Munich et Addis-Abeba : deux paradigmes diamétralement opposés

mercredi 21 février 2024

Chronique stratégique du 21 février 2024

Le week-end dernier, deux conférences se sont tenues en parallèle, l’une dans la capitale bavaroise et l’autre dans la capitale éthiopienne. Et tandis que la Conférence de Munich sur la sécurité a concentré tout le gratin des va-t-en-guerre, qui se sont appliqués à dénoncer les terribles violations du droit international par la Russie en Ukraine tout en restant particulièrement équivoque sur les crimes de guerre sans précédent d’Israël à Gaza, la réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine à Addis-Abeba a présenté un ensemble de voix très différentes, axées sur la collaboration pour la paix et le véritable développement.

Les dirigeants de l’Otan se sont comportés comme on l’attend d’eux : le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé les pays qui s’y sont engagés à livrer des armes à l’Ukraine. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a (re)proclamé que tout cessez-le-feu ne profiterait qu’à la Russie et a sommé la Chine de ne pas aider la Russie, car Washington « considérerait toute fourniture d’assistance militaire ou contournement des sanctions comme un problème très grave pour nous et pour de nombreux autres pays dans le monde ». Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a livré sa vision délirante d’une victoire ukrainienne : restauration de l’intégrité territoriale, indemnisation des dommages subis, obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre et garanties que la Russie ne constituerait aucune menace à l’avenir. Et la vice-présidente américaine Kamala Harris a rencontré le président ukrainien Zelensky pour lui jurer que les armes et l’argent nécessaires pour maintenir le flux d’Ukrainiens morts au combat seraient maintenus alors que le Congrès bloque toujours toute aide nouvelle.

Un peu seul dans ce chaudron de fous furieux, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré : « Quelle que soit la façon dont le monde change, la Chine est un grand pays responsable qui maintiendra ses grands principes et politiques cohérents et stables. Dans un monde turbulent, la Chine sera une force de stabilité. »

« Ceux qui tentent d’exclure la Chine au nom de la réduction des risques commettraient une erreur historique », a-t-il ajouté. « L’économie mondiale est comme un grand océan qui ne peut pas être coupé en lacs isolés. La tendance à la mondialisation économique ne peut être inversée. Nous devons travailler ensemble pour rendre la mondialisation plus universellement bénéfique et inclusive ».

Par rapport au ton général de la conférence de Munich, les visions présentées à Addis-Abeba offrent un contraste saisissant.

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a évoqué la montée de l’injustice, de l’hégémonisme, de la vision du plus fort. « Le cas le plus flagrant, a-t-il dit, est celui de Gaza, en Palestine », qui est phase de destruction, son peuple « quasiment exterminé » et privé de ses droits humains et de sa dignité. « Les droits internationaux, les droits de l’homme, la morale elle-même » sont méprisés et piétinés. Une salve d’applaudissements de la part des dirigeants et des invités rassemblés a eu lieu lorsqu’il a exprimé son plein soutien pour l’action de l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice. « La voix africaine pour la justice, a-t-il ajouté, rappelle les paroles de Nelson Mandela, qui disait que la liberté était incomplète sans la liberté des Palestiniens. La décision de la Cour a été une victoire non seulement pour l’Afrique du Sud, non seulement pour l’Afrique, mais pour toutes les nations qui défendent les Palestiniens ». Le Premier ministre de l’Éthiopie, M. Abiy Ahmed, a ensuite pris la parole, en mettant l’accent sur le fait que les nations africaines deviennent des acteurs clés dans l’élaboration de l’histoire économique. L’Afrique fut le foyer de l’humanité, l’origine de l’agriculture, de l’architecture et de la médecine, rappela-t-il. Et bien que le colonialisme a freiné le développement de l’Afrique, en réprimant l’éducation, en sapant la culture et en volant l’économie, aujourd’hui le continent se relève, fort de ses abondantes ressources, d’une population jeune et d’un grand potentiel. Il a notamment évoqué le plan « Agenda 2063 » de l’Union africaine comme une vision significative pour l’avenir, dans laquelle l’inter-connectivité permettra une plus grande intégration et un meilleur développement économique. « La paix et la stabilité sont les fondements du développement, et c’est grâce à la collaboration que cela sera possible », a-t-il assuré. Le Premier ministre de l’autorité palestinienne Mohammad Shtayyeh a apporté ses salutations à l’Afrique de la part du peuple souffrant de Palestine, de Gaza. Face à la fuite en avant d’Israël, qui n’écoute même plus les États-Unis, il a exhorté la communauté internationale à agir pour mettre fin à ces tueries, à soutenir l’action en cours à la Cour internationale de Justice (CIJ), à la fois sur la question du génocide et sur la question des colonies en tant que forme de colonialisme. « Élevez votre voix contre cette injustice, et au nom du peuple de Palestine, a-t-il lancé. Élevez la voix pour obliger Israël à permettre la fourniture de biens, de soins de santé, d’électricité et d’eau. La paix est possible, mais elle nécessite l’aide de la communauté internationale ».

La sécurité et la paix ne peuvent pas être imposées par la volonté du plus fort. L’amitié et la coopération ne se développent pas au moyen de la force. Ce n’est qu’à travers une perspective d’avenir basée sur l’aspiration humaine commune à trouver du sens, à grandir, à découvrir et à apprendre, à faire le bien, que la paix est possible.

Considérez la situation en Israël et en Palestine. Depuis un demi-siècle, l’économiste et homme politique américain Lyndon LaRouche et son mouvement international se mobilisent pour une perspective de développement comme fondement de la paix.

« La base objective d’un règlement de paix [au Moyen-Orient] est le plan de développement économique que nous avons indiqué », écrivait LaRouche en 1977. « Toute autre approche échouera, apparaîtra rapidement comme une farce – et débouchera probablement sur la guerre. Cependant, ce n’est pas un simple avantage matériel en soi qui constitue la base de la paix. C’est plutôt l’engagement des gouvernements à aboutir à des taux élevés de progrès scientifique et technologique au service de tous qui ouvre des perspectives humanistes ».

La vidéo de l’Organisation LaRouche sur le « Plan Oasis » présente une puissante image de ce potentiel avenir pour la région et pour le monde.