Recherche du bonheur

jeudi 27 mars 2025, par Jacques Cheminade

Tous les mois, retrouvez l’éditorial de Jacques Cheminade pour notre revue Nouvelle Solidarité !

Les enjeux prioritaires aux yeux des Français ? Pouvoir d’achat et inflation, lutte contre l’insécurité et le narcotrafic, immigration, emploi, santé et éducation. Du concret. Cependant, la politique ne consiste pas à prendre ces sujets un à un et à multiplier les sparadraps. Notre responsabilité est d’aller aux causes. En redonnant espérance que notre avenir soit meilleur. Pas en restant aux généralités mais en prenant le taureau de la réalité par les cornes.

Nos responsables politiques nous balancent une « économie de guerre » en jouant sur la peur d’un conflit armé, la peur de l’autre. A l’extérieur, parce que le monde occidental, en plein effondrement de sa pyramide spéculative, veut s’emparer des richesses de ceux qui refusent sa règle du jeu. A l’intérieur, ce capital financier dominant se mobilise contre son propre peuple, sur le dos des femmes et des hommes qui vivent de leur travail.

L’Union européenne d’Ursula von der Leyen entend lever 800 milliards d’euros pour les dépenses militaires, 150 empruntés par l’Europe pour prêter aux Etats membres et 650 mobilisés par les Etats eux-mêmes, dispensés des critères de Maastricht. On fabrique donc bien de l’argent pour la guerre, par l’emprunt, le pillage de l’épargne et le garrot infligé au bien commun. Il n’y en a pas pour l’hôpital et les urgences, pour l’éducation et les étudiants, pour le logement social, les agriculteurs et les PME, mais on en trouve soudain pour la guerre. Contre le service du peuple et la souveraineté nationale.

Le gouvernement Bayrou entend piller les épargnants (petits et moyens) en proposant un fonds de défense de 450 millions d’euros, géré par la Banque publique d’investissement (BPI), chaque Français pouvant participer à partir de 500 euros. Sans garantie sur le capital ni sur le taux de rendement, et bloqué pendant cinq ans. Ce n’est pas tant la somme qui est importante, mais la mise en condition de la population : vous allez pouvoir spéculer comme des grands sur les entreprises du secteur de la défense, dont les actions, comme celles de Dassault ou Thalès, ont vertigineusement augmenté depuis deux mois. Les médias entretiennent ce climat de guerre, alors que la France emprunte déjà 740 millions d’euros par jour sur les marchés financiers. Alors aussi que le narcotrafic prospère dans tout notre pays et qu’on prétend s’y attaquer mais en entretenant ses causes. Sans s’en prendre au blanchiment qui se fait dans la grande lessiveuse d’argent sale, dont le cerveau se trouve à la City de Londres et les diverses émanations dans les cités, les îles et centres américains ou britanniques hors fisc et hors la loi, Dubaï, Hong-Kong, Chypre, le Texas où s’installe Elon Musk, le Delaware de la famille Biden ou les îles Caïman, Vierges et Jersey, sans oublier les confortables coffres du Luxembourg.

Sortie de secours

Revenons à la France : sous perfusion et soumis au privilège exorbitant du dollar, nous pouvons être à tout instant mis en faillite au sein du système occidental, outre le pillage de nos ressources et de notre économie réelle. C’est pourquoi il faut sortir de ce système ! Lorsque le feu commence à prendre dans la maison, il faut se précipiter vers la sortie de secours.

Il est scandaleux de voir l’hebdomadaire Le Point du 20 mars dénoncer comme agents d’influence de Moscou les militaires en retraite et hauts gradés de notre pays, qui tentent de faire entendre une parole de raison et rappellent la doctrine gaullienne du recours à notre force de dissuasion. Elle ne peut être le parapluie d’une Union européenne qui n’est pas une nation mais un conglomérat d’intérêts. Cela montre dans quelle bassesse sont tombés certains, valets plus zélés encore que leurs référents d’outre-Atlantique et d’outre-Manche, qui ont trahi la « recherche du bonheur » inscrite dans la Déclaration d’indépendance américaine du 4 juillet 1776. Même ceux qui, comme Trump, affirment vouloir la paix en Ukraine, sombrent dans les sables mouvants des spéculations insensées sur les cryptomonnaies, à bord du bateau ivre d’argent où se trame la guerre.