« Gutentag, sind sie in Berlin wahlberechtigt ? » (Bonjour, est-ce que vous votez à Berlin ?) Précieux sésame pour engager une discussion avec les passants, voilà une phrase que j’ai bien dû prononcer plusieurs centaines de fois depuis mon arrivée à la « Hauptbahnhof », le 30 décembre. Il fallait aller vite : pour pouvoir être candidats aux prochaines élections du Bundestag, nos amis du Bueso doivent recueillir 2000 signatures d’électeurs pour leur liste régionale dans le Land de Berlin.
Comme en France, la « démocratie » est à deux vitesses en Allemagne : les partis qui ont déjà des députés au Bundestag sont dispensés de cette collecte. De plus, la loi a été modifiée en catimini au début de l’année 2024, rendant obligatoire la présentation d’une liste régionale – et donc la collecte des 2000 signatures – pour tout parti qui souhaite présenter des candidats, ne serait-ce qu’un seul (le Bueso en présente quatre), alors qu’auparavant, il pouvait se contenter de présenter des « candidats directs », sans liste régionale, ne devant alors fournir que 200 signatures d’électeurs par candidature pour la valider auprès des autorités. Aujourd’hui, ces deux conditions se cumulent.
Ajoutez à cela que la date du vote, initialement prévue le 28 septembre 2025, a été avancé au 23 février, et voilà de quoi remplir pleinement les journées des militants jusqu’au 20 janvier, date limite de dépôt des signatures aux autorités !
A quoi pensaient les Allemands en cette période de festivités, tristement entachée par l’attaque terroriste qui a fauché la vie de 6 personnes et en a blessé 299 autres sur le marché de Noël de Magdebourg ? Songeaient-ils aux missiles à longue portée que les Etats-Unis ont prévu d’installer dans les 40 bases militaires américaines déjà présentes sur le territoire allemand ? En faisant leurs dernières courses pour la Saint Sylvestre, pensaient-ils aux 1,13 million d’Ukrainiens réfugiés sur le sol allemand ? Souffraient-ils de l’explosion du coût de l’énergie, suite à celle des gazoducs NordStream qui alimentaient l’Allemagne et son industrie en gaz russe bon marché ? S’inquiétaient-ils du déclin de leur économie ? Des 35 000 emplois que Volkswagen prévoit de supprimer ? Et de Gaza ? Et de Trump ?
Une chose est sûre, dans les rues des quartiers de Berlin-Est où nous sommes allés collecter les signatures auprès des passants, l’ambiance générale était plutôt morose. Contrairement à la promesse de prospérité et d’intégration qui leur avait été faite à la chute du Mur, et qui aurait pu être réalisée si le gouvernement de l’époque s’était emparé du projet de « triangle productif Paris-Berlin-Vienne » proposé par Lyndon et Helga Zepp-LaRouche, les Allemands de l’est ont vu leurs usines fermer, le chômage et la précarité arriver, et de nombreux services publics se dégrader. Le mur de Berlin est tombé… Mais pas dans les têtes !
Ceci-dit, un sourire sincère, accompagné de paroles franches sur la responsabilité de l’OTAN dans l’escalade militaire avec la Russie et le danger de guerre nucléaire, ont bien souvent permis de délier la langue des passants, malgré mon allemand plus qu’imparfait ! De nombreux Berlinois ont exprimé leur soulagement et leurs encouragements en découvrant que nous défendions le retour à un dialogue avec la Russie, et au-delà, des projets de coopération et de développement mutuel avec les pays des BRICS et du « Sud global ». Et la plupart ont joint le geste à la parole en donnant leur signature.
Ainsi, grâce à la détermination des militants du Bueso, aidés d’autres membres de notre mouvement international venus leur prêter main forte (comme Clément Satger de S&P, qui a pris mon relais), il est fort probable qu’à l’heure où vous lirez cet article, les candidatures du Bueso soient effectivement validées. Une occasion précieuse pour les électeurs de ces districts de découvrir et de voter pour des personnes qui, contrairement à l’AFD et au parti de Wagenknecht, eux aussi désireux de stopper la guerre en Ukraine, ne se soumettent pas à l’opposition simpliste « gauche contre droite » qui permet à l’oligarchie financière de contrôler la scène politique, et surtout, qui s’attaquent aux causes sous-jacentes de cette guerre.
Quant à moi, cela m’a permis de préciser à bon nombre d’Allemands que Macron ne représente pas les Français, qu’il n’est qu’un petit Néron accroché à son pouvoir contre la volonté populaire, et de raviver, en miniature, l’amitié franco-allemande. La vraie, pas celle que prétendent incarner les bureaucrates opportunistes et leur « Union » européenne qui s’acharne à mettre en concurrence les pays européens, mais celle qui a permis à nos deux peuples de se rencontrer, de se côtoyer et de commencer à apprendre l’un de l’autre. Les yeux pétillants de curiosité de mes interlocuteurs berlinois me font penser qu’il y a encore beaucoup à bâtir ensemble ! Vous savez quoi ? Il y a seulement 80 ans, c’était inimaginable pour la plupart des gens…
Le Bundestag (équivalent du parlement en Allemagne) est composé de 598 députés dont la moitié sont élus au scrutin uninominal majoritaire à un tour, le reste étant élu à la proportionnelle.
Le jour du vote, chaque électeur doit donc choisir :
– un candidat de sa circonscription (« candidat direct »). Le Bueso en présente quatre : Helga Zepp-LaRouche (circ. de Teptow-Köpenick), Stephan Ossenkopp (Pankow), Jonathan Thron (Lichtenberg) et Klaus Fimmen (Tempelhof Schöneberg).
– et une liste de candidats pour son Land (« liste régionale »). La liste du Bueso pour le Land de Berlin est composée des quatre précédents, plus Wolfgang et Ulrike Lillge, et Fabian Koch.