Si l’on prend les choses telles qu’elles sont, on serait tenté de désespérer. Nous vivons sous la menace d’une guerre nucléaire, jusqu’alors impensable, la société internationale se dissout, notre pays subit une crise de régime, nos dirigeants ne sont pas à la hauteur des circonstances et, jusque dans nos relations personnelles, se répand un manque de confiance et d’écoute.
C’est donc le moment de prendre les choses comme elles devraient être et de nous battre pour la paix, le bien et le salut communs.
L’on nous drogue au désespoir impuissant.
Dans le récit dominant des médias et la confusion des réseaux sociaux, tout porte à une accoutumance au rejet de l’autre, comme s’il nous fallait absolument un ennemi pour exister. L’on nous drogue au désespoir impuissant. L’on nous rend volontairement ou inconsciemment complices d’abominations. Il est ainsi admis que Russes et Ukrainiens doivent se battre à mort dans une guerre de tranchées, rappelant dans sa bestialité celle de 14-18. Il est ainsi accepté que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité soient commis à Gaza et au Liban, et que la famine soit utilisée comme une méthode de combat. On se dispute sur la qualification de génocide mais le gouvernement américain ne fait rien pour arrêter les faits. On appelle « légitime défense » un nettoyage ethnique, que ce soit au Moyen-Orient ou en Afrique, au Congo ou au Soudan. L’Europe elle-même, conçue et présentée comme une œuvre de paix après 1945, s’engage dans la guerre. Emmanuel Macron se prépare à envoyer des troupes au sol en Ukraine et autorise l’utilisation de nos missiles Scalp contre le territoire russe. Disons-le brutalement : cette nécessité identitaire d’avoir un ennemi existentiel conduit fatalement à la guerre.
Sortir de notre sidération et de notre accoutumance à la guerre est donc un impératif de survie.
Des féodalités financières, celles-là mêmes que combattait le programme du Conseil national de la Résistance, ont pris le pouvoir contre les forces productives et la cause du travail humain. Elles produisent de la monnaie sans contrepartie réelle et, grâce au privilège exorbitant d’un dollar devenu leur instrument, contrôlent l’économie mondiale. La disparité entre monnaie et biens tangibles est devenue telle qu’elles pensent ne pouvoir assurer leur survie qu’en imposant aux autres leur ordre fondé sur des règles de pillage. Elles ont imposé une économie de guerre centrée sur le territoire américain – celle des Lockheed Martin, General Dynamics, Raytheon, etc., associées aux géants du numérique et aux hedge funds spéculatifs qui pratiquent un nouveau Lebensraum impérial.
Les gens ressentent profondément que ce système est monté contre eux. Cependant, n’ayant aucune connaissance du fonctionnement du capitalisme en phase d’effondrement financier, ils deviennent complotistes et accusent des individus, Bill Gates, Klaus Schwab ou autre. Ce faisant, ils se démoralisent sans comprendre que c’est le système lui-même qui est en cause. Ils croient que ce sont des super-héros du mal qui l’ont truqué, alors que le vice est intrinsèque !
Comprendre d’où vient le mal.
Notre combat pour la paix doit donc partir du fait que les émotions ressenties par nos concitoyens sont légitimes et que notre mission politique est de les inspirer pour qu’ils comprennent d’où vient le mal. Et surtout, que la marée d’exigence de justice et de souverainisme qui monte depuis les pays du « Sud global » ne représente pas un danger mais une occasion de changer le cours des choses. Hors de la logique des blocs, comme le voulaient les non-alignés de Bandung en 1955 et comme le Général de Gaulle l’avait compris dans son discours de Phnom Penh, adjurant le gouvernement américain d’arrêter la guerre du Vietnam.
Avec d’autres souverainistes, nous avons signé, en surmontant nos différends, une lettre ouverte au président Macron, appelant à une politique française pour la paix en Ukraine. Puissions-nous tous, comme le fait Solidarité & Progrès, inspirer nos concitoyens pour qu’ils saisissent également leurs élus. Garder le silence, face au risque couru, serait à la fois une bêtise et un crime.