Les déclarations de Lyndon LaRouche

LaRouche au Forum de Rhodes : l’Alliance des quatre puissances contre l’effondrement économique

mardi 20 octobre 2009, par Lyndon LaRouche

Voici le discours de l’économiste américain Lyndon LaRouche au 7e Forum annuel de Rhodes, organisé par le World Public Forum On Dialogue of Civilizations co-présidé par Vladimir Yakounine, Président des Chemins de Fer russes.

Plus de 500 universitaires, politiques et responsables d’ONG de 60 pays on participé à cette édition 2009.

Au regard du peu de temps qui m’est imparti, je m’en tiendrai à un certain aspect du problème. Le 25 juillet 2007, lors d’une conférence internationale par internet, j’ai publié une prévision. J’ai dit alors que nous étions au bord d’une crise générale du système financier des Etats-Unis. J’ai dit que c’était une question de jours, et ce fut effectivement le cas : c’est ce que l’on appela par la suite la crise des subprimes. Mais ce n’était pas une crise des subprimes, c’était le début d’un processus de désintégration générale de l’économie américaine. C’est une crise qui concerne le monde entier, parce que si les Etats-Unis, avec leur dette colossale, s’effondrent, si la valeur de la dette des Etats-Unis envers la Chine, par exemple, plonge presque à zéro (ce qui peut arriver), cela provoquera une réaction en chaîne dans tout le système mondial, à l’image de ce que l’Europe a vécu au XIVe siècle. C’est à prendre le plus sérieusement du monde.

Il existe cependant une solution immédiate à ce problème.

 

En premier lieu, j’avais proposé un texte de loi pour lequel nous avons mené campagne dans tous les Etats des Etats-Unis, en faveur d’une résolution devant être adoptée par les gouvernements d’Etats, qui avait pour but de susciter une loi nationale au Congrès [fédéral]. Il s’agissait de mettre l’ensemble du système hypothécaire américain en règlement judiciaire et sous protection de la loi sur la banqueroute. Cette loi aurait permis aux ménages de conserver leur logement, gelant la dette hypothécaire pour la traiter au moment adéquat.

En même temps, l’autre intervention consistait à mettre le système bancaire, ce que l’on appelle le système de banques commerciales des Etats-Unis, sous protection. Nous avions autrefois la loi Glass-Steagall, conçue précisément pour ce type de recours. Mais Lawrence Summers, connu pour être un voleur, je crois, par un certain nombre de personnes en Russie, a réussi à provoquer l’abrogation de la loi Glass-Steagall. Le système de banques commerciales fut, dès lors, exposé à des types de spéculation qui, auparavant, n’étaient permis qu’aux banques d’investissement, ce qui a corrompu l’ensemble du système bancaire américain et l’a menacé de faillite générale.
En même temps, une tendance à long terme de déclin physique continu de l’économie américaine s’est développée depuis 1968-1971, s’accentuant en particulier depuis 1987. Nous n’avions alors plus aucune protection contre la faillite de notre système bancaire commercial et mon projet de loi, largement soutenu dans bon nombre d’Etats des Etats-Unis, notamment par le biais de quelques gouverneurs, aurait empêché la crise d’échapper à tout contrôle. Cela aurait impliqué la réorganisation financière de nombreux comptes, mais cela aurait été fait de façon ordonnée et suivant la loi, et non de manière chaotique.

Nous nous sommes retrouvés entraînés dans un processus de chaos, parce qu’au lieu de résoudre ce problème, au lieu de fournir une protection aux gens qui vivent dans leur maison, au lieu de protéger les industries et d’autres bassins essentiels d’emplois, nous avons laissé s’installer le chaos, sous George W. Bush Jr. et aujourd’hui sous Obama. Et c’est encore le chaos qui règne.

Cependant, en raison de certains développements survenus entre-temps, il n’est plus possible aujourd’hui de faire ce que j’avais proposé en 2007. Nous sommes dans une crise générale qui, par un effet de réaction en chaîne, peut faire sombrer la planète entière. Etant donné que nous avons une quantité colossale de dettes, reposant sur des produits dérivés financiers, qui reposent eux-mêmes sur d’autres produits dérivés financiers, si le processus d’effondrement a lieu, il abattra la planète entière. Ceci pour une raison très simple : auparavant, lorsque nous avions un système d’Etats-nations souverains, jusqu’à 80 % de ce qui était nécessaire à notre survie était produit à l’intérieur du pays.

Avec le processus de mondialisation, nous n’avons plus cette sécurité. La Chine, par exemple, en est la victime. Elle s’est vue offrir la possibilité de produire à meilleur marché que ce qu’il en coûte aux Etats-Unis et elle a supposé que cet arrangement serait stable. Mais depuis peu, avec la chute du dollar américain, avec l’effondrement de l’économie financière des Etats-Unis, une réaction en chaîne a démarré, et la Chine à de bonnes raisons de se demander si elle sera capable de résister à cette explosion sans dommages sérieux.

Deux questions se posent : comment faire face au problème de l’économie, mais aussi comment traiter l’économie mondiale. Car nous devons assurer la stabilité entre certaines nations clés. J’ai identifié quatre nations comme étant absolument cruciales, et devant coopérer, parce que leur coopération, avec d’autres qui les rejoindront, permettra de procéder à la réorganisation de l’économie mondiale, en éliminant les produits financiers dérivés – il faut simplement les annuler, ce n’est que du papier sans valeur. Revenons à la dette honnête des nations, revenons aux critères de banques commerciales et créons du nouveau crédit pour remplacer la vieille dette sans valeur. En émettant du nouveau crédit et en lançant des programmes de production physique dans l’infrastructure et d’autres secteurs, nous pourrions, par accord entre Etats-nations, empêcher un effondrement général et lancer un véritable programme de reprise ordonnée. Ces problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés seraient alors résolus.

Le problème est que le monde est dominé par des intérêts financiers, de nature essentiellement parasitaire. Nos industries, notre agriculture, nos infrastructures sont en déclin, partout au niveau mondial – particulièrement en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest. L’Europe centrale et l’Europe de l’Ouest sont de véritables désastres. Elles n’ont plus de sécurité nationale, ni de sécurité économique, et sont entièrement dominées par le système britannique établi dans le contexte de la chute de l’Union soviétique et de l’économie d’Allemagne de l’Est. A cette époque, les Britanniques ont réussi, avec le soutien de Mitterrand et de George H.W. Bush, alors Président des Etats-Unis, à imposer à l’Allemagne et à d’autres nations d’Europe de l’Ouest ou centrale des conditions destructrices. L’économie de l’Europe occidentale est aujourd’hui en faillite, à un point qui en devient désespérant. Elle pourrait être réorganisée, en suivant une procédure de banqueroute contrôlée, mais aujourd’hui, l’ensemble du système européen est désespérément en faillite – comme bien d’autres dans le monde.

Par conséquent, la tâche, telle que je l’ai définie, est que la Russie, les Etats-Unis, la Chine et l’Inde concluent un accord, en tant que groupe de pays, pour initier et forcer une réorganisation du système financier et de crédit international, par des accords à long terme du même type que ceux que Franklin Roosevelt avait lancés avant sa mort, en 1944, entre les principales nations. L’intention de Roosevelt aurait pu être réalisée dans les années qui suivirent et nous pourrions la réaliser aujourd’hui. C’est notre seule chance : soit nous le faisons, soit nous coulons. Si vous pensez qu’il existe une quelconque possibilité que le système actuel puisse passer l’année qui vient, en tant que système fonctionnel, qu’il n’y aura pas de crise générale, se poursuivant tout en s’aggravant, je peux vous garantir dès à présent qu’il n’y aura pas de reprise économique en aucun endroit de la planète, dans les circonstances actuelles.

Nous allons tout droit vers une désintégration générale, par réaction en chaîne, non pas seulement à cause de cette crise financière particulière, mais à cause de la mondialisation. Parce que dans ces conditions, toute nation est devenue si dépendante des autres que toute maladie économique, toute désintégration économique les emportera toutes, par une réaction en chaîne. A quelle vitesse, nous ne pouvons pas le déterminer à coup sûr. Mais le danger est bien là.

Maintenant, c’est donc une question politique : pouvons-nous réunir les Etats-Unis, avec une Présidence améliorée (et elle en a bien besoin), la Russie, la Chine et l’Inde, en un bloc de pays, chacun ayant des caractéristiques différentes ? S’ils le reconnaissent entre eux, ils s’adapteront les uns aux autres et respecteront les particularités de chacun. Le résultat de cette opération sera l’élimination du système monétaire mondial, qui a dominé la civilisation européenne depuis la guerre du Péloponnèse. Il ne faut pas confondre les systèmes impériaux du monde avec le Royaume-Uni, mais le système britannique est un système impérial. C’est un système impérial à cause du rôle qu’il joue dans le système monétaire international. Il n’existe plus aucune nation qui contrôle sa propre monnaie : nous avons un système monétaire international qui, lui, les contrôle toutes. Si vous contrôlez le marché monétaire, le système monétaire, alors vous contrôlez le monde.

Le système monétaire est aujourd’hui une plaie. Nous devons redonner les rênes des systèmes monétaires aux gouvernements souverains, à commencer par les principaux gouvernements – former une coalition entre ces gouvernements, qui s’accorde sur cette nécessité d’établir un système à taux de change fixes, entre systèmes nationaux souverains et réorganisés autour de leur propre monnaie, de leur propre système de crédit. Ces systèmes de crédit doivent être organisés ; mais, dans le cas de la Chine et d’autres pays, les remèdes qui existent aujourd’hui ne correspondent plus à ceux qui, pensions-nous, existeraient, ou que beaucoup pensaient pouvoir exister, il y a encore quelques années. Nous devons aujourd’hui penser en termes de création de crédit à long terme, à des taux d’intérêt de l’ordre de 1,5 à 2 %, parce que c’est ce dont nous avons besoin pour réaliser ce type de choses. La Chine aura besoin d’un développement à long terme sur 50 ans, pour atteindre l’état auquel elle aspire. D’autres pays sont dans une situation similaire. La plupart de l’Asie du Nord se trouve dans cette situation, de même que la Russie.

Nous devons donc aboutir à une discussion, une discussion honnête, pour déterminer quels sont nos objectifs. Si nous faisons cela, alors nous pouvons survivre.

Pour conclure, concernant le gouvernement Obama : aux Etats-Unis, depuis le mois d’août, nous assistons à un phénomène qui touche environ 80 % de la population, correspondant à ce que décrivait une personne célèbre, Rosa Luxemburg. C’est un phénomène auquel nous avons déjà assisté en Allemagne de l’Est, en particulier en 1989 : il s’agit d’une véritable grève de masse, du type décrit par Rosa Luxemburg. Non pas une grève générale, mais une grève de masse, où la majorité du peuple américain, de façon représentative, descend dans la rue et refuse d’écouter ses propres membres du Congrès, les condamnant en ces termes : « Vous autres membres du Congrès, taisez-vous ! C’est à nous de vous parler maintenant pour vous dire quoi faire ! » C’est cela une grève de masse, comme celle de 1989 en Allemagne de l’Est, une grève de masse du peuple qui se lève, épaule contre épaule, contre l’autorité, et qui dit : « Vous, taisez-vous ! Nous sommes le peuple. Wir sind das Volk ! Nous sommes le peuple. » C’est ce qui se passe aujourd’hui aux Etats-Unis : 80 % de la population en est venue à rejeter le gouvernement Obama.

Soit le gouvernement Obama est transformé et réorganisé, dans sa composition, soit nous aurons vraiment de gros problèmes. Parce que si les Etats-Unis ne sont pas capables de se réorganiser pour accomplir cela, je ne sais pas comment nous pourrons nous en sortir. Je sais qu’il y a un potentiel entre grandes nations ; que le Japon coopérerait, que d’autres nations coopéreraient immédiatement, une fois ce genre de chose lancé. Mais la balle est dans le camp des quatre grandes nations auxquelles j’ai fait référence, qui doivent prendre l’initiative de façon coordonnée. Si elles prennent l’initiative, je sais que le reste du monde suivra. Mais nous devons comprendre que nous sommes des nations différentes, avec des cultures différentes. Par conséquent, si nous parvenons à coopérer, malgré nos différences, alors nous devenons un modèle que le reste du monde peut accepter.

Merci beaucoup.


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