Déclaration de Jacques Cheminade

Quatre-vingts ans après

jeudi 18 juin 2020, par Jacques Cheminade

Le 18 juin 1940, portant sur sa vareuse l’insigne à Croix de Lorraine, l’ex sous-secrétaire d’Etat à la guerre Charles de Gaulle se sent comme un homme s’apprêtant à traverser l’océan à la nage. Il refuse de rentrer en France et parle à la BBC, indiquant les actes à entreprendre et l’objectif à atteindre.

Bien que son discours ait alors été très peu entendu, il fonde la Résistance et suscite la France Libre. Le président du Conseil et le Commandant en chef de nos Armées ont trahi. De Gaulle, lui, comprend que la bataille de France ne signifie pas la fin d’une guerre qui est mondiale. Il sait que la France n’est pas seule et le répète.

Aujourd’hui, en ce 18 juin 2020, les commentaires sur ce qui entama notre épopée nationale se multiplient. Leur contenu, lui, est malheureusement dérisoire ou académique.

Car être fidèle à l’impulsion qui aboutira à notre Libération ne consiste pas à analyser ou célébrer ce qui inspira l’Appel d’alors.

Aujourd’hui, le défi à relever est en effet celui d’une nouvelle Libération. Cette Libération de l’occupation financière et culturelle que nous subissons, avec la complicité de la même synarchie technocratique qui entoura le régime de Vichy, est le même impératif catégorique que celui qui conduisit l’esprit de notre République à combattre le nazisme.

Parler d’autre chose revient à trahir ce dont on se réclame à tort. Ils étaient alors bien peu, à Londres et sur notre sol, et ce ne fut pas pour eux une raison de baisser les bras, pas davantage que ce ne doit en être une aujourd’hui.

Aussi, dans les circonstances actuelles et dans la mesure des moyens dont je dispose, j’appelle les Françaises et les Français à hisser pour de vrai les couleurs. Non pas en s’embusquant dans une souveraineté pathétique qui se réduirait à une nouvelle ligne Maginot politique, mais en réaffirmant notre vraie souveraineté nationale, une certaine idée de la France à la mesure du XXIe siècle. Car si nos racines nous fixent au sol, nos sources au contraire peuvent et doivent faire de nous les médiateurs, catalyseurs et inspirateurs du monde à venir, celui de la paix par le développement mutuel. En bref, servir la cause de l’humanité, patriotes et citoyens du monde, suivant le mandat du meilleur de notre histoire et la parole qui revit en ce jour.