Plus que jamais, l’Otan est engagée dans la trajectoire conduisant le monde à une guerre nucléaire contre la Russie et la Chine. Après les multiples frappes par drone fin mai contre les radars de détection anti-nucléaire russes (pour lesquelles Kiev n’a pu agir qu’avec le soutien logistique de Washington et Londres), l’Organisation atlantique vient d’annoncer par la voix de son secrétaire général Jens « Dr Folamour » Stoltenberg, qu’elle met en état « opérationnel » un certain nombre de ses armes nucléaires.
L’Otan parle de déployer davantage d’armes nucléaires face à la menace croissante de la Russie et de la Chine, a déclaré Jens Stoltenberg au quotidien britannique Telegraph. Je n’entrerai pas dans les détails opérationnels du nombre de têtes nucléaires qui devraient être opérationnelles, mais nous devons nous consulter sur ces questions. C’est justement ce que nous faisons.
Suite à la visite du secrétaire général de l’Otan aux Etats-Unis, lorsqu’on lui a demandé si « le Président avait pris part à des consultations sur le déploiement d’armes nucléaires supplémentaires », le porte-parole de la Maison-Blanche John Kirby a refusé de démentir la déclaration de Stoltenberg.
Le maître mot est la « transparence », valeur sûre dans la novlangue de la démocratie : « La transparence permet de transmettre un message direct selon lequel nous sommes, bien entendu, une alliance nucléaire. L’objectif de l’Otan est bien entendu un monde sans armes nucléaires, mais aussi longtemps qu’il y aura des armes nucléaires, nous resterons une alliance nucléaire », a déclaré Stoltenberg.
L’Otan pointe du doigt non seulement la Russie mais également la Chine, qui investit particulièrement dans les armes modernes, notamment dans son arsenal nucléaire. Selon Stoltenberg, il pourrait atteindre 1000 ogives à la fin de la décennie.
Et cela signifie que dans un avenir pas si lointain, l’Otan pourrait être confrontée à un phénomène auquel elle n’a jamais été confrontée auparavant, à savoir deux adversaires potentiels dotés d’armes nucléaires, la Chine et la Russie.
Le récit caricatural de l’Otan
Dans le monde paranoïaque des Atlantistes, la réalité historique, qui s’inscrit par essence dans le temps long des relations entre nations et êtres humains, est passée à la trappe ; seule prévaut la narration caricaturale de la lutte des forces du bien, représentées par l’Otan, contre les forces maléfiques, représentées par des puissances telles que la Russie et la Chine et leurs horribles dirigeants sanguinaires Poutine et Xi Jinping.
« Une fois de plus, souvenons-nous d’un point clé, la guerre de Poutine n’est pas le résultat de l’élargissement de l’Otan », a ainsi déclaré le secrétaire d’État américain Lloyd Austin, dans son discours d’ouverture lors d’une conférence de presse à Bruxelles, le 14 juin, après la conclusion de la réunion de deux jours des ministres de la Défense de l’Organisation atlantique. « La guerre de Poutine est une cause de l’élargissement de l’Otan, et l’Otan est plus résolue et plus capable que jamais ».
Le fait que l’Otan se soit rapprochée de 1000 km de Moscou par rapport à la Guerre froide, bien avant le lancement de l’opération militaire russe en février 2022, est tout simplement ignoré. Dans le monde merveilleux de secrétaire américain à la Défense, Poutine est l’agresseur maléfique et l’Otan n’est que bonté et lumière.
Telle est la légèreté des élites dirigeantes occidentales. Il n’est donc pas surprenant qu’Austin ait rejeté la proposition de paix du président russe.
Poutine a occupé illégalement le territoire ukrainien souverain, a-t-il déclaré en réponse à la question d’un journaliste. Il n’est pas en mesure de dicter à l’Ukraine ce qu’elle doit faire pour parvenir à la paix.
Austin a également rapporté que les discussions vont bon train pour aboutir à moyen terme à l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, définie comme une ligne rouge par la Russie :
Nous avons réaffirmé hier au Conseil de l’Otan sur l’Ukraine notre engagement durable en faveur d’une Ukraine libre et souveraine. À l’instar des nations de bonne volonté du monde entier, nos alliés de l’Otan continuent de défendre la souveraineté et l’autodéfense de l’Ukraine, et alors que nous nous préparons pour le sommet de Washington, le partenariat Otan-Ukraine continue de s’approfondir. Le sommet prendra des mesures en vue d’un pont crédible vers l’adhésion éventuelle de l’Ukraine.
La farce du sommet de la paix à Bürgenstock
Et tandis que la proposition de paix de Poutine était écartée de la table, les Occidentaux ont tenu une parodie de « sommet de la paix » à Bürgenstock, en Suisse, les 15 et 16 juin – bien entendu, sans la Russie.
Résultat : un flop pour les sponsors occidentaux de l’Ukraine. Alors que 91 pays étaient présents, seule une poignée de chefs d’État se sont déplacés, la plupart venant d’Europe. L’Argentine, l’Équateur, le Kenya et la Somalie ont été les seuls pays du Sud à envoyer des chefs d’État, tandis que beaucoup, comme la Chine, n’ont envoyé aucune délégation. Même dans le cas des États-Unis, le président Biden, trop occupé pour y assister, a envoyé à sa place la vice-présidente Kamala Harris, laquelle est partie plus tôt que prévu après seulement quelques heures de présence, tout comme le chancelier allemand Olaf Scholz.
Face à cet échec, la déclaration finale tente pathétiquement d’arrondir les angles afin d’obtenir la signature d’un maximum de participants, quitte à ne pas y inclure de condamnation directe de la Russie pour avoir soi-disant envahi l’Ukraine — ce qui en dit long sur le prétendu « isolement » de Moscou.
En fin de compte, 80 des 91 pays présents ont signé le document, dont les principaux points comprenaient l’intégrité territoriale de tous les États, la protection des centrales nucléaires (depuis le 4 mars 2022, la Russie exploite la centrale nucléaire de Zaporozijjye, fournissant de l’électricité aux Russes et aux Ukrainiens au milieu des attaques du régime de Kiev), la libre circulation des exportations de céréales et la libération des prisonniers et des enfants détenus en Russie. Inde, Mexique, Arabie saoudite, Afrique du Sud, Thaïlande, Émirats arabes unis, Indonésie, Arménie, Brésil, Vatican, Bahreïn, Libye et Colombie n’ont pas signé.
A l’issue de la conférence, la présidente de la Confédération helvétique, Viola Amherd, qui dirigeait les débats, a concédé sobrement que « les discussions de ces deux derniers jours ont montré qu’il existe des points de vue différents ».
Plusieurs dirigeants ou représentants des pays d’Asie, du Moyen-Orient ou d’Amérique latine ont exprimé leur opposition à un « sommet de la paix » en Ukraine excluant la Russie.
- Le vice-ministre indien des Affaires étrangères, Pavan Kapoor, a souligné que l’Inde soutenait les efforts de paix, mais que cela « nécessitait de rassembler toutes les parties prenantes ».
- Le représentant des Émirats arabes unis a déclaré pour sa part que « la Russie devrait également participer à un tel sommet ».
- Le ministre saoudien des Affaires étrangères leur a fait écho, affirmant que « tout processus sérieux nécessitera la représentation de la Russie » et que tout progrès significatif « nécessitera un compromis difficile ».
Face à cette opposition montante de la « majorité mondiale », le chancelier autrichien Karl Nehammer a bien cerné le problème, déclarant en marge du sommet, le 15 juin :
Nous sommes comme dans une chambre d’écho occidentale. Nous [Occidentaux] sommes tous d’accord, mais cela ne suffit pas. Sans certaines parties de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique du Sud, nous ne pourrons pas faire changer d’avis la Fédération de Russie.
Des voies de raison
Le mercredi 12 juin, une conférence de presse organisée par l’Institut Schiller au National Press Club de Washington a réuni des voix s’opposant avec force à cette dérive. Vidéo complète ici, en français, sur le site de l’Institut Schiller France.
Parmi les intervenants : Helga Zepp-LaRouche, la fondatrice de l’Institut Schiller, Scott Ritter, ancien négociateur en armements, Richard Black, ancien chef du service pénal de l’armée américaine au Pentagone, et Lawrence Wilkerson, ancien chef de cabinet du secrétaire d’État américain Colin Powell.
Quelque 200 journalistes et des milliers d’internautes ont pu suivre en direct les mises en garde de ces experts contre la menace d’un conflit nucléaire.
Scott Ritter a montré le caractère dramatique de la folie occidentale en ces termes :
Aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, juste en bas de la rue, sur Wisconsin Avenue, se trouve une ambassade, l’ambassade de Russie. Dans cette ambassade siège un diplomate du nom d’Anatoly Antonov, l’un des plus éminents experts américains du service diplomatique russe. Il est le principal négociateur du dernier traité de contrôle des armements encore en vigueur entre la Russie et les États-Unis ! Il est assis là depuis plusieurs années et son téléphone ne sonne pas ! Nous ne l’appelons pas ! Nous ne lui parlons pas ! Il n’y a plus aucunes relations diplomatiques aujourd’hui et pourtant, nos deux pays sont sur une trajectoire de collision qui pourrait bien conduire à un conflit nucléaire.
Sortir de l’engrenage
En France, la bonne nouvelle est qu’en dépit du chaos burlesque qu’elles génèrent dans la classe politique française, les élections législatives anticipées nous offrent l’occasion d’agir en mettant sur la table les vrais enjeux : le danger de 3e guerre mondiale, les moyens de l’empêcher et surtout, la perspective de bâtir une nouvelle architecture internationale de sécurité et de développement.
Afin d’élire une nouvelle Assemblée nationale majoritairement opposée à la politique d’escalade de l’Otan contre la Russie et la Chine, chaque citoyen est appelé à soutenir le ou les candidats de sa circonscription prenant clairement position sur ce point, et à interpeller tous les candidats avec une lettre ouverte leur demandant de se prononcer.
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