Revue de livre parue le 4 décembre 2024 sur le blog Tous centenaires et bien portants animé par Agnès Farkas.
L’appartenance à l’espèce humaine ne se limite pas à la possession d’un ensemble unique de capacités psychiques, mais se manifeste par la manière dont nous interagissons en tant que communauté. » (p. 94)
Dans cet ouvrage publié chez Edra édition, Juan Pacual, vétérinaire et ami des animaux, nous éclaire sur le rapport que la société a avec les animaux. Il y révèle les moyens considérables, financiers et médiatiques, donnés à une minorité de 2% de la population que représentent les militants et ONG animalistes et antispécistes qui prônent le végétalisme comme unique moyen de survie de la planète.
Il y démontre aussi comment les régimes déséquilibrés présentent des risques réels non seulement pour la santé tant pour les adultes que les enfants mais produisent aussi des changements majeurs sur l’environnement écologique par la suppression de l’élevage ou de l’expérimentation scientifique sur les animaux.
De plus au fil de la lecture, on découvre que même les têtes de file du mouvement antispéciste, comme le milliardaire australien Peter Singer, font des entorses à l’idéologie qu’ils enseignent et s’organisent des petits plaisirs bourrés de vitamines B12 que l’on ne trouve que dans la nourriture issue des animaux. Fais ce que je dis, pas ce que je fais… Ce livre foisonne de références, aussi nous ne prendrons que deux exemples.
Nos amis les bêtes
Les attaques constantes du monde animaliste contre le secteur de l’élevage, qu’il [Peter Singer] qualifie d’exploiteur, de cruel et de tortionnaire, contribuent au discrédit de l’agriculture et trouvent dans les média un puissant relais. (p. 50)
Singer est l’un des fondateurs philosophiques de l’idéologie animaliste avec l’américain Tom Regan qui trouve son inspiration dans la pensée du philosophe allemand Immanuel Kant. Ces deux philosophes estiment que
la capacité de raisonnement ou la conscience de soi, qui distingue les êtres humains de toutes les autres espèces, ne devraient pas être considérées comme un critère suffisant pour justifier l’utilisation des animaux à notre propre avantage. (p. 83)
Inutile de préciser que ce sont les principaux propagandistes du régime végétalien mais aussi d’une classification des êtres humains à l’idéologie familièrement malthusienne. Ainsi, Tom Regan considère que
la vie d’un chien en bonne santé vaut plus que celle d’un humain profondément déficient mentalement ou comateux ». (p. 84)
Peter Singer adhère plutôt aux thèses du père de l’utilitarisme, Jeremy Bentham. Pour ce dernier
« la question qui détermine si les individus sont moraux ou non n’est pas de savoir s’ils peuvent raisonner ou parler, mais s’ils peuvent souffrir (position qui n’a cependant pas empêcher Bentham de manger de la viande quand il en avait envie).
Cette vision philosophique (également appelée conséquialiste) guide la vision théorique de Singer qui affirme que
tuer un bébé âgé d’un jour n’empêche pas la matérialisation du désir d’avenir, car les escargots et les nouveaux-nés sont incapables de tels désirs ». (p. 90)
Ici, Singer donne la même valeur à la vie de l’escargot et du nouveau-né, tout en excluant le potentiel futur de ce bébé devenu adulte et les intérêts des personnes qui aiment ce bébé. Loin d’humaniser les animaux, Singer bestialise les humains.
Un régime végan sain et global ?
Les animaux transforment ce que nous n’avons pas la capacité de transformer, des restes de plantes et d’animaux qui n’ont aucune valeur pour nous, mais qu’ils transforment en protéines à haute valeur biologique. » (p. 118)
Pour l’auteur, il va de soi que nous devons prévenir la souffrance animale. Ici, il ne s’agit pas de donner des droits aux animaux mais d’imposer des obligations à leur égard. Ceci est souhaitable et ils existent déjà dans la législation européenne qui est la plus avancée du monde.
Précisons que si les suppléments alimentaires, en particuliers la vitamine B12 qui est plus difficile d’obtenir à partir d’aliments purement végétaux, sont facilement disponibles dans les magasins de notre monde occidental, qu’en est-il dans les populations rurales des pays sous-développés ? Aujourd’hui la malnutrition reste endémique dans ces régions, plus de 700 millions de personnes en souffrent d’une forme sévère (presque 1 habitant sur 10) et jusqu’à deux milliards de personnes ont des difficultés à obtenir régulièrement tous les nutriments dont elles ont besoin, selon la FAO.
Contrairement à ce que l’on pense en Occident, les produits d’origine animale sont important car dans de vastes régions du monde c’est le seul moyen d’obtenir certains nutriments, surtout lorsque ces régions ne conviennent pas à l’agriculture en raison de la pauvreté des sols : « C’est là que les animaux, en particulier les ruminants, transforment des herbes pauvres en protéines et en minéraux à très grande valeur biologique. » comme les acides aminés essentiels, le fer, le zinc, le calcium… contenu en grande quantité dans le lait, les œufs, les abats ou la viande.
Par exemple : « 6g de foie fournissent à un enfant âgé de 6 à 23 mois l’ensemble des besoins quotidiens en vitamines A, B12, folates, calcium, fer et zinc en seulement 9 kilocalories. Pour obtenir la même quantité avec des épinards, il faudrait 280g et 66Kcal ». (p. 162)
Si je puis me permettre une ironie : manger des clous ne nous apportera pas un supplément en fer et, plus sérieusement,
Il est très dangereux de prôner ces modes comme si elles étaient applicables au monde entier, car ce qui est une tendance en Occident devient rapidement un phénomène mondial, mais les conséquences ne sont pas partout les mêmes ». (p. 163)