Les origines anglo-américaines des néo-nazis en Ukraine

mardi 17 février 2015

[sommaire]

La principale menace à la mise en place de l’accord de Minsk II sur l’Ukraine est le rôle prépondérant des réseaux paramilitaires néo-nazis, et le soutien dont ils jouissent au plus haut niveau de l’État ukrainien, ainsi qu’à la Maison Blanche et dans les institutions britanniques.

C’est pourquoi nous publions de larges extraits d’un dossier publié au printemps 2014 par l’hebdomadaire fondé par l’économiste américain Lyndon LaRouche, l’Executive Intelligence Review, documentant le comment et le pourquoi de la protection anglo-américaine de la mouvance néo-nazie ukrainienne.

Les auteurs de ce dossier avaient publié, il y a neuf ans, un rapport intitulé « Dick Cheney : guerre permanente/révolution permanente » [1]. En couverture, le visage obsessif de celui qui était alors le vice-président des Etats-Unis était accompagné de deux personnalités du début du XXe siècle : Léon Trotski et Alexandre Helphand-Parvus. Nous avions démontré dans ce rapport de l’EIR que la doctrine de « révolution permanente », d’abord reprise par Trotski des mains d’un agent britannique peu connu mais non moins influent, Parvus, se trouvait réincarnée dans la clique néoconservatrice de Cheney, non seulement en raison des racines trotskistes de ce parti va-t-en guerre, mais aussi pour répondre aux besoins de l’Empire britannique actuel. L’objectif de cette oligarchie financière mondialisée est de fomenter et de manipuler une séquence de conflits géopolitiques visant à déstabiliser toute opposition réelle ou potentielle.

Nous avions prévenu que l’arsenal de « révolutions permanentes/guerres permanentes » comprenait des détonateurs pouvant déclencher une guerre mondiale, comme il y a cent ans. Nous rapportions l’inquiétude avec laquelle Londres voyait la propagation à l’échelle mondiale, à l’issue de la Guerre de sécession américaine, de politiques dirigistes de développement industriel inspirées du Système américain d’économie politique, après que le président Abraham Lincoln eut conduit l’Union à la victoire contre les forces sécessionnistes :

La réponse britannique allait être, écrivions-nous, de propager la guerre à travers l’Eurasie au cours des quarante prochaines années, grâce à une série de manipulations consistant à jouer une nationalité contre l’autre, assassiner des personnalités clés dans le camp républicain, promouvoir des mouvements et idéologies profondément erronées, orienter la diplomatie d’un camp contre tous les autres et fomenter des ’’changements de régime’’ avec, pour résultat, deux Guerres mondiales successives. A chaque fois, des agents britanniques, opérant souvent sous le couvert de la diplomatie officielle, forgèrent des alliances avec les éléments les plus arriérés et les factions les plus radicales au sein des pays ciblés, (…) créèrent des mouvements de ’’libération’’ factices et recrutèrent et déployèrent des agents clés.

Dans d’autres articles publiés au cours de l’ère Cheney, nous avons montré comment les mouvements fascistes du XXe siècle étaient le fruit d’opérations britanniques menées avant la Première Guerre mondiale, concentrées au sein d’un projet connu sous le nom de Synarchie, également appelé « fascisme universel ». Nous avons mis en lumière le phénomène d’« homme-bête », cette cruauté cultivée par les architectes et agents contrôlant de tels mouvements.

Toutes ces investigations sont cruciales pour comprendre la crise en Ukraine et son contexte, crise qui devient, à chaque jour qui passe, toujours plus horrible à l’intérieur et dangereuse à l’extérieur.

La politique étrangère de Barack Obama perpétue celle de Dick Cheney. A la Maison Blanche, la principale responsable de la situation en Ukraine, la secrétaire-adjointe du département d’Etat aux Affaires européennes et eurasiennes Victoria Nuland, était l’assistante de Cheney pour la politique extérieure, avant de devenir ambassadrice américaine auprès de l’OTAN au cours de la période 2001-2009 (administrations Bush-Cheney). [2]

Le Premier ministre Arseni « Yats » Iatseniouk, personnellement choisi par Nuland, a intégré au régime le parti Svoboda, fondé en 1991 en tant qu’organisation de jeunes néonazis, ainsi que d’autres mouvements ouvertement fascistes.

Outre ces factions radicales, les principaux responsables de l’insurrection de l’Euromaidan suivent et promeuvent l’idéologie fasciste spécifique développée par l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN), depuis sa fondation en 1929.

Mais ses racines sont plus anciennes : elles remontent à l’Union pour la libération de l’Ukraine (ULU) – un projet développé au cours de la Première Guerre mondiale par Alexandre Helphand-Parvus lui-même. L’objectif visé par Parvus, avec ce projet financé en 1914 par l’Empire austro-hongrois agonisant (tandis que le Renseignement britannique et une faction corrompue de l’état-major allemand en finançaient un autre : la révolution bolchevique), était de déstabiliser et fragmenter l’Empire russe, tout en préparant la Première Guerre mondiale. Ce plan était dirigé depuis la province autrichienne de Galicie (Halyshchyna en ukrainien), dont la capitale était Lviv (Lvov, Lwow, Lemberg).

L’enjeu aujourd’hui est encore une fois celui d’une guerre mondiale, comme l’a reconnu le London Economist dans son numéro du 17 mars 2007. L’hebdomadaire britannique publiait alors un scénario devant se dérouler en 2057, selon lequel l’Union européenne serait devenue l’une des principales institutions d’un futur empire mondial, grâce aux efforts des responsables européens pour convaincre le président américain Barack Obama (qui n’était pas encore au pouvoir au moment où l’article était publié) de menacer la Russie de frappes nucléaires en plein milieu d’une crise ukrainienne, prévue pour le milieu de la décennie 2011-2020, c’est-à-dire en ce moment même.

Les Etats-Unis joueront-ils le rôle qui leur a été assigné par ces impérialistes britanniques, en s’engageant dans un conflit frontal avec la Russie ? Les patriotes américains (et européens bien sûr) devraient dire non à une telle guerre d’annihilation et à tout groupe cherchant à la déclencher.

Ce dossier

Cet article est le dernier d’une série publiée par l’Executive Intelligence Review (EIR), portant sur la crise orchestrée de toutes pièces autour de l’Ukraine. Dans la première partie,

 [3]

Née aux Etats-Unis, Kateryna Choumachenko, la femme de l’ancien président ukrainien Victor Iouchtchenko, a travaillé dans les bureaux de l’UCCA à Washington DC, ainsi que pour le compte du Comité national des nations captives au cours des années 1980. Elle s’est ensuite retrouvée au Bureau des droits de l’Homme du département d’Etat américain. Durant les années où elle travaillait dans ce bureau (2005-2010), de grandes avancées furent accomplies vers la réhabilitation de Bandera et de l’OUN. Les archives du KGB pour l’Ukraine, transférées après la chute du Mur au Service de sécurité de l’Ukraine (SBU), furent placées sous la responsabilité de l’historien Volodymyr Vyatrovych, dont la tâche était de dénicher des « héros nationaux » comme image de la nouvelle Ukraine. Celui-ci a présenté sous un jour des plus favorables les principales figures de l’OUN. [4]

Autre exemple de l’héritage laissé par l’OUN : la vice-présidente du National Endowment for Democracy (NED), Nadia Diuk, s’exprime souvent avec des accents dignes d’un polémiste de la Guerre froide, tout droit sorti des années 1950, avec un ton plus moderne cependant.

Après un passage obligé par l’Université d’Oxford, elle fit son apprentissage au cours des années 1980 dans une succursale de la Prolog Research Corporation, financée par la CIA et présidée par l’ex-assassin de l’OUN, Mykola Lebed.

Grâce à une telle continuité politique et institutionnelle, une approbation sans réserves des axiomes de l’OUN (et non nécessairement identifiés comme tels), considérés comme incarnant un nationalisme ukrainien sain et normal, est devenue la norme sur le Maidan et parmi ses partisans à l’étranger.

C’est ainsi que les slogans et pratiques de l’OUN furent adoptés par l’Euromaidan. La chansonnette la plus entendue sur le Maidan, à part l’hymne national qui était chanté toutes les heures, était une chanson dialogue semblable à celles chères au fasciste italien du début du XXe siècle, Gabriele D’Annunzio. Un animateur lançait : « Slava Ukrainy ! » (Gloire à l’Ukraine !), à quoi la foule répondait : « Heroyam slava ! » (Gloire aux héros !).

Ce sont là de vieux slogans de l’OUN, aujourd’hui de rigueur en Ukraine. On les entend tous les jours. Ainsi, alors qu’elle arrivait à Kiev le 22 février après sa libération de prison, l’ex-Premier ministre Ioulia Tymochenko se vit interpellée par un jeune patrouilleur du Groupe d’auto-défense du Maidan, qui lui lança : « Nous avons fait cette révolution, pas vous ! » Elle lui répondit de la fenêtre de sa voiture, choquée : « Slava Ukrainy ! »

C’est par cette même expression que le 5 mai, trois jours après la mort horrible de dizaines de personnes dans l’incendie de la Maison des syndicats à Odessa, le nouveau directeur des Affaires intérieures de la Police nationale pour cette région, le général Ivan Katerinchouk, accueille les gens rassemblés sur une place publique, dans une ville en état de choc. Certaines des victimes d’Odessa avaient entendu le même cri en provenance des soi-disant « nationalistes » rassemblés devant la Maison des syndicats, au moment où elles se jetaient par la fenêtre d’un immeuble en feu, vers une mort certaine.

La collaboration de Bandera, de l’OUN et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) avec les nazis, tant dans les années trente que durant l’invasion de l’Ukraine par les nazis, ainsi que les atrocités commises au cours de la Seconde Guerre mondiale par l’OUN et l’UPA contre les populations juives, polonaises et russes pro-soviétiques, ont été amplement documentées. Elles ont également fait l’objet de nombreuses tentatives de justification, que nous avons résumées dans un précédent dossier. C’est pourquoi nous nous concentrons ici sur les caractéristiques fascistes de l’idéologie de l’OUN à proprement parler.

Les publications et la rhétorique de l’OUN, depuis 1929 jusqu’à celles publiées aujourd’hui par ses héritiers, portent l’empreinte d’idéologues fascistes tels que Dmytro Dontsov (1883-1973). Dans son livre le plus connu, Nationalisme (1926), ainsi que dans ses écrits d’après-guerre, publiés par la faction bandériste de l’OUN basée au Canada, Dontsov présente un nationalisme fondé sur des bases ethniques ainsi qu’un darwinisme social radical.

Dontsov considérait la « nation » comme une espèce biologique. Il écrit dans son livre qu’une seule « nation » ethnique de ce type serait en mesure d’habiter un territoire donné :

Celui qui voit les peuples comme des espèces définies qui sont, dans le monde organique, condamnées à se faire concurrence entre elles – celui-là voit clairement que pas même deux de ces peuples peuvent se satisfaire d’une seule parcelle de terre sous le Soleil. (…) Le plus faible doit céder la place au plus fort. (…) La nature ignore l’humaniste ou la justice.

« La lutte pour la vie et le pouvoir est transformée en effort pour la guerre. (…) L’élan vers la guerre entre les nations est éternel. La guerre est éternelle. (…) La vie est construite, sur le plan international, sur le combat, sur le mouvement constant, qui conduisent le monde à la guerre et amènent la guerre au monde. (…) Entre les espèces il y a la guerre, et par conséquent il y a la guerre entre les gens, les peuples, les nations, etc. Soyez agresseur et occupant, avant de devenir gouverneur et possédant. (…) Aucune vérité humaine commune n’existe.

Selon Dontsov, la principale force existant dans la société devrait être une « aristocratie » ou un « ordre » – une minorité capable de prendre l’initiative. Le pays devrait avoir un « vozhd », concept proche du Führer allemand. Dontsov est devenu une figure majeure au cours des années 1920, dans la foulée des trois tentatives manquées pour former un Etat ukrainien indépendant : soit au cours de la Première Guerre mondiale, ou lors de la Guerre civile de 1918-1922 dans l’ancien empire russe. Sa carrière est résumée de la manière suivante par le chercheur britannique Andrew Wilson :

Dontsov, comme Mussolini, a d’abord été socialiste, puis a rejoint l’Union pour la libération de l’Ukraine en 1914. Il est rapidement passé à droite. Il a repris une grande partie de la philosophie politique du fascisme italien, tout en développant sa propre variété de nationalisme ukrainien, extrême, qu’il a qualifiée de nationalisme "vigoureux", d’"action" (d’après Maurras) ou "intégral" (chynnyi natsionalizm). Il a emprunté de manière éclectique les idées de gens comme Nietzsche, Fichte, Pareto et Sorel. (…) Le point de départ de Dontsov était une critique violente d’un provincialisme présumé, d’un complexe d’infériorité et d’une mentalité "petite Russie" parmi l’intelligentsia ukrainienne, (…) dont l’incapacité à se libérer de la culture russe et de l’espoir illusoire d’une coopération avec des "démocrates" qui n’existaient pas en Russie laissa l’Ukraine sans objectif et sans dirigeant entre 1917 et 1920. (…)

« La vision de Dontsov de la nation ukrainienne (…) était essentiellement ethnique. Une ’’idée nationale’’ pure et capable d’inspirer ne pouvait exister que comme représentation de l’esprit d’une nation homogène sur le plan ethnique, libre de toute ’’impureté’’ interne et parfaitement unie (Dontsov emprunta ici quelques éléments du mythe populiste d’une paysannerie ukrainienne homogène). L’Ukraine devait par conséquent être purgée de toute influence juive, polonaise et avant tout russe. De plus, cette nation homogène sur le plan ethnique serait dirigée, dans la vision de Dontsov, comme un Etat corporatiste, par un parti politique nationaliste lui fournissant sa ’’caste dirigeante’’. Ce rôle serait dévolu à l’Organisation des nationalistes ukrainiens. [5]

Il est facile de déceler, dans la vision d’un combat permanent, de l’inéluctabilité de la guerre et d’une purge ethnique mise de l’avant par Dontsov, le concept synarchiste ou nazi d’ « homme-bête ». Mais la structure de croyance de Dontsov n’est pas la seule tendance, ni même la principale, capable de définir le mouvement d’indépendance ukrainienne à ses origines.

Au cours des révolutions qui ont secoué l’Europe continentale en 1848, de même qu’au cours des années qui suivirent, la Fraternité ukrainienne des Saints Cyril et Méthode, dirigée par l’historien Mykola Kostomarov (1817-1885) et influencée par le poète national ukrainien Taras Shevchenko (1814-1861), ne partageait pas cette idéologie d’exclusion.

L’ouvrage de Kostomarov, Les deux peuples de la Rus (1861), continua à exercer une certaine influence jusqu’au XXe siècle, et fut attaqué par Dontsov et l’OUN comme symbole de la soi-disant pensée « petite Russie » – l’idée selon laquelle les Ukrainiens et les Russes ont une culture distincte, mais constituent néanmoins deux branches d’un même peuple. L’académicien Vladimir Vernadski, né en Russie de famille ukrainienne, écrivait à sa fille en 1923 :

Je ne fais aucune division entre les Russes et les Ukrainiens, et je crois que si la Russie ne périt pas (…) cette question pourra être traitée correctement. (…) Les cultures de la Russie et de l’Ukraine sont deux émanations d’un ensemble unifié, plus grand. (…) J’aimerais t’écrire à propos de la question ukrainienne, (…) qui est dans les mains de gens étroits d’esprit, opposants fanatiques à la culture russe. Certains d’entre eux sont fous, d’autres seulement arriérés. (…) L’Ukraine existe, et continuera à exister. L’important est que Dontsov et ses sbires ne prennent pas la tête du pays. »

Ainsi, le grand scientifique et patriote ukrainien Vernadski croyait que la relation entre son pays et la Russie pouvait être discutée rationnellement, pourvu que le dément Dontsov reste à l’écart du débat. Ce dernier devint le mentor de l’OUN, et c’est sa vision de pureté ethnique et de nécessaire domination, au sein de tout Etat national, de ce que l’on appelle aujourd’hui « nation titulaire », qui fut intégrée dans les manifestes de l’OUN. Grâce au parrainage, pendant de longues décennies, du MI6 britannique et des réseaux anglophiles des frères John Foster et Alan Dulles

au sein du renseignement américain en particulier, cette vision devint la marque de fabrique des nationalistes ukrainiens. Andrew Wilson, observa en 1997 que « le conflit entre les nationalismes militant [de Dontsov] et démocratique (…) marque encore le débat politique ukrainien à ce jour.

Les programmes de nombreuses organisations dans l’Ukraine moderne sont remplis de vitupérations semblables à celles de Dontsov. La Déclaration des principes nationaux de l’organisation Bandera Trident (Tryzub), à laquelle sont associés le ministre de l’Education Serhiy Kvyt et le chef des Services de sécurité ukrainiens (SBU) Valentyn Nalyvaychenko, stipule ainsi :

Dieu tout-puissant nous a créés, nous Ukrainiens, comme la nation ukrainienne. (…) Et les serviteurs de Satan ont tenté pendant des siècles de résister à la volonté de Dieu et de nous détruire sur notre propre terre, ou de nous transformer en Russes, Polonais, Roumains et autres, ou en un troupeau impérial "international" de ’’peuples soviétiques’’, ou en troupeau cosmopolite sans visage, insignifiant et dégénéré appelé ’’nation politique’’. Les Ukrainiens ne peuvent survivre qu’en tant qu’Ukrainiens et Chrétiens, dans leur propre Etat national. C’est pourquoi, pour nous, l’Ukraine passe avant tout !

Le programme du parti Svoboda (Liberté), aujourd’hui partie prenante de la coalition gouvernementale, appelle à faire de l’« ukrainophobie » un délit. Selon la définition populaire, ce terme désigne tout désaccord avec la définition ethnique de nation ukrainienne établie par Dontsov et l’OUN. Des vues telles que celles exprimées par Vernadski dans sa lettre de 1923 seraient qualifiées, selon cette définition, de mentalité « Petite Russie », d’ukrainophobie et de crime. L’hostilité atavique à l’égard de la Russie, directement héritée de l’OUN, s’entend dans l’insistance avec laquelle Nadia Diuk affirme que la Russie du président Poutine poursuit une politique impériale :

L’objectif de l’idéologie du Kremlin (…) est d’avoir une sorte de ceinture de territoires déstabilisés autour de la Russie. Il n’y a jamais eu d’identité nationale russe qui ne soit pas impériale dans sa substance et son ambition. [6]

Secteur droit : le pilier paramilitaires du régime de Kiev

Le regroupement d’organisations paramilitaires connu sous le nom de Secteur droit n’est en aucun cas une composante marginale de l’Euromaidan, qui se serait ensuite volatilisée une fois les manifestations terminées. L’ancien ministre de l’Intérieur Iouri Loutsenko, l’un des principaux organisateurs des manifestations et aujourd’hui conseiller du président par intérim Tourchynov, a reconnu publiquement le rôle crucial joué par ce groupe dans le renversement du président Victor Ianoukovitch. Secteur droit est aujourd’hui protégé par les plus hautes instances du régime ukrainien. Ses dirigeants ont été intégrés, aux côtés des Forces d’auto-défense du Maidan, à la nouvelle Garde nationale, sous la supervision de Paroubi.

Secteur droit a reçu ce nom en novembre 2013. Il est composé de trois branches principales : le Trident de Bandera (Tryzub), le Patriote ukrainien et l’Assemblée nationale ukrainienne - Autodéfense nationale ukrainienne (UNA-UNSO).

Ces groupes sont issus des vieux réseaux de l’OUN-B parrainés par le MI6, l’Abwehr et la CIA, sans qu’aucune génération n’ait pratiquement été oubliée entre ses éléments constitutifs, à la Seconde Guerre mondiale, et sa reconstitution après que l’Ukraine eut obtenu son indépendance en 1991. En particulier grâce à l’entraînement de ses militants dans les pays membres de l’OTAN en Europe de l’Est, ces groupes sont analogues aux « laissés derrière » (les réseaux « stay-behind » appelés Gladio) par l’OTAN et la CIA de Alan Dulles en Italie, où ils fomentèrent les tentatives de coups d’Etat et le terrorisme des années 1970 (la « stratégie de tension »). [7]

Le Trident de Stepan Bandera

Fondé en octobre 1993, sous le couvert d’un club de musculation destiné aux jeunes, Tryzub se rattachait au Congrès des nationalistes ukrainiens (KUN). Ce parti avait été implanté en Ukraine directement par l’OUN-B en 1991, après le retour de sa dirigeante, Slava Stetsko, de Munich, où le Parti avait son siège, juste après le démantèlement de l’Union soviétique. Elle était la veuve de l’adjoint de Bandera, Iaroslav Stetsko, Premier ministre de l’Etat ukrainien proclamé par l’OUN-B le 30 juin 1941. Cette proclamation disait :

L’Etat ukrainien nouvellement constitué travaillera en étroite collaboration avec la Grande Allemagne national-socialiste, sous l’autorité de son dirigeant Adolf Hitler, qui est en voie de former un nouvel ordre en Europe et dans le monde et aide le Peuple ukrainien à se libérer de l’occupation moscovite.

Iaroslav Stetsko dirigeait depuis 1948 le Bloc des nations anti-bolchéviques (ANB), parrainé à l’origine par le MI6 et dérivé de la volonté britannique de consolider ses opérations au sein des cercles d’émigrés est-européens. Stetsko devint plus tard l’un des successeurs de Bandera les plus appréciés à la tête de l’OUN-B. Tandis que les Britanniques restaient les principaux pourvoyeurs de fonds de l’OUN-B et de l’ABN, des ressources supplémentaires arrivèrent de Taïwan et les Stetsko réussirent à s’implanter aux Etats-Unis. En 1983, Iaroslav Stetsko, alors âgé, se retrouva incidemment poussé dans sa chaise roulante tout près du président Reagan, lors d’une cérémonie officielle à la Maison Blanche en l’honneur des « nations captives », suffisamment longtemps pour qu’une photo soit prise de leur poignée de main et publiée dans le bulletin de l’ABN. A la mort de son mari en 1986, Slava Stetsko prit sa succession à la tête de l’OUN-B, héritant en même temps de ses fonctions dirigeantes à l’ABN et de son poste d’officier de la Ligue anticommuniste mondiale (WACL).

De retour en Ukraine, Slava Stetsko dirigea le KUN jusqu’à sa mort en 2003, période au cours de laquelle le parti gagna des sièges à la Rada suprême. Elle a personnellement parrainé Tryzub. Son principal propagandiste à l’époque était Vasyl Ivanyshyn, un sous-dirigeant du KUN et professeur à l’Institut pédagogique de Drohobych, dans la région de Lvov. Les tracts alors publiés avaient pour titre : « Nation, pouvoir, nationalisme » (1992), « L’idée ukrainienne et les perspectives d’un mouvement nationaliste » (2000), « le Choix de la nation » (2002), comportant tous des passages élogieux à l’égard de Bandera et de Dontsov. Tryzub fut conçu comme une organisation « nationale-patriotique, sociale et sportive, sur le modèle d’un ordre ». [8] Avec d’autres organisations nationalistes de jeunesse ukrainiennes, il organisa des camps de vacances, souvent à Zarvanytsia, dans la région de Ternopil, village qui abrite la célèbre icône de la Vierge Marie.

Tryzub fut pendant de nombreuses années l’objet de rumeurs lui attribuant des soutiens de haut niveau dans les milieux politiques et l’establishment du pays, en particulier de la part du Service de sécurité ukrainien (SBU). L’expert de Radio Free Europe et de l’OTAN pour l’Ukraine, Taras Kouzio, lui-même un vétéran des organisations bandéristes en exil soutenues par la CIA (voir encadré), écrivait en 2003 : « Agissant comme des agents provocateurs, Tryzub se trouvait derrière les pires émeutes de mars 2001 en Ukraine. » [9]

En mai 2007, Tryzub tint une conférence à Ternopil pour fonder un Front international anti-impérialiste. Ce Front fut rejoint par le Mouvement international pour la décolonisation du Caucase (IMDC), dirigé par un certain Ahmad Sardali, qui avait fait partie en 1999 de l’Islamic Shura of Dagestan de Shamil Basaïev – un projet terroriste visant à envahir la République du Daguestan, située dans le nord du Caucase russe, depuis la Tchétchénie, à l’origine de la seconde guerre de Tchétchénie (1999-2009).

Mort en 2007, Ivanyshyn fut remplacé par son élève Dmytro Iarosh. En 2010, celui-ci était arrêté avec quinze autres membres de Tryzub pour avoir comploté en vue de faire exploser un monument en l’honneur de Staline à Zaporozhye. Tryzub continua à organiser des camps de recrutement et d’entraînement au cours des étés qui suivirent.

Le 17 juillet 2013, pendant leur camp d’entraînement annuel, Iarosh enregistra en vidéo un discours qui devait circuler largement sur internet. Il y soulignait trois points : 1) Il y a un régime d’« occupation interne » en Ukraine ; 2) aucune libération du peuple ukrainien et aucun Etat ukrainien ne sont possibles sans une révolution nationale ; 3) la Russie est l’ennemi de toujours et « aussi longtemps que l’Empire russe existe, sous quelque forme que ce soit, une indépendance réelle pour l’Ukraine et le peuple ukrainien est impossible. » Iarosh y fait ensuite la prédiction suivante :

Les temps sont proches où nous ne serons plus seulement en train de parler et de faire des actes de propagande en faveur de la révolution, mais où nous allons faire l’histoire et marquer de l’empreinte de notre peuple l’existence de la nation ukrainienne. (…) Nous devons montrer non seulement par des paroles, mais par des actes, que la cause de Bandera ne relève pas du passé, mais du présent et de l’avenir. (…) L’époque dont nous avons seulement rêvé depuis vingt ans arrive. Par conséquent, Vierge de Zarvanytsia, accorde-nous ton soutien dans notre lutte. Car nous pouvons gagner, nous voulons gagner, et nous allons gagner.

Le 21 novembre 2013, lorsque le président Ianoukovitch et le gouvernement de Mykola Azarov ont annoncé la suspension des négociations avec l’UE sur l’Accord d’association, Iarosh publia sur le site de Tryzub une déclaration de guerre contre le gouvernement ukrainien. En 2008, lors d’un entretien publié sur le site du Centre Kavkaz, il déclara que la guerre avec la Russie était inévitable : « Tôt ou tard, nous sommes destinés à nous battre contre l’Empire moscovite. »

Le site internet de Tryzub cite le ministre de l’Education Serhiy Kyvt comme ancien membre du groupe. Expert littéraire spécialisé en herméneutique, il a consacré sa thèse doctorale à Dontsov.

L’ancien chef du Service de sécurité ukrainien (SBU), Valentin Nalivaïtchenko, est lui aussi proche de Tryzub. Dans une interview accordée à Ukrainska Pravda en 2009, il s’est lui-même décrit comme le « dernier Ukrainien à avoir reçu son entraînement » à l’Institut du KGB, du temps où l’Union soviétique était dirigée par Iouri Andropov. Après avoir dirigé le SBU entre 2006 et 2010, il est aujourd’hui membre du Parti Oudar de Vitali Klitschko. Dans des interviews réalisées en 2014, Iarosh a évoqué ses liens d’amitié avec Nalivaïtchenko, tandis que son porte-parole a confirmé à des médias ukrainiens et russes que Iarosh avait travaillé comme assistant de Nalivaïtchenko à la Rada suprême en 2013 et 2014.

Une vidéo du discours de l’ancien chef du SBU, à l’occasion du camp d’été de Tryzub de juillet 2012 à Zarvanytsia, révèle l’existence d’une relation étroite entre les deux personnages. Iarosh y présente Nalivaïtchenko comme quelqu’un « qui travaille avec notre organisation depuis longtemps ». Celui-ci s’exprime dans le langage bandériste le plus classique :

Je veux exprimer toute ma gratitude pour ce que vous faites. Nous vivons des heures sombres, alors que le manque de foi et l’occupation de facto de l’Ukraine ne nous rendent que plus forts. Plus forts, dans la mesure où nous comprenons que nous devons et pouvons nous opposer à l’occupant. (…) Nous réalisons que le régime joue avec la Loi sur les langues comme un singe avec une grenade. Nous réalisons que ceci ne peut être combattu que par l’action organisée, une action ukrainienne, car pour nous, patriotisme signifie action (…) J’en appelle à vous pour que vous restiez fidèles à ce que vous faites et discutiez ensemble. Ceci nous appartient ! Ceci est notre terre et nos valeurs. Nous luttons pour l’Ukraine, pour la libération des Ukrainiens, et pour notre foi. Nous sommes chez nous et nous allons restaurer l’ordre dans notre propre maison !

Plutôt que de citer des sources russes dénonçant Nalivaïtchenko comme un « agent de la CIA », reportons-nous aux remarques faites par un partisan de Tryzub à l’occasion d’une conférence téléphonique du Conseil atlantique le 22 avril 2014, alors que Nalivaïtchenko dirigeait déjà le SBU après le coup de février 2014 : « L’information et l’échange de renseignement, et même la coopération, avec nos collègues des Etats-Unis, sont vraiment bien organisés. Nous sommes
satisfaits du niveau de coopération. Celle-ci est très intensive et réellement professionnelle. »

Le Patriote ukrainien

Affiche de 2008 du groupe Patriote ukrainien (fondé en 1999 par l’actuel chef du Conseil national de sécurité et de défense Andriy Paroubi), honorant la 14 e Waffen SS Division « Halyshchyna » comme « nos héros ».
La division, dirigée par des Allemands et formée de soldats ukrainiens, fut organisée par les Nazis en 1943 pour combattre sur le front soviétique.

La section jeunesse du SNPU, le Patriote ukrainien (UP), ainsi que son fondateur Andriy Paroubi, ont tous deux fait scission avec le Parti, lorsque celui-ci décida de soigner son image en se rebaptisant « Svoboda » en 2004. UP s’est rendu tristement célèbre en octobre 2008, lorsque la police de Kiev a interrompu sa tentative de marche en l’honneur de l’OUN et de l’UPA. D’autres « exploits » ultérieurs comprennent des tentatives d’expulser de leur foyer d’accueil des travailleurs temporaires vietnamiens, en 2011. UP se vante de son entraînement militaire, et des photos des séances d’entraînement sont publiées sur leur site www.patriot.ukr.ua ; celui-ci indique que le mouvement a poursuivi son entraînement paramilitaire jusqu’en décembre 2013, lorsque certains de ses membres dirigeaient le Maidan.

En août 2011, trois membres de l’UP à Vasylkiv, dans la région de Kiev, ont été arrêtés pour possession d’explosifs destinés à détruire le monument en l’honneur de Lénine à Boryspil, là où se trouve également l’aéroport international. L’idéologue de l’UP, Oleh Odnorozhenko, détenteur d’un doctorat en histoire, est un ancien dirigeant de la branche Kharkov de Svoboda. Il a lui aussi quitté le Parti en 2004, mais est resté avec l’UP. Il a été arrêté en juillet 2012 pour attaque à main armée contre un adversaire politique. Bien que Paroubi ait lui-même quitté l’UP, après le SNPU/Svoboda en 2004, pour rejoindre les rangs du bloc Notre Ukraine et plus tard Batkivshchyna, des spécialistes de l’extrême-droite ukrainienne rapportent qu’il a témoigné en faveur d’Odnorozhenko lors d’une audience judiciaire en novembre 2012. Ce dernier, arrêté pendant les émeutes sur le Maidan, siège aujourd’hui au Conseil politique de Secteur droit.

UNA-UNSO

L’UNA-UNSO et sa section jeunesse, Bily Molot (Marteau blanc), ont intégré la coalition Secteur droit. L’organisation remontait à août 1991, au moment de la rupture avec l’Union soviétique, lorsqu’une alliance entre groupuscules d’extrême-droite, ou Assemblée inter-parti des Ukrainiens (UMA), commença à mettre en place des unités d’autodéfense en Ukraine occidentale, baptisées Auto-défense nationale ukrainienne (UNSO). On trouvait parmi les recrues des vétérans de l’armée, y compris des officiers ayant combattu en Afghanistan. Au moment de l’indépendance, l’UMA fut renommée Assemblée nationale ukrainienne (UNA).

Se cherchant un nouveau dirigeant, l’UNA-UNSO le trouva en la personne du fils du commandant de l’UPA Roman Choukhevitch, Iouri, bien qu’affaibli par de longues années passées dans les prisons soviétiques. Initialement, son adjoint et dirigeant de facto du groupe était Mykola Karpyouk, désormais actif chez Secteur droit. Iouri Choukhevitch, aujourd’hui âgé de plus de 80 ans, donne toujours des interviews sur la guérilla à venir contre la Russie.

Les dirigeants de l’UNA-UNSO ont beaucoup voyagé au cours des années 1990. Ils ont combattu en Transnistrie, dans le cadre du conflit contre la Moldavie, et sont apparus aux côtés des Géorgiens pendant leur guerre avec l’Abkhazie, à l’automne 1993. En avril 1996, sept personnalités de l’UNA-UNSO furent arrêtées en Biélorussie pour avoir incité des jeunes à se soulever contre le président Alexandre Loukachenko.

En 1994-95, certains individus et unités de l’UNSO se sont portés volontaires pour se joindre aux insurgés de Djokhar Doudaïev contre la Russie, au cours de la première guerre de Tchétchénie. L’un d’entre eux, Alexandre Mouzychko (« Sashko Bily »), avait supervisé la garde rapprochée de Doudaïev. L’implication de l’UNA-UNSO dans le séparatisme tchétchène doit être vue dans le contexte de la croyance des nationalistes radicaux en une terre ukrainienne qui s’étendrait vers l’Est jusqu’au fleuve Don. En d’autres termes, tout le territoire russe situé au Nord du Caucase, incluant les grandes terres agricoles de Stavropol et de Krasnodar, ainsi que les régions de Belgorod et de Briansk, devrait être selon eux intégré à l’Ukraine.

A son apogée au cours des années 1990, l’UNA-UNSO affirmait compter 10000 adhérents. Interdite en 1997, sous la présidence de Leonid Kouchma, elle réussit malgré tout à se maintenir. Le groupe devint très actif dans le mouvement L’Ukraine sans Kouchma, lancé en 2000 après le meurtre du journaliste Georgi Gongadze.

Des heurts avec la police, ainsi qu’une tentative d’occupation d’un édifice de l’administration présidentielle en mars 2001, conduisirent à l’arrestation de nombreux militants de l’UNSO. Des vidéos et des photos, publiées sur un site ukrainien en 2006, montrent de jeunes militants portant le sigle de l’UNA-UNSO à un camp d’entraînement d’été. On s’y exerce à fabriquer des bombes, pénétrer dans des édifices par effraction, tirer à l’arme à feu. Ceux qui ont posté ces vidéos présentent les instructeurs comme des officiers de l’OTAN et situent ce camp sur une base de l’OTAN en Estonie, affirmation confirmée à la fin de la vidéo par le fait que les participants se rendent ensuite à un monument en l’honneur des Estoniens ayant combattu l’Armée rouge durant la Deuxième Guerre mondiale.

Même si ces rapports concernant l’entraînement par l’OTAN de l’UNA-UNSO et autres groupes similaires sont difficiles à vérifier, il en existe un grand nombre, citant la Lituanie et la Pologne comme autres pays d’accueil.

Deux personnalités ayant joué un rôle de premier plan dans l’Euromaidan et se retrouvant dans le nouveau gouvernement sont d’anciens membres de l’UNA-UNSO. Citons entre autres un certain Dmytro Boulatov, le chef de l’AutoMaidan qui a prétendu avoir été kidnappé et torturé pendant une semaine entière, et qui est aujourd’hui ministre de la Jeunesse et des Sports.

La journaliste d’enquête Tetyana Chornovol, dont l’enlèvement et le passage à tabac en décembre 2013 permirent dans une large mesure de poursuivre les manifestations du Maidan, avait été secrétaire de presse bénévole pour le compte de l’UNA-UNSO au cours des années 1990, après s’être impliquée dans le groupe dès l’âge de 17 ans. Elle assurait la liaison avec les rebelles tchétchènes, avant de quitter son poste au début des années 2000 pour se consacrer au journalisme. Le 5 mars 2014, elle fut nommée Représentante autorisée du gouvernement pour les enquêtes contre la corruption.


[1« Cheney Revives Parvus ’’Permanent War’’ Madness », EIR, Sept. 23, 2005.

[2Victoria Nuland a été la conseillère principale de politique étrangère de Dick Cheney. Elle est également l’épouse du néo-conservateur Robert Kagan, instigateur du projet impérial pour un Nouveau siècle américain. Pour Kagan, l’UE est impuissante car sous l’emprise de Vénus, déesse de la paix, mais fort contente que les Etats-Unis fassent le sale boulot de Mars (dieu de la guerre). Ambassadrice-adjointe à l’OTAN, Mme Nuland avait exigé, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, l’application de l’article 5 de la Charte atlantique obligeant les États membres de l’OTAN à partir en guerre avec George Bush junior contre le terrorisme mondial. C’est dans ce but qu’elle a plaidé auprès de Nicolas Sarkozy pour accélérer le retour de la France dans l’OTAN.

[3Stephen Dorril, MI6 (New York : The Free Press, 2000).

Plusieurs chapitres de ce livre copieusement annoté concernent les opérations du Renseignement britannique et de la CIA impliquant l'Ukraine entre les années 1930 et 1960. Churchill a travaillé sur l'Intermarium avec le comte autrichien Richard Coudenhove-Kalergi, ainsi que son Union pan-européenne, soutenue financièrement par Parvus en 1923, l'année avant sa mort.

Si la doctrine de l'OUN, « l'Ukraine aux Ukrainiens », rendait difficile sa participation aux projets paneuropéens, Dorril documente toutefois les contacts d'une des principales figures de l'Intermarium, le père Ivan Bouchko de l'Eglise gréco-catholique ukrainienne, son agent de liaison auprès du Vatican, avec Mykola Lebed de l'OUN-B, après la guerre.">« Les puissances occidentales fomentent un coup d’Etat néonazi en Ukraine »]

Les idées et le programme de l’OUN-B furent promus à l’étranger, plus de cinquante ans après la fin de la guerre, par des organisations qui en ont pris le relais, tels le Bloc antibolchévique des nations (ABN) et le Comité pour le congrès ukrainien d’Amérique (UCCA). L’UCCA présente le chef de l’OUN, Stepan Bandera, comme « l’un des héros et patriotes les plus dévoués de l’Ukraine ». [[« On the 50th Anniversary of Stepan Bandera’s Murder », www.ucca.org, 5 octobre 2009.

[4Per Anders Rudling, « Warfare or War Criminality ? » in Ab Imperio, 2012/1. Le chef du SBU au cours de cette période était Valentyn Nalyvaychenko, de nouveau à ce poste aujourd’hui.

[5Andrew Wilson, Ukrainian Nationalism in the 1990s : A Minority Faith (Cambridge : Cambridge University Press, 1997).

[6« Reading Russia : Is there a Key ? » Journal of Democracy, avril 2009.

[7Claudio Celani, « Strategy of Tension : The Case of Italy », dossier EIR, mars-avril 2004 ; Allen Douglas, « Italy’s Black Prince : Terror War against the Nation-State », EIR, 4 février 2005.

[8Delo.ua, éloge funéraire d’Ivanyshyn, 10 mai 2007.

[9Taras Kouzio, « Loyal Nationalism in Postcommunist States », RFE/RL Newsline, 30 juin 2003.