L’Otan va-t-elle entrer en guerre directe contre la Russie ?

mercredi 18 septembre 2024

Le monde n’a sans doute jamais été aussi proche d’une guerre directe entre l’Otan et la Russie. En effet, les États-Unis semblent sur le point de donner à l’Ukraine leur feu vert pour utiliser des missiles à longue portée, permettant d’atteindre des cibles en territoire russe.

Toujours plus près du gouffre

Pendant l’été, nous avons averti que la période d’août à novembre (depuis l’attaque ukrainienne dans la région russe de Koursk, début août, jusqu’aux élections présidentielles américaines du 5 novembre) réunissait tous les ingrédients pour conduire à une troisième guerre mondiale, voire même à une guerre nucléaire, si rien n’était fait pour stopper la course folle des va-t-en-guerre de Washington et Londres.

Ceux qui seraient tentés de crier au « catastrophisme » ou de continuer à faire l’autruche feraient bien de considérer de près les récents développements suivants, qui se sont déroulés en l’espace de quelques jours.

  • Le mercredi 11 septembre, lors de la rencontre à Kiev entre le secrétaire d’État américain Anthony Blinken, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy, et le président urkainien Zelensky, les trois (ir)responsables ont préparé l’accord sur l’« approbation » américaine pour le déploiement de missiles à longue portée contre la Russie. Blinken a bien admis que cela comportait un risque ; mais le risque – par exemple d’une guerre nucléaire – « n’est pas nécessairement un facteur déterminant », a-t-il assuré. Autrement dit, on fonce, et au diable les conséquences !
  • Le lendemain, le journal britannique The Guardian a rapporté que les États-Unis et le Royaume-Uni avaient pris la décision, à huis clos, d’autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles Storm Shadow, en partie de fabrication britannique, pour frapper des cibles situées plus profondément à l’intérieur de la Russie.
  • Le vendredi 13 septembre, le président Biden et le Premier ministre britannique Keir Starmer se sont rencontrés à la Maison Blanche pour discuter de cette éventualité et ce malgré l’avertissement du président Poutine, la veille. 

    L’armée ukrainienne ne peut ni attribuer de missions, ni guider par elle-même des armes de précision aussi sophistiquées, a en effet déclaré Poutine, ajoutant que par conséquent, si la décision est effectivement prise de les utiliser (...) cela signifiera leur implication directe [des États-Unis et l’Otan] dans le conflit, et cela changera clairement l’essence même, la nature même du conflit de façon spectaculaire. Cela signifiera que les pays de l’Otan – les États-Unis et les pays européens – sont désormais directement en guerre avec la Russie. Et si tel est le cas, alors, en gardant à l’esprit le changement dans l’essence du conflit, nous prendrons les décisions appropriées en réponse aux menaces qui seront posées à nous.

  • Le même jour, le département d’État a publié une fiche d’information précisant les sanctions adoptées contre la chaîne de télévision russe RT et d’autres agences de presse et individus russes, ainsi que contre toute personne travaillant avec eux de quelque manière que ce soit. Il s’agit là d’une déclaration de guerre totale contre la liberté de la presse et d’une tentative de museler tout discours ou pensée sortant des rangs de la propagande antirusse de l’Otan.
  • Vendredi également, le candidat à la présidence Donald Trump, l’ancienne membre du Congrès Tulsi Gabbard, l’ancien candidat à la présidence Robert F. Kennedy et le candidat indépendant au Congrès Dennis Kucinich ont tous dénoncé publiquement les politiques insensées de l’administration Biden visant à provoquer une guerre nucléaire avec la Russie. « Vous allez finir dans la Troisième Guerre mondiale, a notamment déclaré Trump. Vous allez avoir un holocauste nucléaire si nous ne faisons pas attention. Ces gens [du gouvernement] n’ont aucune idée de ce qu’ils font. »

L’Otan s’apprête à entrer en guerre

Tout cela en l’espace de trois jours. Deux jours plus tard, le dimanche 15 septembre dans l’après-midi, un homme a tenté d’assassiner Donald Trump, sur le terrain de golf du candidat républicain, à West Palm Beach. Arrêté par le FBI, l’homme, qui répond au nom de Ryan Routh, s’avère être un fanatique pro-ukrainien. Il s’était rendu à Kiev en 2022, bien qu’on ne sache pas s’il a combattu sur les lignes de front. Dans certains de ses commentaires retrouvés sur les réseaux sociaux, Routh affirmait : « Nous devons réduire le Kremlin en cendres et en finir avec Poutine et la Russie », ou encore : « Toutes les nations doivent être prêtes à bombarder Moscou maintenant, à tuer Poutine, à mettre fin à la guerre. »

Il n’y avait pas de meilleure façon d’enlever les mots de la bouche des docteurs Folamour du complexe militaro-financier de Londres et Washington...

Précisons que, pendant ce temps à Moscou, si Poutine n’est pas partisan de l’utilisation préventive de l’arme nucléaire, le camp de la guerre se durcit et pousse le président russe dans ce sens afin de montrer à l’Occident que la Russie ne bluffe pas. « Il est grand temps que nous déclarions que toute frappe massive contre notre territoire nous donne le droit de répondre par une frappe nucléaire », a déclaré le stratège chevronné Sergueï Karaganov dans le quotidien Kommersant. Karaganov, qui est suivi par de nombreux lecteurs, est président honoraire du Présidium du Conseil de la politique étrangère et de défense, et il a lancé à plusieurs reprises des appels à l’emploi des armes nucléaires.

Vendredi, juste avant la rencontre Biden-Starmer, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a admis que l’avertissement sévère du président russe avait bien été enregistré à Washington, déclarant que « oui, nous prenons ces commentaires au sérieux » ; ce qui ne l’a pas empêché d’ajouter avec dédain : « Mais ce n’est pas quelque chose que nous n’avons jamais entendu auparavant » — une déclaration qui montre que, même si Biden et Starmer n’ont finalement pas fait d’annonce officielle, les fous du canon sont bien agrippés au gouvernail américain.

Il s’agit d’une « situation extrêmement alarmante », a déclaré le 13 septembre Helga Zepp-LaRouche lors de la réunion hebdomadaire de la Coalition internationale pour la paix. « Je pense que nous sommes à un point de non-retour. (…) Cela rapproche le danger d’une escalade nucléaire à quelques jours de distance ».