politique du pouvoir vivre, du salut commun, cohérente avec notre politique internationale. Deux exemples : la guerre au trafic de drogue et le respect de la même justice pour tous. La guerre au trafic de drogue n’a jamais été menée et ne l’est pas davantage aujourd’hui, ni par les addicts de LFI ni par les Retailleau ou les Darmanin. Pourquoi ? Parce qu’ils vivent tous au sein d’un monde qui organise financièrement et idéologiquement les addictions, le narcotrafic en étant le sommet. Il faut le frapper à sa tête financière, au niveau du blanchiment, en organisant une stratégie visant la production de drogues de plus en plus addictives hors de nos frontières et en faisant respecter la loi chez nous, avec l’application réelle des peines et un accompagnement contraint de l’usager. La même justice pour tous : juger les délinquants en col blanc avec la même sévérité que les voyous porteurs de couteaux ou les OQTF.

Il n’est pas d’issue qui ramène au passé. Reste notre dette envers le bien fait par ceux qui nous ont précédés, que nous devons acquitter dans les conditions d’aujourd’hui.