Quand le Glass-Steagall frappe à la porte...

mardi 25 juillet 2017

Dans le monde merveilleux des marchés financiers, où tout va pour le mieux et doit aller ainsi à l’éternité, on doit faire de plus en plus d’efforts pour ne pas voir l’énorme éléphant des produits financiers dérivés au milieu de la pièce, et pour ne pas entendre le toc-toc du Glass-Steagall à la porte.

La dette globale américaine (ménages, entreprises et gouvernement) atteint aujourd’hui 375 % du PIB, avec une croissance quatre fois plus rapide que celle du PIB ! « Les soucis se pointent à l’horizon », admet la lettre financière Chapman Report. « Les défaillances s’accumulent, en particulier sur les prêts aux particuliers et aux entreprises, mais également sur les crédits à la consommation en Amérique du nord et en Europe. » La population américaine étant de moins en moins capable de devenir propriétaire, et surtout les jeunes ménages qui croulent sous les crédits étudiants, le secteur immobilier souffre, menaçant de faire éclater une bulle de 11 000 Md$ constituée en grande partie de MBS (« Mortage backed securities », ou titres adossés à des créances hypothécaires). Rien que les 20 banques systémiques de la zone transatlantique détiennent au total 1400 Md$ de ces avoirs. D’après l’agence Moody’s, les défauts sur ces hypothèques sont passés de 4,6 % en septembre 2015, à 5,6 % en septembre 2016, et à 6,4 % en juin 2017. L’éléphant est non seulement énorme, mais il barrit très fort.

Le Parti démocrate US pris à parti sur le Glass-Steagall

Les dirigeants du parti démocrate américain, en pleine crise face à une population rejetant leur posture anti-russe et anti-Trump, se sont sentis obligés hier de tenir une conférence de presse à Berryville, en Virginie, afin d’y présenter un nouveau programme économique : « A Better Deal ». Le leader de la minorité au Sénat Charles Schumer, la sénatrice Elizabeth Warren et la leader de la minorité à la Chambre Nancy Pelosi entre autres, étaient présents, face à 150 journalistes. Le plan en question a brillé par sa pauvreté sur les enjeux économiques, aucun d’entre eux ne mentionnant le retour au Glass-Steagall Act (qui était pourtant dans le programme présidentiel de 2016), la reconstruction des infrastructures, de l’industrie ou du système de santé.

Anita Gallangher, représentante de l’EIR (Executive Intelligence Review, l’hebdomadaire du mouvement de Lyndon LaRouche aux États-Unis) a pris la parole pour dire que « la situation économique est désastreuse, tandis qu’en termes de profits le système financier se porte plutôt bien. Je me demande pourquoi vous ne soutenez pas le rétablissement de la loi Glass-Steagall comme une priorité. C’est une des premières mesures qu’avait prises Franklin Roosevelt. Nous sommes au bord d’une explosion à côté de laquelle le krach de 2008 paraîtra bien pâle. » Charles Schumer, visiblement pris au dépourvu, a tenté de noyer le poisson : « non, non, non... Nous sommes en train de voir ; beaucoup de choses sont sur la table. » Elizabeth Warren, la grande avocate de la séparation bancaire, n’a pas répondu verbalement. Mais le Washington Free Beacon rapporte qu’en l’entendant mentionner le Glass-Steagall, « elle a fait une petite danse d’approbation, ce qui a semblé amuser les autres élus. » Plus tard, hors caméras, le député du Rhode Island David Cicilline, co-sponsor du projet de loi Glass-Steagall à la Chambre, a expliqué qu’il aimerait bien se battre davantage pour cela, mais qu’il n’avait pas le soutien des dirigeants du parti. Plusieurs médias sont immédiatement venus interviewer nos deux collègues d’EIR, dont la radio de New York WNYC et le Winchester Star.

La séparation des banques dans le débat en Suède

La responsable des questions économiques du Parti de gauche suédois Ulla Andersson a lancé un appel à mettre en place une séparation bancaire, et d’autres mesures, afin de protéger les contribuables suédois contre les risques financiers. Dans une tribune intitulée « Les banques géantes mettent la Suède dans une situation très risquée », elle pointe du doigt la taille immense des quatre principales banques suédoises comparée à l’économie du pays : « la Suède a le troisième plus gros secteur bancaire, après la Suisse et les Pays-Bas, en proportion, c’est-à-dire lorsqu’on considère l’ensemble des avoirs des banques par rapport au PIB, » faisant ainsi planer le risque d’une nouvelle crise financière sur l’emploi, les finances publiques et le bien-être général. Andersson explique que les quatre grandes banques contrôlent 70 % de l’ensemble du crédit, et qu’elles sont « liées entre elles par le fait qu’elles détiennent les titres financiers des autres si bien que si une seule d’entre elles a des problèmes, toutes les autres se trouvent automatiquement en danger. »

C’est pourquoi il faut selon elle une loi de séparation des banques, ainsi qu’une enquête publique sur les institutions bancaires afin de déterminer comment casser cet oligopole. C’est exactement ce que réclame en France la pétition que nous vous demandons de signer. Il nous reste une petite semaine pour interpeller les élus avant qu’ils partent en vacance.