L’édito de Jacques Cheminade
9 juin : le trop plein et après

mercredi 18 septembre 2024, par Jacques Cheminade

Alors que le défi pour chacun d’entre nous est de sauver la paix dans le monde, 38 listes se présentent aux élections européennes sans le relever. Le régime des partis multiplie les propositions plus ou moins intéressantes mais hors sujet par rapport à ce qui nous menace, ici et maintenant.

Une ligne rouge existentielle a ainsi été franchie vis-à-vis de Moscou.

Trois fois des engins ukrainiens ont frappé, à Armavir et à Orsk, des sites russes de veille spatiale intercontinentale. Parrainés et sans aucun doute guidés par des experts de l’OTAN, des militaires d’un pays frontière de la Russie ont montré qu’ils étaient prêts à aveugler la défense d’un adversaire disposant de toute la panoplie de l’armement nucléaire. Une ligne rouge existentielle a ainsi été franchie vis-à-vis de Moscou, comme en 1962, lors de la crise des missiles de Cuba, une ligne rouge existentielle avait été franchie vis-à-vis de Washington. Kennedy et Khrouchtchev, avec la médiation de Jean XXIII, s’entendirent alors pour éviter le pire. Aujourd’hui, alors que l’on commémore le 80e anniversaire du débarquement de Normandie, les chefs d’État occidentaux qui se rendent aveuglément aux cérémonies ne mesurent plus le danger que nous courons. Une erreur ou un trop plein d’arrogance peut provoquer un embrasement généralisé. Il ne s’agit pas d’aimer ou de détester Poutine, il s’agit de comprendre la réalité et d’agir au nom de la vérité. Par exemple, en honorant Normandie-Niémen plutôt que Zelensky.

Ainsi, le monde entier réarme, les industries de défense préparent la guerre et une oligarchie destructrice y voit l’occasion de faire les immenses profits qui, croit-elle, pourraient la sauver de l’éclatement de sa « bulle de tout » financière. Tous les ingrédients en sont réunis : taux élevés, moins-values cachées dans les bilans, déficits abyssaux, émission sans limites de monnaie sans contrepartie dans l’économie réelle, le tout sur un fond d’inflation qui ne peut plus être maîtrisée qu’en changeant de système. Le point fondamental de la politique actuelle est que cet ordre financier de pillage humain est consubstantiel à une politique qui mène à la guerre.

Considérons maintenant cette Europe dont les affiches électorales nous rebattent les oreilles. C’est une fausse Europe. Elle impose à tous les pays membres d’inclure dans leurs revenus officiels le produit des trafics de drogue, d’armes et d’êtres humains. C’est la logique de l’argent-roi : tout pour la monnaie, même lorsqu’elle tue. Pour le reste, tous les partisans du Frexit ont les bons arguments, mais il ne s’agit pas d’une querelle d’étiquettes ou de dispositions juridiques, mais d’une question de vie ou de mort.

Les peuples de France, d’Europe et du monde attendent du positif crédible pour sortir de l’ornière. C’est le moment où une nouvelle solidarité est la seule porte de sortie : une nouvelle architecture mondiale de sécurité et de développement mutuel, à l’avantage de tous. Voilà ce que devrait être le flambeau de l’Europe face au péril, ralliant un « Sud global » qui exige un nouvel ordre plus juste, sans pillage des ressources ni guerre de tous contre tous.

Je refuse de penser en moindre mal.

J’ai lu avec soin toutes les déclarations de candidature. Aucune ne porte ce souffle. Alors, pour qui voter ? Si l’on pratique le moindre mal, on exclut la Majorité présidentielle, Réveiller l’Europe et le RN, différentes formes de zombies otanisés. Puis les vieilles rengaines racistes et les pousses vertes sans eau pour arroser leurs plantes, et devenues va-t-en guerre avec larmes de crocodile en sus. Il reste différentes nuances de souverainisme, de l’extrême-gauche à la droite patriote.

Cependant, je refuse de penser en moindre mal. Je me bats pour qu’après le 9 juin, la leçon étant apprise, une union réellement souverainiste, populaire et sociale voie le jour, par-delà les étiquettes. Charles de Gaulle a toujours refusé d’assister aux cérémonies du débarquement, car « la France avait été traitée comme un paillasson », tout en honorant « ceux qui ont donné leur vie à leur patrie sur notre terre ».