La situation stratégique se fait chaque jour plus périlleuse, simultanément sur les deux fronts de l’Ukraine et du Proche-Orient. Dans ce contexte, comme l’indique l’attitude d’un certain nombre de hauts responsables, à l’image du secrétaire d’État américain Antony « rocky » Blinken, les « Docteur Folamour », prêts à entraîner le monde dans un conflit nucléaire contre la Russie, ne manquent pas au sein des gouvernements de Washington et de Londres.
Toutefois, il semble bien que leur folie guerrière rencontre une certaine résistance, puisqu’à deux reprises en l’espace de deux semaines, l’opportunité de foncer tête baissée dans un conflit direct de l’OTAN avec la Russie a été écartée, en refusant à l’Ukraine la possibilité de tirer des missiles occidentaux à longue portée en profondeur sur le territoire russe.
Téméraires, mais pas fous
Par deux fois, effectivement, les plans des va-t-en-guerre ont été contrariés. Comme nous l’avons rapporté dans nos précédentes chroniques, la visite du Premier ministre britannique Keir Starmer à la Maison-Blanche, le 13 septembre, destinée à donner le feu vert aux Ukrainiens pour utiliser les missiles en question, s’est soldée par un échec, puisque Joe Biden n’a finalement pas accordé l’autorisation américaine, sous la pression de hauts gradés du Pentagone peu enthousiastes à l’idée d’une guerre nucléaire contre la Russie. Puis, le 26 septembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a tenté une nouvelle opération de charme auprès du Président américain, en vain également.
A chacune de ces occasions, Vladimir Poutine a envoyé la veille un message fort et clair, à savoir que Moscou n’entendait pas laisser les mandataires du régime de Kiev se servir des Ukrainiens pour bombarder le territoire russe avec des missiles à longue portée estampillés made in USA, Grande-Bretagne ou France. Et le 25 septembre, le président russe a annoncé que la Russie modifiait sa doctrine nucléaire, abaissant considérablement le seuil d’utilisation :
L’utilisation de la force nucléaire est la mesure de dernier recours pour protéger la souveraineté de notre pays, a-t-il déclaré. (…) Désormais, toute agression contre la Russie par un État non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un État nucléaire, sera considérée comme une attaque conjointe contre la Fédération de Russie.
Au cours des deux dernières décennies, tandis que l’OTAN se rapprochait pas à pas des frontières de la Russie, les dirigeants occidentaux ont pris soin d’ignorer les avertissements de Poutine. On les imagine aisément se bouchant les oreilles ou, dans le cas du secrétaire américain Blinken, faisant hurler sa guitare sur les notes de « Rockin’ in the Free World » de Neil Young. Quoi qu’il en soit, rien ne garantit que le dernier message lancé par Poutine sera traité comme il le devrait. Ainsi, le fait qu’aux États-Unis, certains responsables du renseignement et de l’armée aient temporairement obtenu une pause dans la ruée vers la guerre thermonucléaire est un développement fort bienvenu, quoique tardif.
Remettre un jeton dans la machine de guerre
Néanmoins, dès le lendemain de la rencontre Biden-Zelensky à la Maison-Blanche, Blinken s’est empressé d’affirmer devant les médias que l’option de « frapper en profondeur contre la Russie » était toujours sur la table : « Nous examinons cela très attentivement, a-t-il assuré. (…) Comme je l’ai dit et répété, à chaque étape du processus, nous nous sommes ajustés et adaptés aux besoins [militaires de l’Ukraine], et je suis convaincu que nous continuerons à le faire. » Sans aucun doute, les Blinken et autres fous du canon attendent impatiemment le 12 octobre, lorsque Biden présidera la prochaine réunion du Groupe de contact sur la défense de l’Ukraine (dit de « Ramstein »), en Allemagne, pour remettre un jeton dans la machine d’affrontement thermonucléaire.
Pendant ce temps, le gouvernement israélien de Netanyahou, fort d’un nouveau budget de 8 milliards de dollars d’armes et de munitions américaines, poursuit sa fuite en avant tout azimut au Proche-Orient, larguant des bombes anti-bunker dans les quartiers résidentiels de Beyrouth, anéantissant des immeubles d’habitation et poussant des millions de personnes à fuir.
A chaque nouveau pas de franchi, Washington fait mine de froncer les sourcils et de gronder son vilain garçon, avant de lui livrer de nouvelles bombes de 2000 et 5000 livres. Et Blinken de proclamer, avec le même refrain hypocrite, qu’il n’est qu’à un pas de faire accepter un cessez-le-feu au Premier ministre israélien, afin que la diplomatie se poursuivre. Pourtant, pour quiconque a des yeux pour voir, il est évident que la clique de Netanyahou agit toujours de la même manière, multipliant et intensifiant les provocations pour pousser ses adversaires à réagir militairement. Ainsi, qu’ils protestent ou qu’ils se taisent, les Libanais sont aujourd’hui confrontés à la destruction, comme cela a été fait à Gaza.
Bien entendu, l’objectif des Israéliens, comme le montre notamment l’assassinat le 27 septembre de Nassan Nasrallah, le chef historique du Hezbollah, est d’entraîner l’Iran dans le conflit, et c’est ce qui représente un risque, plus dangereux sans doute que l’Ukraine, d’escalade incontrôlable vers une guerre nucléaire. Même Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a déclaré lors d’une conférence de presse, à l’issue d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU sur Gaza, qu’il regrettait qu’aucune puissance ne semble être en mesure d’« arrêter le Premier ministre israélien Netanyahu ».
Les BRICS, alternative à l’empire de la City et Wall Street
Soyons clairs : si le gang de l’anglosphère fait pression pour une épreuve de force thermonucléaire, c’est parce qu’elle a au-dessus de la tête l’épée de Damoclès de l’effondrement du gigantesque système de Ponzi de la City de Londres et Wall Street, qui menace de déclencher un Armageddon non pas nucléaire mais financier. D’autant que les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ainsi que les nouveaux pays qui y ont adhéré et tout le « Sud planétaire », n’ont tout simplement plus l’intention de sacrifier leurs économies et l’avenir de leurs populations pour maintenir à flot la bulle des produits financiers dérivés. Autrement dit, aveuglés par leur dépendance à la spéculation, ces sorciers de la finance pensent pouvoir jouer leur survie à la roulette russe – sauf qu’au lieu d’une balle, c’est une conflagration thermonucléaire qui se trouve dans le chargeur, et que la probabilité est bien supérieure à un sur six.
Du 22 au 24 octobre se déroulera le sommet des BRICS à Kazan, en Russie, justement au moment où la faillite, financière, politique et morale, de l’anglosphère apparaît aux yeux du monde. Toutefois, aucune fatalité ne dit que les États-Unis et les pays européens soient condamnés à couler avec le Titanic.
L’histoire retiendra que la Chine a fait des offres cohérentes et répétées aux pays occidentaux pour leur permettre de s’associer aux succès déjà démontrés de l’approche de l’initiative de la Ceinture et la Route (les Nouvelles Routes de la soie). Les citoyens américains et européens ne doivent pas se laisser démoraliser par la médiocrité, la violence et le comportement addictif de leurs élites, et doivent se mobiliser pour exiger l’abandon de la fuite en avant actuelle pour rejoindre la dynamique positive des BRICS.
Le 2 octobre, l’ancien ambassadeur des États-Unis Jack Matlock, Ted Postol et Helga Zepp-LaRouche, la présidente de l’Institut Schiller, ont tenu un webinaire en direct, afin de remettre les pendules à l’heure, en partant de l’erreur tragique commise par l’Occident, après l’effondrement de l’URSS, lorsqu’au lieu de serrer la main tendue par la Russie pour engager une coopération mutuellement bénéfique, il a préféré miser sur une domination anglo-américaine unilatérale sur le monde.