Fadwa Barghouti, avocate et épouse du dirigeant palestinien emprisonné, a exhorté Donald Trump à faire pression sur Israël pour qu’il libère son mari, une personnalité essentielle pour la paix et considérée à raison comme le « Mandela palestinien ».
« Monsieur le Président, un véritable partenaire vous attend, celui qui pourra vous aider à réaliser notre rêve commun d’une paix juste et durable dans la région », a déclaré Fadwa Barghouti le 23 octobre au TIME Magazine.
Une semaine plus tôt, dans son entretien au TIME du 15 octobre, Trump avait affirmé : « On me pose cette question [de la libération de Barghouti] environ 15 minutes avant votre appel. C’était la question. C’était ma question du jour. Je vais donc prendre une décision », sans préciser de calendrier. Les Palestiniens « n’ont pas de leader actuellement, a-t-il dit, du moins pas de leader visible. »
Prison et humiliation
Diplômé d’un master en relations internationales à l’Université palestinienne de Birzeit (Cisjordanie), avec un mémoire de recherche consacré à la politique du général de Gaulle au Moyen-Orient, Marwan Barghouti a été plusieurs fois arrêté pour ses activités à la tête d’organisations étudiantes. A 66 ans, il a purge plusieurs peines de prison à perpétuité depuis 2004.
Son procès n’a pas répondu aux standards internationaux : Barghouti et ses éminents avocats – Jawad Boulus, Gisèle Halimi et Daniel Voguet, entre autres – ont plaidé que, selon le droit international, le tribunal du district de Tel-Aviv n’était pas compétent pour juger les faits dont il était accusé.
Pour cette raison, Barghouti a refusé de répondre en détail aux accusations portées contre lui (le meurtre du prêtre Georgios Tsibouktzakis et de quatre autres civils), se cantonnant à répéter sa condamnation des attentats terroristes visant des civils.
De fait, Marwan Barghouti a démontré sa capacité à unir les différents courants palestiniens. Depuis les années 1990, il a fait de la lutte contre la corruption et contre les inégalités femmes-hommes le cœur de son engagement. Leader incontesté du Mouvement des prisonniers, qui regroupe des militants de toutes les factions palestiniennes, il œuvre inlassablement pour une réconciliation nationale. En juin 2006, il initie l’Appel des prisonniers, signé par des militants de toutes obédiences, Hamas et Jihad islamique compris, qui déclare qu’un État palestinien devra être créé « dans les frontières de juin 1967 », ce qui revient à accepter l’existence d’Israël à l’extérieur de ces mêmes frontières.
Toujours détenu quelque part en Israël, Barghouti est régulièrement en tête des sondages pour la présidence de l’Autorité palestinienne. Ce qui n’empêche pas certains ministres israéliens de l’insulter jusque dans sa cellule et de lui faire subir les pires humiliations et d’insupportables violences.
Ainsi, deux prisonniers palestiniens récemment libérés ont révélé que huit membres du personnel de sécurité israélienne l’avaient violenté jusqu’à lui faire perdre conscience, lors d’un transfert de prison le 14 septembre, accusation démentie par les autorités pénitentiaires israéliennes.
Le Congrès juif mondial
Parmi ceux qui exhortent Donald Trump à faire libérer Barghouti, on trouve le milliardaire Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial et allié de longue date de Trump.
Rappelons que dans les années 1970, Lyndon LaRouche et son épouse Helga avaient été reçus à Paris par le président du Congrès juif mondial d’alors, Nahum Goldman, pour discuter du « Plan Oasis », un plan de paix axé sur les infrastructures hydrologiques et énergétiques, au service de toute la région. LaRouche l’avait par ailleurs abordé avec des dirigeants arabes lors d’un voyage en Irak.
« Je pense que le fait qu’il y réfléchisse est un grand pas dans la bonne direction », a déclaré Lauder à TIME.
Interrogé sur les raisons pour lesquelles le gouvernement israélien maintient Barghouti en prison, Lauder a répondu :
Appel de son fils, Arab Barghouti
Le 27 octobre, dans une interview à l’AFP depuis Ramallah, le fils de Marwan Barghouti a exhorté à son tour le président Trump à « saisir l’occasion » créée par la trêve à Gaza pour obtenir la libération de son père et relancer la solution à deux Etats.
« J’espère vraiment qu’il pourra faire cela, faire pression sur les Israéliens pour qu’ils libèrent mon père, car c’est un partenaire pour la paix », a-t-il déclaré, précisant que sa famille « accueille vraiment favorablement » le commentaire de Donald Trump.
Ne restons pas muets
Les pays occidentaux, y compris les États-Unis, « doivent saisir l’opportunité d’avoir un dirigeant palestinien qui est très respecté et digne de confiance et qui a la même vision qu’eux », a-t-il conclu.
Comme le souligne sur sa page Facebook le directeur de l’Humanité Patrick Le Hyaric, la France, où une vingtaine de mairies, en solidarité avec les prisonniers palestiniens et pour favoriser une issue diplomatique au conflit, ont décerné à Marwan Barghouti le titre de « citoyen d’honneur »,
Dans l’immédiat, nous vous invitons à signer l’appel, lancé par Sari Nusseibeh, philosophe et ancien président de l’Université Al-Qods (Jérusalem, Palestine) et Anna C. Zielinska, philosophe du droit et de la morale, maîtresse de conférences à l’université de Lorraine (Nancy). Publié dans le journal Le Monde et signée par un collectif d’intellectuels du monde entier, dont le prix Nobel de littérature sud-africain John Coetzee, l’appel estime la libération de Marwan Barghouti « essentielle » pour avancer vers la paix et une solution à deux États.
Vous pouvez signer cet appel ICI.



