Krach boursier : l’Occident vacille sur ses pieds d’argile

mercredi 29 janvier 2025


L’annonce la semaine dernière des performances de DeepSeek, le nouveau modèle d’IA développé par la Chine, qui surclasse les géants américains ChatGPT et Grok, a déclenché un mini-krach boursier, une semaine après l’annonce en grande pompe du projet de Trump à 500 milliards de dollars, visant à développer massivement la crème de l’Intelligence artificielle et écraser la concurrence.

Mais cet événement est surtout révélateur des illusions d’un monde occidental s’obstinant à se croire tout puissant, alors qu’il repose sur les pieds d’argile d’un système financier gangréné par la spéculation financière.

Un « moment Spoutnik »

A y regarder de près, le krach surprise des marchés boursiers américains, ce lundi, met en lumière la situation réelle à laquelle le monde occidental se trouve confronté. Le choc financier a été provoqué par l’annonce en fin de semaine dernière des résultats de DeepSeek, le nouveau modèle d’IA chinois, qui surpasse les principaux modèles américains par son coût largement inférieur, tant sur le plan financier qu’énergétique.

Cette nouvelle est venue doucher brutalement les années d’efforts de l’administration Biden pour sanctionner la Chine et restreindre son accès aux semi-conducteurs avancés, combinées aux centaines de milliards de dollars investis dans les capacités d’IA des États-Unis, dans l’espoir de leur donner une longueur d’avance. Elle a également cassé l’effet d’annonce de Trump sur son projet « Stargate » à 500 milliards de dollars.

Comme l’a bien identifié un proche du président américain, la révélation de DeepSeek est une sorte de « moment Spoutnik », en référence au lancement réussi de ce satellite soviétique en 1957, coup d’envoi de la course à la Lune, qui avait jeté un froid aux États-Unis où l’on n’imaginait pas les Soviétiques aussi avancés.

Dans le même ordre d’idées, et n’en déplaise à Donald Trump, l’économie russe reste sur une nette trajectoire de croissance : le gouvernement a annoncé le mois dernier des recettes budgétaires en hausse de 28 % par rapport à l’année précédente avec, ce qui est remarquable, les performances les plus marquées dans les secteurs non pétroliers et gaziers. De toute évidence, les sanctions occidentales n’ont pas réussi à faire s’effondrer l’économie russe, même celles imposées par les États-Unis en novembre.

L’Ukraine est l’autre domaine où l’échec de la politique occidentale est flagrant. Dès l’annonce par l’administration Trump du « gel » du financement accordé au régime de Kiev, la panique a gagné l’ensemble du monde transatlantique, tandis que, dans le même temps, les ressources, l’équipement militaire et la main-d’œuvre ukrainiens atteignent un point de rupture. De plus, il n’est plus possible de cacher que la Russie progresse inexorablement sur le champ de bataille, malgré les centaines de milliards dépensés pour l’« affaiblir ».

Changer les axiomes du système

La véritable crise à laquelle sont confrontés les États-Unis et l’Occident est double : premièrement, le monde traverse un changement de phase, laissant derrière lui des siècles de colonisation et de politique à sens unique, pour entrer dans une nouvelle ère qui rejette les méthodes et les axiomes du système précédent. S’il veut éviter une éventuelle guerre mondiale, l’Occident devra se forger une nouvelle identité qui ne repose plus sur la menace, le chantage et la force.

Deuxièmement, l’ensemble du système financier transatlantique est en faillite, pour la simple raison qu’il repose sur le cannibalisme de l’économie physique par des bulles de spéculation financière gargantuesques. Seul un changement radical par rapport aux politiques monétaristes de soutien aux prix des actifs fictifs (y compris par le biais des cryptomonnaies) permettra d’éviter un effondrement autrement inéluctable. Et à ce stade, en dépit de la volonté farouche affichée par le président Trump de démolir l’ordre mondial libéral « mondialiste » et les désastres qu’il a produits, on peut douter de sa capacité à s’attaquer à ces questions fondamentales.

Lors d’une discussion avec son équipe lundi, la présidente de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, a déclaré que la situation stratégique actuelle est tellement submergée de contradictions que la seule chose dont on puisse être certain est qu’elles finiront tôt ou tard par exploser. Mais d’ici là, nul ne peut présager du cours que suivront les choses. C’est pourquoi il faut agir dès maintenant pour mettre sur la table des solutions radicalement nouvelles.

Prenons le cas de Gaza. Le cessez-le-feu tient toujours, malgré de fortes tensions en Cisjordanie et au Liban. C’est l’occasion que les pays occidentaux devraient saisir pour rétablir leur crédibilité et leur intégrité morale en promouvant la création d’une belle nation palestinienne indépendante, grâce à la construction d’infrastructures modernes et de systèmes d’approvisionnement en eau dans l’ensemble de la région, lui assurant prospérité et stabilité pour les décennies à venir.

Ce projet pourrait naturellement être entrepris en coopération avec la Chine, un pays qui s’est engagé sur la voie du développement technologique et économique plutôt que de la spéculation financière et de la militarisation. Si une telle relation de collaboration s’instaurait en vue de résoudre les problèmes clés, tels que le conflit entre la Palestine et Israël, cela signifierait une nouvelle ère de paix et de développement non seulement pour l’Asie du Sud-Ouest, mais aussi pour le monde entier.

Les États-Unis feront-ils le pas ?

L’arrivée de l’administration Trump au pouvoir laisse pressentir un changement dans la politique des États-Unis vis-à-vis du monde. Reste à savoir de quelle nature. Trump va-t-il réellement s’attaquer à ce qu’il appelle « l’État profond », et qu’il serait plus juste de qualifier de « complexe militaro-financier de la City et de Wall Street » ?

Le 27 janvier a marqué outre-Atlantique le 50e anniversaire du vote sur la création du Comité Church, qui a conduit à la première enquête sérieuse sur les violations flagrantes commises par la communauté du renseignement américain. En dépit des conclusions substantielles de ce Comité à l’époque, ces agences ont poursuivi leurs activités peu recommandables, à la fois contre les citoyens américains et à l’étranger, et elles sont aujourd’hui les premières responsables de l’échec de la vision unipolaire qui nous a amenés au seuil d’une troisième guerre mondiale nucléaire. Sans ces réseaux corrompus, par exemple, les nations occidentales et leurs citoyens n’auraient pas acquis la conviction que des pays comme la Russie et la Chine sont « nos ennemis ».

Les audiences de confirmation au Sénat de Tulsi Gabbard et Kash Patel, à la direction, respectivement, du Renseignement national et du FBI, s’ouvrent le 30 janvier et seront vivement contestées par les bureaucrates des agences de renseignement et leurs loyalistes au Congrès. Leur confirmation à ces postes serait une victoire majeure vers le renversement de cet « État profond » et permettrait d’aborder avec un regard neuf les défis réels auxquels l’Occident est confronté.

Voir le mémorandum de l’Organisation LaRouche : A propos des nominations de Tulsi Gabbard et de Kash Patel